Il y a des lieux éminemment chargés de spiritualité depuis la nuit des temps. Le Mont-Saint-Michel est de ceux-là. Avec une géologie si particulière – un rocher de granit formant un insolite îlot entre ciel et mer – il ne pouvait en être autrement. Et un mystérieux trou dans une pierre, dont la fonction a tout récemment été élucidée, vient ne nous le rappeler.
Lieu de culte, lieu magique par excellence, on savait déjà que l’histoire du mont Tombe – l’ancien nom de la colline avant qu’elle ne soit rebaptisée en l’honneur de l’archange – commence bien avant l’occupation médiévale et la construction de l’abbaye.
Aux temps des Gallo-romains, un temple païen y avait déjà été édifié. Repaire des esprits solitaires, les premières traces retrouvées à ce jour des anachorètes et autres ermites qui y avaient trouvé refuge remontent au Ve siècle. À partir de cette date, ils commencèrent à construire des petites chapelles de leurs mains. Un élan architectonique qui n’allait plus s’arrêter, pour en arriver à la merveille que l’on connaît.
Mais peu de traces du passé préhistorique du mont étaient encore visibles. Si ce n’est un énigmatique rocher qui trône en son cœur, dont le caractère sacré semble avoir été remarqué par tous les bâtisseurs successifs, qui ont toujours eu soin de la contourner, construisant autour de cet étrange bloc de pierre. Énigmatique car l’homme y a laissé, il y a plusieurs millénaires de cela, son empreinte : des cupules, des petites dépressions circulaires, ont été creusées à sa surface. Une plus grande au centre et quatre autres plus petites autour. Pour Stefan Maeder, docteur en archéologie à l’université de Fribourg, il s’agirait d’ « une carte du ciel polaire de cette époque-là, il y a environ 6.000 ans avant nous. » Le trou plus grand représenterait l’étoile polaire et les autres cupules des étoiles majeures tel qu’elles étaient positionnées entre 3900 et 3500 avant notre ère. Les données, reproduites grâce à l’informatique, concordent : le dessin du ciel et celui de la pierre coïncident.
Stefan Maeder, qui étudie les mégalithes de l’Ouest européen, a retrouvé plusieurs de ces cartes célestes gravées dans la pierre ou sur des objets de par le monde au Néolithique .
Pour nos lecteurs anglophones, nous reproduisons ci-dessous une conférence du professeur. À partir de la minute 42.36, la pierre du Mont Saint-Michel est évoquée.
Audrey Stéphanie
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Une réponse à “Sacralité néolithique au Mont-Saint-Michel : un mystère élucidé”
Un exemple de cette religion cosmique des chasseurs-pêcheurs du Paléolithique final et du Mésolithique qui s’est conservée et traduite au Néolithique nord-européen en représentations graphiques. C’est la source du répertoire symbolique des peuples protohistoriques.
Voyez entre autres : V. Kruta, La cruche celte de Brno, Milan.
J. Haudry, Lexique de la tradition indo-européenne, Yoran éd.
P. Jouët, Dictionnaire de la mythologie celtique.