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A la découverte des Saints Bretons. Le 25 Avril c’est la Saint Marc’h

Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.

Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».

En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.

Le 25 Avril c’est la Saint Marc’h

Le roi Marc’h est à la fois un personnage de la mythologie celtique et de la légende arthurienne. Il est présent dans les traditions, bretonne et cornique. Son nom (Marc’h signifie « cheval » en breton) et ses attributs (des oreilles du même animal) lui confèrent un rôle psychopompe, à l’instar d’Épona chez les Gaulois, puis les Gallo-romains.

Dans la tradition bretonne

Dans la tradition bretonne, ancrée en Basse-Cornouaille, Marc’h est un roi légendaire de Cornouaille dont l’originalité est d’avoir des oreilles de cheval. Par ailleurs c’est l’un des protagonistes de la légende de Tristan et Iseut, ancrée dans la réalité historique bretonne et celtique, entre Irlande, et grande et petite Bretagne.

L’historien Léon Fleuriot, spécialiste de cette époque, l’assimile à Komonor (Cunomorus), roi historique de Cornouailles britannique au VIe siècle, régnant à la fois sur les deux Domnonées, la Domnonée armoricaine et la Domnonée (Cornouailles-Devon) de l’île de Bretagne :

« Il (Comonor) est présenté souvent comme un vassal de Childebert, un praefectus, dit la Chronique de saint Brieuc : « Comorus tyrannus, praefectus Francorum regis ». Comonor paraît avoir été un Britto-Romain. La Vie de saint Paul l’appelle le « roi Marc » ou le princeps Marc ou de son nom complet Marcus Quonomorius»

L’écrivain Jean Markale, a repris cette assimilation au roi Cumunorus.

Le barbier du roi

En Bretagne, près de la ville cornouaillaise de Douarnenez, la commune de Plomarc’h (« paroisse de Marc’h » – ploe signifie paroisse en Breton) recèle des fondations dont on dit qu’elles sont celles du palais du roi Marc’h. La légende affirme que ce roi était affublé d’oreilles de cheval, dissimulées sous un bonnet et que la divulgation du secret entraînait inévitablement la mort. À partir de là, il existe plusieurs versions : selon l’une d’elles, le roi Marc’h tuait systématiquement tous les barbiers qui le servaient et connaissaient son secret. On dit aussi qu’un de ces barbiers se confia à la terre, un roseau poussa à cet endroit qui fut coupé par un sonneur pour en faire un biniou. Quand il se mit à jouer, l’instrument chanta « Le roi Marc’h a des oreilles de cheval ». Et selon le poème tardif de Béroul, trouvère normand du XIIe siècle, c’est le nain astrologue du roi qui dévoila le secret et fut tué par le roi.

L’attribut physique des oreilles de cheval peut évoquer le roi Midas de la mythologie grecque, mais l’analogie s’arrête là.

Morvarc’h

Un conte, collecté par Yann ar Floc’h, présente une version différente de la légende. Il est roi de Poulmarc’h et possède un cheval fantastique, qui peut traverser la mer et galope aussi vite que le vent. L’animal est surnommé « Morvarc’h », ce qui signifie « cheval de la mer » en breton. Un jour, alors qu’il chasse, son chemin croise celui d’une biche. Il a beau forcer son cheval, il ne parvient pas à la rattraper. Ce n’est qu’acculée au bord de la falaise, près de l’endroit où la ville d’Ys a été engloutie, qu’il peut lui faire face. Le roi Marc’h arme son arc et lui décoche une flèche, mais par un sortilège, le trait fait demi-tour et vient tuer directement son précieux cheval. Mu par la fureur, il sort son poignard, mais la biche a disparu, à la place se trouve une superbe jeune fille. C’est Ahès, la fille de Gradlon. Pour se venger de la poursuite, elle affuble le roi d’oreilles semblables à celles de son cheval, puis s’enfonce dans la mer.

Il convient de noter que dans La Légende de la ville d’Ys, Morvac’h est le nom du cheval de la reine du nord, Malgven, épouse du roi Gradlon et mère de Dahud.

Tristan et Iseut

Marc’h est le roi de Cornouaille en Bretagne armoricaine, sa sœur Bleunwenn (Blanche-Fleur) a épousé Rivalen, le roi de Loonois, une contrée au sud de l’Écosse. Rivalen meurt à la guerre et son épouse expire alors qu’elle met un enfant au monde : Tristan. L’enfant est recueilli par son oncle le roi Marc’h qui l’élève. Bien des années plus tard, au cours d’une expédition guerrière en Irlande Tristan est blessé en tuant le géant Morholt, frère du roi de l’île. Iseut la fille du roi sait comment soigner la blessure empoisonnée de Tristan. Une fois remis, il rentre en Bretagne.

Marc’h veut faire de Tristan son successeur, mais les nobles de Cornouaille s’y opposent et le roi doit se marier. Le seul parti intéressant est Iseut. Tristan part en ambassade et demande la main d’Iseut pour son oncle, au roi d’Irlande qui s’empresse d’accepter. Avant de partir, la reine confie à la servante Brangaine qui est du voyage, un philtre d’amour destiné à sa fille et au roi Marc’h  ; ce philtre rend éternellement amoureux ceux qui le boivent. Pendant le voyage Tristan et Iseut boivent le philtre par erreur et deviennent très épris l’un de l’autre. En dépit de leur amour, Iseut épouse Marc’h, mais c’est la servante Brangaine qui prend place dans la couche du roi, la nuit des noces.

Les amants finissent par partir, mais après une longue fuite ils sont retrouvés par le roi, alors qu’ils dorment dans la forêt. Marc’h remplace l’épée de Tristan qui est placée entre eux par la sienne – élégante façon de leur dire qu’il les épargne. Les amants se séparent et Tristan quitte la Cornouaille.

Des années plus tard, alors qu’ils se sont retrouvés avant de mourir, Marc’h interviendra pour qu’ils soient inhumés l’un près de l’autre.

Dans la tradition cornique

La légende des Cornouailles est en tous points similaires à la légende armoricaine. On le nomme en anglais Mark of Cornwall (en latin Marcus, en cornique Margh, en gallois March) et c’est un roi légendaire de Cornwall, connu par une inscription du VIe siècle. Il est mentionné sous le nom de Cunomorus avec son « fils » Drustan. C’est l’oncle de Tristan et le mari de Iseult, qui ont une relation coupable.

La légende

Mark envoie Tristan comme ambassadeur chercher sa promise, la princesse Iseult en Irlande. Tristan et Iseult tombent amoureux et grâce à un philtre magique, entament une relation charnelle passionnée qui n’a pas sa pareille dans la littérature médiévale.

Crédit photo : wikipedia (cc)

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