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Chantier du TGV Lyon – Turin : le projet controversé décrypté

Deux fois plus grand que le tunnel sous la Manche : avec ses 57 kilomètres creusés sous les Alpes, le tunnel ferroviaire Lyon-Turin approcherait le coût faramineux de 26 milliards d’euros. Mais où trouver les financements en ces temps de crise ? Pourtant, le chantier a déjà commencé. « Pièces à conviction » met en lumière l’intense lobbying des géants du BTP et de certains élus locaux pour que ce projet titanesque aboutisse.

C’est une zone ultra-surveillée aux pieds des Alpes.

Pour « Pièces à conviction », Ghislaine Buffard a réussi à se rendre, après plusieurs passages à des check-points aux allures militaires, dans cet endroit hyper-sécurisé : le chantier du gigantesque tunnel Lyon-Turin. Grâce à 57 kilomètres de voies creusées sous le massif alpin pour les trains, le tunnel doit relier la France à l’Italie à grande vitesse. Une centaine de soldats sont déployés sur le site 24 heures sur 24 depuis que des opposants ont voulu investir l’endroit. En Italie, les opposants ont déclaré la guerre au chantier. Côté français, le consensus a prévalu pendant longtemps. Mais voilà, son coût estimé entre 26 et 30 milliards d’euros commence à faire polémique. Personne ne sait aujourd’hui où trouver les milliards du Lyon-Turin. Pourtant, même sans financement, les travaux ont déjà commencé. Combien la France va-t-elle payer pour ce projet faramineux ? La France, l’Italie et l’Union européenne vont se partager l’addition du tunnel : 40% pour l’Europe, 35% pour l’Italie et 25% pour la France.

Pourquoi un tel investissement ?

Pour les défenseurs du projet, le gain de temps est un des arguments prioritaires. Hubert du Mesnil, le grand patron du projet, parle d’un « temps de parcours Paris-Milan de 4 heures au lieu des 7 heures actuelles ». Un argument balayé d’un revers de la main par les opposants au tunnel. L’argument environnemental Chaque année, 2,5 millions de poids lourds empruntent les routes entre la France et l’Italie. Pollution, nuisances sonores, accidents : une liaison ferroviaire entre Lyon et Turin pourrait les éviter. Celle-ci existe déjà pour les camions grâce au ferroutage créé en 2003 au tunnel du Fréjus, creusé sous le Mont-Cenis. Mais il tourne au ralenti : il n’engrange qu’un seul pour cent du trafic.

Alors, pourquoi construire un deuxième tunnel ?

La Cour des comptes pointe le dérapage des coûts En 2002, le projet de tunnel était chiffré à 12 milliards d’euros, puis l’addition est montée à 20, et 24, pour finalement dépasser les 26 milliards en 2012, et la facture pourrait encore s’alourdir, selon un rapport de la Cour des comptes. La note risque d’être salée. Trente ans après son lancement, on ne sait toujours pas comment financer ce projet pharaonique, résultat du lobbying de grands groupes du BTP et de certains élus locaux, parfois au mépris de la loi. L’inauguration du tunnel est prévue en 2030. Ce projet va-t-il nous mener droit dans le mur ? L’intérêt public d’un tel ouvrage est-il incontestable ?

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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4 réponses à “Chantier du TGV Lyon – Turin : le projet controversé décrypté”

  1. TILQUIN dit :

    La filière « béton » représente le troisième secteur industriel français le plus polluant en CO2 après le secteur « chimie ».
    Légitime de se demander si réduire le CO2 des camions sera compensé par le potentiel ferroutage de cette nouvelle ligne….
    Pourquoi ne pas avoir rénové/optimisé au maximum les lignes existantes et les adapter aux besoins actuels ?

  2. ubersender dit :

    N’oublions pas que sur les « 40% » attribués en charge à l’ « Europe », une partie revient en réalité à charge des états membres, sachant que, pour la France, « contributeur net », sur les 21 milliards alloués annuellement au budget européen, 13 lui reviennent sous forme de subventions diverses et variées ; 8 passent en « pertes et profits » comme, par exemple, les aides à la Pologne qui rénove son parc aéronautique militaire par l’achat de F16 américains … ou développe ses infrastructures autoroutières en réservant ses marchés aux entreprises chinoises !

  3. patphil dit :

    combien d’années pour ne pas avoir terminé l’ouvrage ?
    les écolos toujours contre tout, sont contre ce projet de transport par train, je ne comprends plus rien du tout, m’aurait on menti?

  4. Pierre Lambert dit :

    Personne ne parle de l’économie d’énergie réalisée en supprimant la rampe de 30/1000…c’est pourtant primordial !

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