A la découverte des péplums patriotiques Italiens

Le cinéma des frères Lumière parvient en Italie en 1896. C’est dans ce pays que naît l’industrie cinématographique, avant les États-Unis ou la France. Des films historiques y prônent l’identité nationale à travers des personnages (Scipion l’Africain…) ou des faits historiques (l’éruption du Vésuve).

Trois de ces films (Les Derniers Jours de Pompéi, Cabiria et Scipion l’Africain) viennent d’être édités en DVD. Pour exalter le peuple romain et ses conquêtes en Afrique, ces trois films respectivement sortis en 1913, 1914 et 1937 n’hésitent pas à dénigrer les peuples orientaux.

Les derniers jours de Pompéi

LES DERNIERS JOURS DE POMPEI

Pompei, en 79, peu de temps avant l’éruption. Glaucus (Ubaldo Stefani), un riche notable, achète Nidia (Fernanda Negri Pouget), une jeune esclave aveugle, pour la délivrer des maltraitances de son propriétaire. Nidia tombe amoureuse de Glaucus, lequel aime Jone (Eugenia Tettoni Fior). Mais Arbace (Antonio Grisanti), le fourbe grand prêtre égyptien du temple d’Isis, use de stratagèmes pour la conquérir. Lorsque Nidia demande à Arbace une potion d’amour pour la faire boire à Glaucus, il lui remet, à la place, un poison qui rend fou. Disciple d’Arbace, Apoecides menace de révéler ses mauvaises actions. Arbace le tue et accuse Glaucus du crime. Il enferme également Nidia dans une cave pour l’empêcher de parler. Glaucus est condamné à être jeté aux lions. Découvrant la vérité, la foule décide que c’est Arbace qui doit être jeté aux lions. Commence alors l’éruption du Vésuve. Arbace parvient à d’enfuir mais est écrasé par la chute d’une colonne. Glaucus retrouve alors ses esprits. Nidia, parce qu’aveugle, trouve son chemin dans l’obscurité causée par la pluie de cendres, conduit Glaucus et Jone en sécurité et trouve la paix en se noyant… Les Derniers Jours de Pompéi (Gli Ultimi giorni di Pompei) est un film italien muet réalisé par Mario Caserini et Eleuterio Rodolfi, sorti en 1913. Les scénaristes adaptent le roman d’Edward Bulwer-Lytton. Mais au lieu d’être un démocrate athénien, Glaucus devient un romain impérialiste. De plus, contrairement au roman, les romains ne montrent pas de signes de décadence. Ce film dénigre l’égyptien Arbace, fourbe et violeur. Cet oriental est le seul mort que l’on voit à l’écran. N’oublions pas que l’Italie avait conquis la Lybie en octobre 1911. Ce long film de 106 minutes contient deux scènes pour l’époque spectaculaires : les jeux du cirque et l’inévitable éruption du Vésuve.

cabiria

CABIRIA

Jeune sicilienne rescapée d’une éruption de l’Etna, Cabiria (Lydia Quaranta) est enlevée avec sa nourrice par des pirates phéniciens. Sur un marché d’esclaves, elle est achetée par le grand prêtre de Baal pour être sacrifiée au dieu Moloch. La nourrice avertit Fulvio Axilia (Umberto Mozzato), espion de Rome à Carthage. Avec Maciste (Bartolomeo Pagano), son serviteur noir, il délivre Cabiria. Pendant qu’Annibal traverse les Alpes avec ses éléphants, Cabiria est recueillie par la reine de Numidie. Maciste est réduit en esclavage. La flotte romaine est détruite à Syracuse par les miroirs d’Archimède. Dix ans s’écoulent. Cabiria est devenue une belle jeune fille. Fluvio Axilia parvient à libérer Maciste et l’armée de Scipion entre à Carthage. Cabiria retrouve ses parents et épouse Fluvio… Réalisé en 1914 par Giovanni Pastrone, Cabiria marque un tournant dans l’Histoire du cinéma. C’est le premier long métrage à utiliser le travelling. Le film Cabiria a influencé de nombreux cinéastes, notamment D.W. Griffith. Authentique chef d’œuvre au budget colossal, son succès fut considérable. Cette vaste fresque d’une durée de trois heures retrace la Deuxième Guerre punique (IIIe siècle avant J.C.). La victoire contre la Turquie en Libye (1911-12) raviva en effet en Italie l’impérialisme. Poète nationaliste, Gabrielle d’Annunzio signe le scenario et rédige les intertitres du film. Dans sa présentation du film, il explique que « l’époque historique dont ici sont recueillies et reliées à une fiction aventureuse certaines grandes images, donne sa force au spectacle le plus tragique que la lutte des races ait donné au monde… Semblable à sa rude toge, l’âme de Rome n’est gonflée que de volonté hostile et intrépide ». Les chefs carthaginois, mis à part Hannibal, sont fourbes. Leur religion est sanguinaire. Le personnage de Maciste, avec sa force herculéenne, sera repris dans des dizaines de films. On peut même se demander si Mussolini ne s’est pas inspiré des postures physiques de Maciste.

Scipion l_______________________________'africain

SCIPION L’AFRICAIN

En 205 avant JC, la foule romaine se presse sur le forum romain pour apprendre les résultats des élections consulaires. Au sénat, les débats font rage. Scipion (Annibale Ninchi), le conquérant de l’Espagne, l’homme providentiel sauveur de la patrie, s’oppose avec emphase aux sénateurs. Désigné par tirage au sort comme chef des opérations militaires en Afrique, il sort sous les acclamations du peuple qui fait alors le salut romain. Dans le camp carthaginois, le borgne Hannibal (Camillo Pilotto) promet de payer tous ceux qui désirent quitter son armée, mais il les fait massacrer par sa cavalerie numide. Scipion organise l’expédition en Afrique. Il y remporte la bataille de Zama, malgré la terrible charge des éléphants d’Hannibal… Scipion l’Africain (Scipione l’africano) est un film italien réalisé par Carmine Gallone en 1937. Il raconte l’histoire de Scipion l’Africain, lors de la fin de la Deuxième Guerre punique. Son ennemi, Hannibal, est montré comme un barbare borgne et haineux.  Les soldats carthaginois sont intéressés par l’argent. Produit juste après la conquête de l’Ethiopie par Vittorio Mussolini (fils du Duce), il célèbre cette victoire et justifie les volontés expansionnistes du régime. Filmé en contre plongée, le menton en avant, l’acteur Annibale Ninchi s’inspire des mimiques et des intonations du Duce. Ce film bénéficie d’importants moyens : notamment 6000 figurants et des dizaines d’éléphants pour reconstituer la bataille de Zama. Mais ce film qui devait symboliser le régime fasciste ne contient que deux scènes grandioses : l’ouverture sur le Forum Romanum et la scène finale de la bataille de Zama. Entre ces deux scènes se succèdent des séances de comique troupier ou mélodramatiques peu intéressantes. Il remporta cependant le grand prix du festival de Venise (appelé Coppa Mussolini). C’est naturel pour ce film qui exalte le patriotisme et le culte du chef providentiel.

Ces trois films (Les Derniers Jours de Pompéi, Cabiria et Scipion l’Africain) sont disponibles chez Bach films, au prix de 15 euros chacun.

Dans chaque DVD, le film est présenté par Jean A. Gili, spécialiste du cinéma italien. Son exposé insiste sur les aspects artistiques et propagandistes.

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