Sans les filtres d’Instagram et Snapchat, des adolescentes n’acceptent plus leur aspect

Cyberharcèlement, hameçonnage de prédateurs sexuels, vol d’informations, usurpation d’identité… ces possibles dangers des réseaux sociaux sont bien connus. Mais un autre mal, aussi réel que sous-estimé, se diffuse parmi les nouvelles générations : la dysmorphophobie, l’impossibilité d’accepter son aspect physique sans filtre ni retouche.

Compétition et homologation

De nombreuses études ont déjà montré combien Instagram – le réseau social qui a réduit à néant les contenus pour ne faire que dans le visuel – est nocif pour la santé mentale de ses utilisateurs. Il suffit d’ouvrir la page d’exploration pour s’en apercevoir, c’est une succession de selfies de filles au corps parfait, aux visages d’une beauté onirique… car fruit de l’usage intensif de filtres qui rendent idéalement beaux.

Le plus économique des portables en est pourvu, et tous obéissent aux mêmes canons : affiner les joues, agrandir les yeux, ajouter de longs cils, rapetisser le nez et élargir les lèvres. Pour le corps même acabit : les tailles sont d’une étroitesse impossible, les hanches et fessiers d’une rondeur parfaite, les seins hauts et durs. Il n’y a plus aucune place pour le naturel et la différence. C’est l’industrie de l’uniformisation de masse, la fabrique des physiques aussi irréels qu’irréalisables.

Et la photo amenant à la comparaison systématique , les adolescentes deviennent particulièrement vulnérables, la vitrine ne montrant que ce qui est sous son meilleur jour, et dans le cas contraire, elle sera retouchée. Perdue d’avance, cette compétition mine l’estime de soi et force nombre de jeunes filles à entrer dans le cycle de recherche de la perfection physique pour de ressembler aux profils des célébrités ou des instagrammeuses les plus suivies. Les dégâts sur le psychique sont considérables.

La perfection… faussée par les filtres.

Effets sur la santé mentale et physique

Des ravages que n’ignore pas Facebook (désormais Meta), propriétaire d’Instagram, puisque ce sont les résultats de sa propre enquête interne. Dans un article de septembre 2021, Des document montrent que Facebook sait qu’Instagram est toxique pour les adolescentes,  le Wall Street Journal accuse l’entreprise de Zuckerberg de ne prendre aucune mesure, quand bien même les conséquences sont les suivantes. Troubles psychiques, dysfonctionnements alimentaires, sentiment de honte, absence de confiance en soi, isolement, jusqu’aux idées suicidaires.

Si le problème n’est pas nouveau – avant l’ère des smartphones, les filles se confrontaient aux mannequins des magazines – le bombardement virtuel auquel les générations numériques sont soumises est sans précédent. Martelées plusieurs heures par jour par ces photos idylliques, qui arrivent à l’utilisateur quelque soit ses centres d’intérêt, des personnes de plus en plus nombreuses et de plus en plus jeunes se tournent vers la chirurgie esthétique, ne pouvant plus concevoir le naturel.

Les professionnels de santé s’alarment « Aujourd’hui, nous sommes devant un nouveau phénomène, que nous appelons Snapchat dysmorphia. Il désigne les patients qui veulent ressembler à des versions filtrées d’eux-mêmes, avec des lèvres plus pulpeuses, des yeux plus grands ou un nez plus mince. » (1)

Body positive, la solution ?

À coté de cela, les mouvements dits Body positive invitant à l’acceptation des différences et des défauts corporels sont voués à l’échec. Car, d’une part ils exaltent l’obésité, ce qui ne pourra être approuvée par la majorité (un corps mince étant anthropologiquement synonyme de bonne santé), et d’autre part car ils ne vont pas au fond des choses : ils ne proposent jamais de rompre avec l’exhibition. Or, c’est bien ce besoin de se mettre constamment en scène, de publier à tout va des photos de soi qui est à la source du problème. Cette angoisse constante de l’apparence ne se tarira pas en changeant d’apparence mais en sortant du cercle, en rompant avec l’obsession de se montrer, de se chercher un public.

Audrey D’Aguanno

(1) Neelam Vashi, Boston University School of Medicine

Crédit photo : DR
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Une réponse à “Sans les filtres d’Instagram et Snapchat, des adolescentes n’acceptent plus leur aspect”

  1. domper dit :

    Nous sommes dans une société d’images et de mensonges en permanence…..dans cet état de fait la vérité est inacceptable et le reflet du miroir épouvantable ! Alors, on triche sur tout, le physique, la voix, l’âge, la fortune etc…
    Et on se contente de vivre derrière son écran et ne plus sortir pour affronter la réalité du monde et de la vie !

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