Le lecteur qui reste sur sa faim est un lecteur déçu ; c’est ce qui arrive avec une partie du livre de Nicolas Legendre « Silence dans les champs » (Arthaud, avril 2023). En effet l’auteur a interrogé « Béatrice, Soizic et Frédéric » a propos d’un abattoir « qui n’est pas un petit atelier confidentiel, isolé dans la campagne. C’est, en 2022, l’un des plus importants employeurs bretons tous secteurs confondus. Les conditions de travail d’une partie des salariés et l’état général du dialogue social sur place sont parfaitement connus d’un certain nombre de responsables économiques, syndicaux, administratifs et politiques de la région ».
« Béatrice » évoque d’abord « des accords signés au détriment des salariés, concernant les conditions de travail ou les rémunérations. Ils sont signés parce que certains délégués syndicaux sont des gens un peu manipulables, à qui on offre quelques petits avantages ». « Y a une telle souffrance physique, psychologique. Les gens se font toujours mal, tout le temps. Ici, vous piétinez, vous marchez, vous tirez, vous portez, vous êtes toujours debout », ajoute-t-elle. Selon « Soizic », « tous les mois, deux ou trois salariés sont déclarés inaptes par la médecine du travail, puis licenciés. La plupart du temps, ce sont des maladies professionnelles. C’est les tendons qui lâchent, le coude, les poignets… comme une machine ». Comment la direction parvient-elle à recruter, dans ces conditions ? « La moitié de l’humanité est représentée dans l’usine. Des Roumains, Congolais, Portugais, Polonais, Angolais, Tchèques, etc. Parfois des Asiatiques. Une partie du personnel français expérimenté a fini par démissionner ou par être licencié pour inaptitude. La direction se tourne vers des étrangers qui ont l’avantage d’être moins vigilants sur leurs droits et de moins revendiquer », poursuit-elle. Pour Frédéric, l’explication est simple : « S’ils cassent les salariés comme ça, c’est à cause de la cadence et de la répétition des tâches. Les gens n’ont pas le temps de souffler. J’ai vu des salariés cassés à 40 ou 45 ans. » « Pour les dirigeants, l’intérêt économique et la productivité passent avant l’humain. On a beaucoup de maladies professionnelles, de troubles musculosquelettiques. Ils épuisent les médecins du travail », résume-t-il.
Mais comment s’appelle cet abattoir, « l’un des plus importants employeurs bretons tous secteurs confondus » ? S’agit-il de la Cooperl ? Le n°1 français du porc compte 7 700 salariés et 2 200 éleveurs adhérents. En 2022, la coopérative a réalisé « un résultat positif à 7,3 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros, dont la hausse s’explique par l’envolée du cours du porc (Le Télégramme, vendredi 23 juin 2023). « C’est principalement le soutien de la Cooperl à son maillon élevage qui explique que son résultat net est passé en un an de 19,5 à 7,3 millions d’euros. Dans ce contexte atypique, le groupe porcin a poursuivi sa politique de modernisation de sa trentaine de sites industriels et logistiques. » (Ouest-France, vendredi 23 juin 2023)
Bien entendu, il faut préciser qu’en 2022, la coopérative a produit 5,44 millions de porcs. Comme nous nous devons d’être exacts, si l’abattoir visé par Nicolas Legendre n’appartenait pas à la Cooperl, nous nous empresserions de rectifier l’erreur. Voilà qui devrait rassurer Patrice Drillet, le président de la coopérative, et son service communication.
Bernard Morvan
Crédit photo : L214 – Éthique & Animaux/Wikimedia (cc)
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2 réponses à “Qui est « l’un des plus importants employeurs bretons tous secteurs confondus » ?”
Le statut de « coopérative » apporte une idée de social et protége de tous les contrôles par l’administration gauchiste.
J’y ai vu des manquements caractérisés au droit des sociétés, au droit fiscal, au droit pénal jamais inquiètes.
et surtout ne parlons pas des dommages « collatéraux « écologiques résultant de l’activité de cette coopérative méritante..