Face à une hausse record de l’immigration au Royaume-Uni, le gouvernement britannique a décidé de limiter le regroupement familial pour les étudiants étrangers, en supprimant le droit pour certains de faire venir des membres de leur famille.
Regroupement familial : le Royaume-Uni revoit sa copie
Confronté à une très forte hausse du nombre de visas délivrés par le ministère britannique de l’Intérieur aux personnes à charge des étudiants étrangers de troisième cycle en l’espace de quatre ans, passant de 12 806 en 2018 à 135 788 en 2022, le Royaume-Uni entend désormais serrer la vis.
Le gouvernement britannique a ainsi annoncé mardi 23 mai son intention de limiter le regroupement familial pour les étudiants étrangers vivant dans le pays. Avec cette nouvelle mesure, Londres ambitionne donc de réduire l’immigration, qui a atteint des records l’an dernier. La ministre britannique de l’Intérieur, Suella Braverman, a fait savoir le même jour que le pays allait désormais supprimer le droit pour certains étudiants étrangers de faire venir des membres de leur famille au Royaume-Uni.
Cette mesure cible les étudiants en master et au-delà, à l’exception de ceux qui suivent des programmes de recherche et des doctorants. Elle entrera en vigueur en janvier 2024. Jusqu’à présent, les règles en vigueur permettaient aux étudiants suivant des cours d’une durée d’au moins neuf mois de faire venir leur conjoint et leurs enfants au Royaume-Uni.
1,2 million de migrants en 2022
L’annonce de cette nouvelle mesure intervient dans un contexte où l’immigration a pris des proportions inédites ces derniers mois outre-Manche. Pour rappel, la migration nette au Royaume-Uni pour la période s’étendant de juillet 2021 à juin 2022 a dépassé le demi-million, atteignant les 504 000 individus.
Et la récente publication, le 25 mai dernier, des chiffres officiels de l’immigration pour l’année 2022 par l’Office for National Statistics (« Bureau de la statistique nationale » en français) a fait état d’une migration nette de 606 000 personnes en 2022, battant ainsi un nouveau record. Au total, 1,2 million de personnes sont arrivées au Royaume-Uni l’année dernière quand, dans le même temps, environ 600 000 individus le quittaient.
Sur ces quelque 1,2 million de migrants, la grande majorité des arrivants – 925 000 – étaient des ressortissants de pays non membres de l’UE, dont environ 1 sur 12 était un demandeur d’asile. Fait notable, c’est la première fois que l’ONS indique cette dernière information dans sa publication.
Une hausse de 750 % du nombre de personnes à charge
Dans un communiqué publié le 23 mai, le gouvernement britannique a déclaré que ces « nouvelles restrictions imposées […] en matière de visas étudiants permettront de réduire l’immigration tout en protégeant les avantages économiques que les étudiants apportent au Royaume-Uni ».
Cette mesure a notamment pour objectif d’interdire « aux personnes d’utiliser un visa étudiant comme moyen détourné de travailler au Royaume-Uni », rappelons au passage que près d’un demi-million de visas d’étudiants ont été délivrés l’année dernière, tandis que « le nombre de personnes à charge d’étudiants étrangers a augmenté de 750 % depuis 2019, pour atteindre 136 000 personnes », soit le chiffre mentionné précédemment.
Par ailleurs, si l’exécutif britannique a réaffirmé « son engagement en faveur de la stratégie d’éducation internationale », cela ne doit pas « se faire au détriment de l’engagement pris par le gouvernement envers le public de réduire l’immigration globale et de veiller à ce que l’immigration vers le Royaume-Uni soit hautement qualifiée et apporte le plus d’avantages possible ».
Vers une immigration à des « niveaux viables » au Royaume-Uni ?
Avec ces mesures visant à restreindre le regroupement familial pour les étudiants étrangers, Londres espère que celles-ci permettront de contribuer « de manière tangible à la réduction de la migration nette à des niveaux viables ».
Mais, d’ores et déjà, le gouvernement prévoit des exceptions en indiquant qu’il travaillera « cependant avec le secteur de l’enseignement supérieur pour explorer d’autres options afin de garantir que les étudiants les plus brillants et les meilleurs puissent continuer à amener des personnes à charge lorsqu’ils étudient dans les universités britanniques de premier plan ». Reste à savoir ce qu’il en sera dans les faits…
D’autre part, afin d’éviter toute utilisation abusive du système de visa, les étudiants étrangers ne pourront plus passer du visa d’étudiant au visa de travail tant que leurs études ne seront pas terminées. Pour Suella Braveman, cette « augmentation sans précédent du nombre de personnes à la charge des étudiants arrivant dans le pays avec des visas » a donc contraint l’exécutif britannique à agir pour « limiter ce moyen d’immigration », et lutter contre les « agents sans scrupules » qui utilisent les visas étudiants comme route migratoire.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Royaume-Uni. Réforme du regroupement familial : vers une restriction pour les étudiants étrangers face à la hausse record de l’immigration”
dommage que ce soit trop tard…………………
encore une fois l’immigration est utilisée pour faire baisser les salaires