Chef d’œuvre de la bande dessinée médiévale-fantastique, la série Le Mercenaire vient enfin d’être rééditée en intégrale.
Dans une grande vallée nichée dans les nuages, surplombant l’Espagne à l’époque dominée par les maures, une civilisation est restée à l’écart du monde. Dans un palais, les moines de l’Ordre du Cratère, dirigé par le Grand Lama, conservent les écrits de toutes les cultures des différentes civilisations, afin d’éviter qu’elles ne disparaissent. Un Mercenaire, revêtu d’une armure de fer et chevauchant un dragon volant, mène pour leur compte de périlleuses missions. Il recherche ainsi les survivants du peuple des atlantes et découvre les vestiges de la mythologie grecque. Il se porte également au secours de jeunes et belles jeunes femmes qui, venant de s’enfuir en montgolfière d’un harem, sont pourchassées par un cruel sultan…
Le Mercenaire (El Mercenario), série de bande dessinée espagnole créée en 1981 par Vicente Segrelles, reste la plus captivante du genre médiéval fantastique.
Parue en premier lieu dans le journal espagnol Cimoc n° 1 de mars 1981, puis en France dans le journal Circus, elle est éditée par Glénat, de 1982 à 2004, en quatorze tomes. Toutes les aventures du Mercenaire, qui étaient introuvables, viennent de sortir en intégrale.
Vicente Segrelles nait à Barcelone le 9 septembre 1940. Son père est passionné de peinture et d’inventions, et son oncle est un célèbre illustrateur et aquarelliste. En 1960, Vicente Segrelles illustre L’Odyssée et L’Iliade d’Homère. En 1970, il abandonne la publicité et se consacre exclusivement à l’illustration. Il se spécialise dans les thèmes fantastiques et de science-fiction. En 1980, attiré par la bande dessinée, Segrelles crée Le Mercenaire, publié dans quatorze pays, et connait ainsi le succès.
Vicente Segrelles crée un monde dans lequel, autour de l’an mille, le réel et l’imaginaire se mêlent de manière sans cesse surprenante. Il s’amuse à imaginer que de nombreuses légendes médiévales et contes populaires, aussi bien en Occident qu’en Orient, sont dus à l’apparition des habitants et dragons du monde des nuages.
Il crée un héros, le Mercenaire, honnête, fidèle à ses promesses et d’une grande droiture morale. Dans les premiers tomes, le Mercenaire lutte le plus souvent contre Claust, un alchimiste rusé et ambitieux qui a volé au Grand Lama la formule de la poudre à canon. Mais il bénéficie des inventions d’Arnoldo de Vinci, membre de l’Ordre, lui permettant de mener ses missions à bien. Il reçoit également l’aide de Nan-Tay, une jeune et belle guerrière chargée de la sécurité et de la protection de l’Ordre du Cratère. Au fil de ses aventures, il part à la recherche des atlantes. L’imagination débordante de Segrelles n’a alors plus de limites. On découvre en effet que le peuple de l’Ordre du Cratère vient de la planète Geos !
Les bédéphiles y verront de nombreux points communs avec la célèbre série Thorgal : un guerrier viking issu du peuple atlante, et venu sur terre à bord d’un vaisseau spatial, lutte contre la folie des dieux nordiques et des hommes pour préserver sa famille. Alors que la série Thorgal cède fréquemment au politiquement correct, celle de Segrelles, nettement moins connue malgré une qualité artistique supérieure, n’est pas du tout dans la même veine idéologique. Segrelles dénonce la cruauté du sultan, prône la conservation des différentes cultures et, surtout, présente des femmes sous un jour qui ferait hurler les féministes.
Par sa technique picturale originale, Vicente Segrelles nous offre des dessins réalistes d’une qualité rare. Il utilise la peinture à l’huile, procédé peu courant dans le monde de la bande dessinée. Les lecteurs des années 1980 n’avaient pas oublié son dessin en couleurs directes, plein de charme, croquant à merveille des dragons volants, des chevaliers en armures et de belles jeunes femmes partiellement dénudées. Mais la colorisation à la main lui demande beaucoup de temps. C’est pourquoi, à partir de 1998, Segrelles utilise l’outil informatique pour le dessin et les couleurs.
La qualité de cette réédition en intégrales est à l’image de l’œuvre magnifique de Vincente Segrelles.
Kristol Séhec
Le Mercenaire, trois intégrales, 256 pages chacune, 35 euros chacune. Editions Glénat.
Illustrations : DR
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2 réponses à “Le Mercenaire, chef d’œuvre de la bande dessinée médiévale-fantastique”
Je ne suis pas du tout amateur de b.d. – mais comment résister à ce fantastique illustrateur ? Heureux de savoir qu’une nouvelle génération va pouvoir le découvrir !
Lecteur de la première heure, je suis heureux d’apprendre cette bonne nouvelle.