Le Sénégal lance un plan décennal de lutte contre l’émigration irrégulière, visant à réduire la fuite de ses habitants vers l’Europe, dans un contexte où les départs augmentent vers les Canaries. Le gouvernement appelle ainsi à rompre avec l’idée d’un « Eldorado fantasmé ».
Le Sénégal veut lutter contre les départs vers l’Europe
Pendant que certains pays européens tentent de lutter contre l’immigration clandestine, le Sénégal entend désormais pour sa part s’attaquer au phénomène de l’émigration. Ces derniers jours, plusieurs médias dont la chaîne de télévision Africanews se sont faits l’écho de l’ambition du gouvernement sénégalais de réduire le départ de ses habitants vers l’Europe dans un contexte où la route migratoire des Canaries a vu le nombre de traversées depuis les côtes africaines augmenter ces dernières semaines.
Jeudi 27 juillet, le ministre sénégalais de l’Intérieur Antoine Felix Abdoulaye Diome a présenté un plan de lutte contre le phénomène sur dix ans. Ainsi, cette Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière (SNLMI) vise « à réduire drastiquement le phénomène à l’horizon 2033 » selon le ministre.
En pratique, la SNLMI doit s’articuler autour de cinq axes que seront la prévention, la gestion des frontières, des mesures de répression (contre les convoyeurs), des mesures d’aide, d’assistance et de protection et enfin le retour et la réinsertion des migrants.
L’émigration irrégulière, « un phénomène multidimensionnel »
Si le coût total du dispositif n’a pas été révélé par les autorités sénégalaises, ces dernières ont toutefois précisé que le financement proviendrait du budget national ainsi que de « partenaires extérieurs ».
Par ailleurs, le média Sene.News a rapporté le 27 juillet les propos tenus à Dakar par le Premier ministre sénégalais Amadou Ba lors de son allocution, celui-ci estimant que le Sénégal « devait reconnaître que l’émigration irrégulière est un phénomène multidimensionnel, dont les causes sont complexes et diverses. La pauvreté, les conflits, les persécutions, les catastrophes environnementales, les inégalités et l’absence d’opportunités économiques sont autant de facteurs qui poussent certaines personnes à risquer tout pour chercher une vie meilleure ailleurs. »
L’État d’Afrique de l’Ouest bordant l’océan Atlantique n’est cependant pas qu’un pays de départ car, comme l’a rappelé Amadou Ba, « le Sénégal est aussi un pays d’accueil et de transit en matière de migration. En raison de sa position géographique, sa stabilité politique et son niveau de développement économique, notre pays attire des migrants venant de différentes régions de l’Afrique de l’ouest, notamment. »
À ce titre, le Sénégal, toujours selon son Premier ministre, voit arriver des migrants « qui cherchent à s’établir et à s’intégrer dans le pays », et ce, « temporairement ou de manière permanente ».
Des départs liés à « un Eldorado fantasmé »
En ce qui concerne la hausse des départs par voie maritime depuis les côtes sénégalaises vers l’archipel espagnol des îles Canaries, le ministère sénégalais des Affaires étrangères a indiqué que 260 de ses ressortissants ont « été secourus dans les eaux territoriales marocaines » entre le 28 juin et le 9 juillet derniers.
Au cours de la journée du 19 juillet, 82 migrants clandestins eux aussi partis du Sénégal étaient repêchés par des sauveteurs espagnols au large des Canaries tandis que 41 clandestins ayant également pris la mer depuis le littoral sénégalais étaient parvenus à débarquer sur une plage de Tenerife la semaine précédente.
De son côté, le journal sénégalais Sud quotidien a cité le 25 juillet les chiffres communiqués par le porte-parole du gouvernement sénégalais, Abdou Karim Fofana : depuis le début d’année 2023, « la division nationale contre le trafic illicite de migrants » aurait « interpellé 530 personnes, déféré 47 convoyeurs et saisi 9 pirogues et 5 moteurs ».
En parallèle, au cours de ce premier semestre 2023, la gendarmerie nationale sénégalaise aurait interpellé « 195 candidats à l’émigration irrégulière dont 173 Sénégalais, 22 étrangers et 27 convoyeurs ».
Abdou Karim Fofana a également annoncé que 478 migrants sénégalais dont les embarcations ont été arraisonnées au Maroc et en Mauritanie vont être rapatriés.
Le porte-parole du gouvernement sénégalais a par ailleurs estimé «qu’une personne qui peut dépenser des millions, pour aller à l’émigration a de quoi commencer une activité décente et rentable au Sénégal ». « C’est vrai qu’il y a des causes économiques mais nous avons aussi des causes sociologiques à prendre en compte, qui sont liées à un Eldorado fantasmé du fait des images renvoyées par nous-mêmes, par certains médias », a enfin déploré Abdou Karim Fofana.
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6 réponses à “Sénégal. Le gouvernement présente un plan pour lutter contre l’émigration irrégulière”
Je veux réussi chez moi
Réussi chez moi c’est très important pas de travail chez moi
Je cherche à travailler pour mon pays
Vue la hauteur des prises de décisions sur les commentaires joints, et la teneur des sincères prises de décision spécifiées dans cet article par les personnes concernées, je leur repondrais en toute quiétude : <>
MERCI à BREIZH de jouer du bistouri censure !…. :
Non pas que je n’ai pas apprécié, mais il y a d’autres moyens de sauver la France que de se cloitrer dans un vocabulaire qui ne veut rien dire ….
Travailler pour mieux vivre chez moi sans doute