Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 19 Mars c’est la Saint Josep
Joseph est un personnage du Nouveau Testament (Mt 1, 18 ; Lc, 2,3). Il est fiancé à Marie lorsque celle-ci se retrouve enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Dès lors, il épouse Marie et il devint le père adoptif de Jésus qui, de ce fait, appartient à sa lignée, celle de David. Il est présenté comme un « homme juste » qui a accepté d’accueillir Marie et son enfant en pleine connaissance de cause.
Il est indiqué en Mt 13, 55 qu’il était artisan charpentier. Joseph est mentionné pour la dernière fois lors de la visite au Temple de Jérusalem lorsque Jésus est âgé de douze ans (Lc 2, 41-50). La tradition chrétienne en a déduit qu’il était mort avant l’entrée de Jésus dans la vie publique.
On sait par les Evangiles et la Tradition que la Vierge Marie s’était consacrée à Dieu très jeune et de sa propre volonté, avec l’équivalent des vœux religieux actuels de pauvreté et de chasteté. Cette consécration était à vivre dans le cadre d’une vie sociale ordinaire et non retirée du monde ou servant au Temple. Selon l’usage juif de l’époque elle contracta donc un mariage blanc, afin de voir ses besoins subvenus tout en restant fidèle à son vœu. Cela implique donc que son époux, ou bien s’était lui aussi préalablement consacré à Dieu (ce que rapporte la Tradition orale), ou bien avait accepté et juré de respecter la consécration de sa femme et de la vivre avec elle. C’est pourquoi on peut affirmer ce qu’enseignent l’Église catholique et l’Église orthodoxe, à savoir que Joseph et Marie ont continué à vivre dans la chasteté après la naissance de Jésus. C’est pourquoi Saint Joseph est parfois représenté portant des fleurs de lys blanches, symboles de pureté, et accompagné d’un enfant figurant Jésus.
L’Église catholique reprend une Tradition orale, liée à Jérôme qui relate que Joseph s’était lui aussi consacré à Dieu avant de connaître la Vierge Marie, et explique donc que les termes de « frères et sœurs » de Jésus cités dans les Évangiles doivent être compris comme étant des cousins proches par le sang, l’affection et les relations, selon l’usage sémitique de ces mots. (voir l’article : Proches de Jésus). Cette consécration préalable de Joseph est en outre conforme à l’usage juif de l’époque en ce qui concerne l’union des vierges consacrées au Seigneur.
L’Église orthodoxe enseigne de son côté que « Joseph était déjà veuf au moment où il s’est fiancé avec Marie, et il aurait eu des enfants d’une précédente union dont, Jacques « le frère du Seigneur », c’est-à-dire son demi-frère ». Cette tradition s’appuie sur le Protévangile de Jacques où il est dit que l’enfant de Anne et Joachim, Marie, a été consacré au Seigneur, c’est-à-dire resterait vierge, et que Joseph a eu des fils lors d’un premier mariage : « Anne répondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. » » (Protév. Jc 4,1). « Alors le prêtre : « Joseph, Joseph, dit-il, tu es l’élu : c’est toi qui prendras en garde la vierge du Seigneur. ». Mais Joseph protesta : « J’ai des fils, je suis un vieillard et elle est une toute jeune fille. Ne vais-je pas devenir la risée des fils d’Israël ? » » (Protév. Jc 9,1-2).
Cette interprétation permet de comprendre, entre autres, que Jacques soit appelé le « frère du Seigneur » (par Paul dans l’Épître aux Galates | Ga 1:19) : celui-ci serait un des fils de Joseph issus de son premier mariage. Joseph, selon la tradition orthodoxe (mais aussi une certaine tradition iconographique en occident) était beaucoup plus âgé que Marie. Sa mort expliquerait l’absence totale de mention à son propos dans les Actes des Apôtres, contrairement aux autres membres de la famille de Jésus.
Adoptèrent cette théorie : Évangile selon Pierre, Protévangile de Jacques, Clément d’Alexandrie, Origène, Eusèbe de Césarée, Hilaire de Poitiers, Ambrosiaster, Grégoire de Nysse, Épiphane, Ambroise de Milan, Jean Chrysostome, Cyrille d’Alexandrie.
Les catholiques objectent à cette tradition concernant Joseph que la tradition juive de l’époque mariait les jeunes gens très jeunes et non à des personnes nettement plus âgées qu’eux. Dans ce cas Joseph se serait retrouvé veuf très rapidement après son premier mariage. D’autre part, l’Evangile de Luc, lorsqu’il relate des épisodes de l’enfance du Christ, ne parle jamais d’un « frère » de Jésus à cette époque.
Cependant Joseph est souvent représenté comme un homme plus âgé que Marie, et parfois même vraiment âgé. Pour Charles Perrot, il était au contraire un jeune homme au moment de son mariage car les filles « étaient mariées entre douze et quinze ans et les garçons n’étaient guère plus vieux » [1].
La Contre-Réforme a donné à Saint Joseph une place importante. Les Jésuites le considéraient comme leur protecteur et Thérèse d’Avila lui dédia un couvent.
Vénération
la fête de Saint Joseph se place au 19 mars, et elle était très suivie par les artisans (il était charpentier) puis par les ouvriers (pour ces derniers, dans les limites de leurs disponibilités) ; – Saint Joseph voit son culte prendre de l’ampleur dès le XVIe siècle ; – en 1621 le pape Grégoire XV éleva la fête du de Saint Joseph le 19 mars au rang de fête d’obligation ; – en 1642 le pape Urbain VIII confirma à son tour le rang de cette fête ; – en 1661, après l’apparition et le miracle de la source de Cotignac (cf. ci-dessous), Mgr Joseph Ondedei, évêque de Fréjus, reconnaît officiellement les apparitions de saint Joseph et en approuve le culte ; – cette même année 1661 le roi Louis XIV consacre la France à saint Joseph, chef de la Sainte Famille ; – le 8 décembre 1870 le pape Pie IX déclara officiellement Saint Joseph Patron de l’Eglise universelle, et fit du 19 mars une fête solennelle ; – en 1889, le pape Léon XIII démontra comment Saint Joseph est le modèle des pères de famille et des travailleurs, et lui décerna officiellement le titre de « saint patron des pères de famille et des travailleurs », titre que la piété populaire lui avait déjà décerné depuis des siècles ; – en 1955 le pape Pie XII reprit bien volontiers le principe de la fête du travail en instituant la solennité de Saint Joseph artisan et en la fixant au 1er mai de chaque année ; Saint Joseph est ainsi l’un des saints que l’on fête deux fois dans l’année (19 mars et 1er mai) ; – le pape Jean XXIII a ajouté son nom au canon de la Messe.
Quelques vieux catholiques considèrent cela comme une innovation, mais la plupart emploie le missel de 1962, où ce changement est inclus. On notera que dans quelques traditions protestantes on célèbre aussi cette fête pour commémorer la vie et le témoignage de Saint Joseph. Il est aussi connu pour ses apparitions: la plus célèbre est celle de Cotignac (dans le Var), le 7 juin 1660, à Gaspard Ricard, un berger, apparition au cours de laquelle il fit jaillir une source qui coule toujours ; il apparut aussi aux voyants de Fatima le 13 octobre 1917, tenant l’Enfant Jésus dans ses bras ; il apparut aussi à quelques mystiques, dont Mary Ephrem, qui a reçu l’imprimatur de son évêque. [1]
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Une réponse à “A la découverte des Saints Bretons. Le 19 Mars c’est la Saint Josep”
C’est aussi un saint patron pour les Petites Soeurs des Pauvres, avec une Messe spéciale dans leurs Maisons, le 19 mars.