Entretien avec Michel Festivi, auteur du Livre : Miguel Primo de Rivera, un dictateur éclairé pour régénérer l’Espagne : 1923-1930, paru aux éditions Dualpha, préface d’Arnaud Imatz.
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Breizh-info.com : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?
Michel Festivi : J’ai été avocat pendant une quarantaine d’années, mais ma vraie passion a toujours été l’Histoire contemporaine. Je vis, surtout depuis ma retraite, une partie de l’année en Espagne. Outre la rédaction de mes livres, j’ai été correspondant pour l’Espagne pour le journal Présent. Désormais j’écris très régulièrement des articles politiques et historiques pour les sites Eurolibertés, Synthèse Nationale, le Nouveau Présent. J’écris aussi pour le mensuel Lectures Françaises et Reconquête de Bernard Antony. J’ai également commis des articles dans la Revue d’Histoire Européenne, dont le conseiller éditorial est Guillaume Fiquet qui m’a interviewé pour TVLibertés. J’ai fait plusieurs émissions sur Radio Courtoisie avec l’historien Philippe Conrad à propos de mes livres.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a incité à écrire un livre sur Miguel Primo de Rivera, une figure méconnue de l’histoire espagnole ? Il est souvent éclipsé par d’autres figures historiques espagnoles, notamment Franco. Quelle place Primo de Rivera occupe-t-il, selon vous, dans l’histoire espagnole ?
Michel Festivi : Ce livre sur Miguel Primo de Rivera s’est imposé à moi. En effet en 2021 j’ai publié aux éditions Dualpha, un premier livre, Les trahisons des gauches espagnoles 1930-1936, du républicanisme au totalitarisme, et en 2022 L’Espagne ensanglantée, anarchistes, milices socialistes communistes et révolutionnaires 1880-1939. Déjà dans ces deux ouvrages, j’abordais les sept années de ce Régime politique qui avait tant apporté à l’Espagne. De plus 2023 est le centième anniversaire de sa prise de pouvoir en septembre 1923. Du fait de la mainmise des doxas des gauches sur l’université et la vie politique espagnole, Miguel Primo de Rivera est bien oublié aujourd’hui, raison de plus d’évoquer ce personnage singulier et ses actions.
Breizh-info.com : Vous qualifiez Primo de Rivera de « dictateur éclairé » dans le titre de votre livre. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là ?
Michel Festivi : Les sept années du Régime de Miguel Primo de Rivera connurent un développement économique sans précédent, des lois sociales très importantes, un redressement moral et militaire inconnu jusqu’à lors, une flamboyance littéraire et artistique, la mise au pas de la violence anarchiste, et aucune exécution politique. Ce fut véritablement une « dictature » éclairée dans tous les sens du terme, l’Espagne revint dans le concert des nations.
Breizh-info.com : Comment Primo de Rivera a-t-il cherché à « régénérer » l’Espagne ? Pouvez-vous donner des exemples spécifiques de ses politiques ?
Michel Festivi : L’Espagne en 1923 était totalement anémiée. Il se comporta en chirurgien de fer. Grâce à son volontarisme et à des hommes très compétents, il va faire entreprendre des travaux publics et des réformes économiques de très vaste ampleur : routes, barrages hydroélectriques pour l’irrigation et l’électrification du pays, création de la Téléfonica, d’Ibéria, de la Campsa, édification des Paradores, réalisation de deux grandes expositions universelles : celles de Barcelone et Séville en 1929. La croissance économique atteindra des sommets. Il fit beaucoup pour les ouvriers et les employés de conditions modestes par des lois sociales sur la durée du travail, les congés maternités, les fonds de secours, les fonds de retraites, les fonds de pension ; des logements à « bon marché » etc…Il fit organiser des corporations professionnelles pour apaiser les relations du travail et développer les comités paritaires qui statuèrent sur l’amélioration des conditions de travail. L’UGT, le syndicat socialiste sera associé à toutes ces réformes et Largo Caballero, le leader du PSOE, sera nommé Conseiller d’Etat.
Breizh-info.com : Quels étaient les plus grands défis auxquels Primo de Rivera a dû faire face pendant son règne ? Quelle position avait-il par rapport aux régionalismes et aux séparatismes en Espagne ?
Michel Festivi : Plusieurs grands défis seront pris à bras le corps par le Régime. L’instabilité gouvernementale qui était une source d’impuissance absolue pris fin, par un Directoire militaire dès 1923, puis par un Directoire civil en 1925. La violence endémique anarchiste et le séparatisme catalan furent combattus. Et surtout l’Espagne put enfin pacifier le Rif marocain qui lui avait été concédé par la France par des traités internationaux. Primo de Rivera va recréer une prestigieuse académie militaire générale en 1927 à Saragosse. Miguel Primo de Rivera ne concevait l’Espagne que comme une unité de destin. Il mit fin aux troubles en Catalogne. Il supprima l’usage de la langue catalane de toutes les institutions publiques et interdit le drapeau catalan. Il se proclamait hispaniste.
Breizh-info.com : Les actions de Primo de Rivera ont-elles influencé l’Espagne contemporaine ? Comment l’héritage de Primo de Rivera est-il perçu en Espagne aujourd’hui ?
Michel Festivi : Les deux grandes expositions universelles de Séville et de Barcelone ont remodelé ces deux villes et les infrastructures de ces expositions existent toujours. Les Paradores se perpétuent et ont permis une extension considérable du tourisme après-guerre. Les routes nationales ont été créées sous Primo de Rivera, idem pour la plupart des barrages hydroélectriques, notamment sur l’Ebre. L’académie militaire de Saragosse, la plus prestigieuse d’Espagne qui avait été supprimée en 1931 par la IIème république a été réhabilitée. Malheureusement, l’action de Miguel Primo de Rivera est bien oubliée aujourd’hui en Espagne comme me l’a confirmé Luis Pio Moa, que je suis allée interroger chez lui à Madrid, lors de la sortie en France, Des mythes de la guerre d’Espagne, interview qui est parue dans la RHE de février, mars et avril 2023.
Breizh-info.com : Avez-vous rencontré des difficultés pour écrire de manière objective sur un personnage aussi controversé que Primo de Rivera ?
Michel Festivi : Je n’ai pas rencontré de difficultés particulières pour écrire cet ouvrage. En réalité très peu de choses ont été écrites en France sur ce personnage et ce Régime, sinon très souvent des banalités affligeantes. Je tiens à souligner par exemple, la politique très philosémite de Miguel Primo de Rivera, qui par un décret de 1924, va octroyer aux descendants des juifs séfarades expulsés d’Espagne en 1492, la nationalité espagnole, ce qui permettra au Régime franquiste de sauver des milliers de juifs, des griffes des nazis pendant la seconde guerre mondiale, ce qui est très peu connu voire nié. Enfin je voudrais remercier l’Historien français Arnaud Imatz, qui a rédigé une introduction remarquable à l’ouvrage de Luis Pio Moa qui est paru l’an passé en France, d’avoir accepté de préfacer mon livre.
Propos recueillis par YV
Photo d’illustration : DR
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2 réponses à “Michel Festivi : « Durant les 7 années du régime de Miguel Primo de Rivera, l’Espagne revint dans le concert des nations » [Interview]”
» la politique très philosémite de Miguel Primo de Rivera, qui par un décret de 1924, va octroyer aux descendants des juifs séfarades expulsés d’Espagne en 1492, la nationalité espagnole, ce qui permettra au Régime franquiste de sauver des milliers de juifs, des griffes des nazis pendant la seconde guerre mondiale, ». Les trente deniers à payer pour pouvoir s’exprimer.
Vous méconnaissez l’histoire. Lorsque les militaires espagnols reprirent pied au Maroc vers 1860 ils furent assaillis par des juifs qui parlaient un vieil espagnol, qui portaient des patronymes espagnols et qui martyrisés par les musulmans demandèrent aux militaires de les protéger. De là s’en suivi un mouvement de retour des séfarades vers la mère patrie. Ce sont bien souvent des conservateurs, des futurs défenseurs du mouvement national et même des futurs fascistes qui prirent faits et causes pour ces séfarades qui comme dhimmis étaient relégués en terre d’Islam. Franco fut d’ailleurs et avec d’autres un fervent défenseur de ces séfarades. Ne soyez pas manichéen et lisez mon livre pour en savoir plus. La droite conservatrice et militaire espagnole fut philosetime et ce fut son honneur.