Après les émeutes de juin, L’Obs avait eu la bonne idée d’envoyer une journaliste à Pablo-Picasso, le quartier de Nanterre qui s’était particulièrement fait remarquer en ces nuits chaudes. Dans ce long reportage, beaucoup de choses intéressantes. Ainsi à propos du trafic de drogue, Emmanuelle Anizon a pu recueillir nombre d’explications: « Au pied des tours, les « fours », les points de vente de drogue, pullulent. Mais « les patrons ne se tirent pas dessus comme à Marseille, ils se partagent le gâteau ». Comme les choufs – les petits, les guetteurs, les transporteurs à scooter – ne sont plus là depuis qu’ils se battent la nuit, ce sont les plus grands, les « TP », comme on les surnomme (pour « temps plein »), qui assurent majoritairement le service. Eux n’ont pas intérêt à ce que cette guerre, qui dérange leur business, dure trop longtemps. » (L’Obs, 6 juillet 2023). Donc, si on comprend bien, pendant que les « jeunes » pratiquent la guérilla urbaine, les « grands » poursuivent l’activité « commerciale ».
Une autre journaliste a eu la bonne idée d’enquêter sur le lien existant entre les émeutes et le trafic de drogue à Nantes (nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin). A Anne-Hélène Dorison, plusieurs policiers expliquent avoir constaté que les émeutes « se sont étrangement tenues soigneusement éloignées de certains quartiers ». En clair : les cités particulièrement gangrenées par le trafic de stupéfiants n’ont pas été concernées. Ainsi, « les points de deal réputés les plus lucratifs, dans les quartiers Bellevue (côté Nantes) et des Dervallières notamment » n’ont quasiment pas bougé, constate un policier. Dans ces deux cités, les dégâts ont été très limités, au regard de la casse commise en d’autres endroits de la ville, où plusieurs bâtiments se sont embrasés. « Il est impossible de l’affirmer évidemment, mais ces quartiers ont pu être tenus », commente un autre policier ; effectivement les « patrons » ont les moyens de « calmer » les jeunes. « Clairement, des émeutes, c’est des flics en constatation le lendemain, des CRS 24 heures sur 24 au pied des tours et ça, ça stoppe le business. L’argent ne rentre plus. Pour eux, c’est un gros manque à gagner. » Voilà ce que Anne-Hélène Dorizon a entendu au commissariat central de Nantes (Presse Océan, mardi 1er août 2023).
Bernard Morvan
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3 réponses à “A Nantes, les affaires sont les affaires…”
vite, désarmez les policiers et laissez ces djeunes faire un peu d’argent
C’est clair
Il faut bien que le regroupement familial gagne sa vie. Et puis, il a une mission sociale :
fournir du matos à une jeunesse autochtone, désespérée et sans plus aucun repère.