Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 23 février c’est la Saint Finnian
Saint Finnian de Clonard (470 – 549) est l’un des premiers saints monastiques irlandais. Il a fondé l’abbaye de Clonard dans l’actuel comté de Meath et les douze apôtres d’Irlande ont étudié sous sa direction. Il pourrait être né à Myshall, dans le comté de Carlow. Très jeune, il aurait été placé sous la tutelle de Saint Fortchern, sous la direction duquel, dit-on, il se rendit au Pays de Galles pour se perfectionner dans la sainteté et la connaissance sacrée auprès des grands saints de ce pays. Après un long séjour là-bas, de trente ans selon le manuscrit de Salamanque, il retourna dans son pays natal et alla de lieu en lieu, prêchant, enseignant et fondant des églises, jusqu’à ce qu’il soit enfin conduit par un ange à Cluain Eraird, où on lui dit que serait le lieu de sa résurrection. Là, il construisit une petite cellule et une église d’argile et de bois qui, après un certain temps, céda la place à une structure de pierre substantielle, et se lança dans une vie d’étude, de mortification et de prière. La renommée de son érudition et de sa sainteté ne tarda pas à se répandre, et des érudits de tous âges affluèrent de toutes parts vers sa retraite monastique – jeunes laïcs et clercs, abbés et évêques.
Dans l’office de saint Finnian, il est dit qu’il n’y avait pas moins de 3 000 élèves qui recevaient une instruction à un moment donné dans l’école située dans les champs verts de Clonard, sous le large couvert du ciel. Le maître excellait dans l’exposition des Saintes Écritures, et c’est à ce fait qu’il faut attribuer l’extraordinaire popularité de ses conférences. La date exacte de la mort du saint est incertaine, mais elle se situe probablement en 549, et sa sépulture se trouve dans sa propre église de Clonard. Pendant des siècles après sa mort, l’école a continué à être renommée en tant que siège du savoir scripturaire, mais elle a souffert des mains des Danois, surtout au XIe siècle, et deux misérables Irlandais, O’Rorke de Breifney et Dermod McMurrough, ont contribué à achever l’œuvre impie que les hommes du Nord avaient commencée. Avec le transfert par l’évêque normand de Rochfort, en 1206, du siège de Meath de Clonard à Trim, la gloire de l’ancien lieu disparut à jamais.
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine