Le fascisme ou plutôt l’antifascisme sont d’actualité. Etre traité de « fasciste » est l’insulte suprême, rédhibitoire. Mais les antifascistes savent-ils de quoi ils parlent, connaissent-ils son idéologie ? Les plus jeunes, disons, les moins de trente ans, pratiquement rien, juste une imagerie… Le Duce qui « a toujours raison », les chemises noires, leurs gourdins, l’huile de ricin… Et puis des Italiens enrégimentés, l’alliance avec Hitler, l’antisémitisme, le cadavre de Mussolini pendu par les pieds… Les plus âgés de ces antifascistes ont été biberonnés par des professeurs d’histoire « engagés ».
Je n’ai pas oublié l’un d’entre eux, en Terminale, au Lycée Clemenceau (Nantes) qui s’étendait, à n’en plus finir sur l’atroce répression des opposants au régime, torturés, déportés, assassinés. Quand il en venait à l’Union soviétique, il se montrait d’une discrétion extrême, pas de purges ou si peu, pas de famines provoquées, pas de goulag ou juste pour ceux qui l’avaient bien mérité, des associaux.
Plus tard, je découvris qu’au plus fort de la dictature on ne comptait pas six mille antifascistes emprisonnés, déportés. Je lus « Le Christ s’est arrêté à Eboli » (1945 ), un Carlo Levi qui tapait le carton avec le chef fasciste du coin.
Que savent-ils, les antifascistes d’aujourd’hui des origines du fascisme ? Autour de Mussolini, un temps figure montante du communisme, désormais ultra-patriote, une poignée de convaincus.
Le 23 mars 1919, ils se retrouvent à Milan, piazza San Sepulcro, dans une salle louée au Cercle de l’Alliance industrielle. L’entremetteur est un chef d’entreprise, juif de souche et franc maçon, Cesare Goldmann. Plus tard, le régime gonflera le chiffre de l’assistance, mais ils sont autour de 150. Il y a là des « arditi », combattants de choc, sortis sonnés des tranchées, leur mot d’ordre : « Me ne frego ! ». Je m’en fous ! On y voit des artistes, des écrivains qui professent le futurisme de Filippo Marinetti (son manifeste dans le Figaro, en 1909). L’alliance, l’exaltation de la modernité et de l’attachement radical à l’italianité. S’ajoutent des syndicalistes révolutionnaires adeptes de Georges Sorel, des bolcheviks renégats, enfin des femmes émancipées, libres avec en tête la maîtresse de Mussolini, Margherita Sarfatti, juive vénitienne, écrivaine. Tous ces gens ou presque se déclarent agnostiques, athées, anticléricaux.
De cette réunion sort un manifeste, signé par les Fasci italiani di combattimento. Tout un programme, en voici les articles les plus radicaux :
NOUS VOULONS :
* Suffrage universel avec scrutin de liste régional et représentation proportionnelle, droit de vote et éligibilité pour les femmes.
* Abaissement de la limite d’âge à dix-huit ans pour les électeurs, à vingt-cinq ans pour les députés.
* Abolition du Sénat.
* Promulgation rapide d’une loi qui sanctionne pour tous les travailleurs la journée légale de huit heures de travail.
* Le salaire minimum.
* Un fort impôt extraordinaire à caractère progressif sur le capital…
* … la confiscation de 95 % des bénéfices de guerre.
* La confiscation de tous les biens des Congrégations religieuses…
Il Popolo d’Italia, 6 juin 1919.
Je lis dans l’excellent magazine en ligne « Il Primato Nazionale » un article d’Adriano Scianca. Il se penche sur le 104° anniversaire de San Sepolcro, il lui semble plus significatif que la Marche sur Rome, il y a cent ans. Qu’est-il advenu des engagements de 1919 ? Ils sont restés lettre morte. A la place, une dictature qui a pactisé avec la Maison de Savoie, le Vatican. Un régime qui, après une décennie de remise en état du pays, s’est durci, s’est rétracté : Un pourrissement des cadres, des dignitaires. L’alliance avec le Troisième Reich a précipité l’effondrement. Les lois raciales ont associé l’Italie à la Shoah.
Scianca voit dans ces anniversaires une complaisance morbide. A force de méconnaissance, le fascisme en tant que tel (1919-1945) ne survit que comme repoussoir « ad libitum ». Il conclut : « C’est donc un engagement à agir et non un anniversaire à trinquer, ivre de notre narcissisme, de notre médiocrité et de nos tabous. »
Garder en mémoire l’esprit du 23 mars 1919. Mais autre temps, autres choix. Ou bien Pschitt ! Ou bien résister.
Jean Heurtin
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9 réponses à “De quoi est fait l’antifascisme ?”
Le mot »fasciste » est employé par les »gauchistes » pour désigner les gens de »droite », qui n’approuvent pas leurs idées! Ces gauchistes reprochent aux fascistes leurs morts mais ils pardonnent les tortures et les goulags des gens »de gauche »: Staline, Mao, etc…Ainsi les Zadistes, qui ont volé les terres de paysans, traitent de »fascistes » ceux qui veulent les déloger…ce sont des casseurs et des fainéants!..
Bravo ! Inutile d’épiloguer puisqu’une seule phrase résume cet excellent article de Jean Heurtin :
« »Que savent-ils, les antifascistes d’aujourd’hui des origines du fascisme ? » »
C’est assez surprenant de constater chez ces ignares de l’ Histoire réelle cette propension à remonter les générations passées pour insulter celles d’aujourd’hui…..pourquoi ne pas aller chercher dans la Rome antique les séquelles encore présentes dans le parti du RN ou du LR ? Nazi, fasciste, raciste c’est le tiercé littéraire de toute argumentation ultra gauchiste envers ceux qui ont l’ outrecuidance de ne pas penser comme eux ! » C’est un peu court jeune homme » dirait Cyrano de Bergerac…
Au tout début, ce n’était pas forcément très clair :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arditi_del_Popolo
Mussolini, un temps figure montante du communisme ? Si on veut. Avant la scission de la deuxième internationale qui a donné naissance au Komintern.
https://www.lefigaro.fr/international/2009/10/14/01003-20091014ARTFIG00530-comment-les-services-secrets-anglais-ont-recrute-mussolini-.php
Le Fascisme se définit lui même comme « mise en faisceau des Esprits ».
Ami ou ennemi, toute pensée est asservie par cette dichotomie.
C’est un asservissement du langage à la conquête du pouvoir.
« Tu dois dire avec nous, répéter le Mantra ! Sinon nous t’abattons »
Il ne s’agit plus du réel, observé par l’infinité des points de vue Humains
Et que le langage nous offre de partager, enrichissant notre regard sur le Monde !
La dégradation de l’Humain par l’assignation des esprits à la prise de pouvoir
A été de tous temps, de Babel, aux effroyables « Ismes » contemporains.
Les dictatures de droites ont fait quelques milliers de victimes, voire quelques centaines de milliers.
Les dictatures communistes ont plusieurs dizaines de millions de victimes à leurs actifs.
Les intellectuels gauchisants ne se privent pas de glorifier Mao, Staline et Pol Pot.
Je préfère être un petit citoyen lambda avec mes convictions personnelles, plutôt que de me faire laver le cerveau par certains intellectuels.
« Les antifachistes ne sont que des milices blanches racistes anti-blancs ». (Aldo Stérone)
« Je suis une militante anti-fachiste ». Carola Rakete, « capitaine » du navire de transport gratuit d’africains en Europe, Sea Watch.
Les anti-fascistes (gauchistes et consort) ce sont eux les fascistes
Les antifa, ceux qui se disent antifaciste, ils ont tous le profil de « fachiste » par leur mode de pensée, leur comportement, leur histoire. Ce sont eux les vrais fachos.