Face à une pénurie criante de travailleurs saisonniers, qui pèse lourdement sur les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie-restauration sur l’ensemble du territoire français, le gouvernement a dévoilé un plan;
Ce programme sur 3 ans (2023-2025) est conçu pour pallier les tensions intensifiées par la crise sanitaire et revigorer le recrutement saisonnier. En effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 150 000 postes de saisonniers vacants l’an dernier, seule la moitié a été pourvue.
Ce plan, centré sur trois axes clés, la formation, le logement et l’accompagnement, a été présenté ce mercredi 31 mai par les ministres Olivier Dussopt et Olivia Grégoire. Il met en lumière leur stratégie pour combler les quelque 75 000 postes saisonniers encore vacants à l’approche de la saison estivale, mais aussi à un an des Jeux olympiques.
Les candidats rassurés par les nouvelles mesures présentées ci-dessous peuvent dès aujourd’hui postuler ou envoyer leur CV et leur lettre de motivation de candidature spontanée.
La problématique du logement des travailleurs saisonniers
Le logement est l’une des principales difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs saisonniers. Les candidats potentiels sont nombreux à refuser des offres d’emploi en raison du manque d’options de logement abordables, notamment dans les zones touristiques où les prix sont souvent exorbitants.
Pour remédier à cette situation, l’une des initiatives du gouvernement est de lancer une plateforme en ligne pour « rassembler toutes les offres de location destinées à ces travailleurs, dans les parcs publics, associatifs et sociaux ».
Un objectif a été fixé : la mise à disposition de 6000 lits pour les travailleurs saisonniers d’ici à 2025, notamment en utilisant les internats universitaires et scolaires vides pendant les vacances. Dès cet été, 1300 chambres universitaires et 1000 nouveaux logements agréés seront ouverts aux saisonniers à la recherche d’un logement.
Le gouvernement entend également encourager les propriétaires privés à mettre leurs logements en location. Un dispositif fiscal d’exonération de l’impôt sur les revenus de la location d’un logement à un saisonnier est prévu et sera prolongé jusqu’en juillet 2024.
Un budget de 10 millions d’euros par an pour la formation
Dans le but d’attirer, d’accueillir et de retenir des talents dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, le gouvernement a annoncé une enveloppe de 10 millions d’euros par an dédiée spécifiquement à la formation des saisonniers.
En effet, comme le souligne Laurent Barthélémy, président de la branche saisonnier à l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), le plus grand défi réside dans le manque de salariés qualifiés que le secteur a perdu et n’a pas réussi à retrouver.
L’initiative du gouvernement a donc pour but de donner à ces métiers de vraies perspectives de carrière et de développement. Le budget de formation sera utilisé pour des formations courtes visant à acquérir les compétences de base, mais aussi pour des formations plus longues, permettant aux saisonniers de monter en grade d’une saison à l’autre.
L’importance de fidéliser et d’accompagner les saisonniers
Le constat du gouvernement est que « les saisonniers ne sont pas suffisamment accompagnés à la sortie » de leur emploi. Par conséquent, l’un des principaux défis à relever est l’inactivité de ces travailleurs pendant l’intersaison.
Il est devenu indispensable de fidéliser les saisonniers, qui changent souvent d’emploi d’une saison à l’autre, et dont la moitié ne rempile pas à l’année suivante. L’une des solutions proposées serait de leur offrir aux saisonniers des contrats hors saison.
Pour résorber ce problème, les ministères envisagent d’améliorer l’accompagnement avec l’aide de Pôle emploi, des missions locales et des employeurs. L’objectif est de rencontrer les saisonniers pour leur proposer des formations et des emplois après l’été. Cette « offre systématique d’accompagnement » sera d’abord expérimentée dans une quinzaine de sites, avant d’être élargie progressivement si le bilan s’avère positif.
Le ministère du Travail précise cependant qu’il n’a pas l’intention de modifier les règles de l’assurance chômage mises en place en 2019, qui pénalisent les demandeurs d’emploi alternant chômage et activité, y compris les saisonniers.
Les initiatives mises en place pour loger les saisonniers en BretagnE
Une série d’initiatives ont été mises en place dans les communes bretonnes pour faire face à la pénurie de logements pour les travailleurs saisonniers.
En début d’année, le maire de Damgan, Jean-Marie Labesse, a lancé un appel aux propriétaires de biens immobiliers, les encourageant à proposer une chambre à louer pour les saisonniers. En échange, la municipalité s’engage à prendre en charge la sélection des logements et des locataires, ainsi que toutes les démarches administratives liées à la location.
L’agglomération de Lannion, de son côté, offre depuis deux ans des subventions à des propriétaires pour les aider à aménager des logements pour les travailleurs saisonniers. Ce dispositif appelé « Un toit pour un emploi » vise à faciliter l’accès au logement pour les saisonniers et les personnes en CDD ou en période d’essai dans la région.
Les propriétaires qui reçoivent cette aide sont ensuite épaulés dans la recherche de locataires et la gestion des éventuels problèmes qui peuvent survenir. Pour inciter davantage de propriétaires à rénover leurs logements, la mairie de Lannion octroie aussi des aides à la création de logements pour saisonniers, soit 60 % des coûts dans une limite de 4000 euros par hébergement.
Enfin, face à la hausse des prix pendant la période estivale, les campings sont également contraints de s’adapter. Certains, comme le camping de Kersily, mettent à disposition des mobil-homes pour leurs employés. À Quiberon, le camping municipal a même mis en place des bungalows pour loger les saisonniers des autres établissements de la presqu’île.
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