La fin du Conseil Savoie-Mont-Blanc, décidée de façon unilatérale par le président du Conseil départemental de Haute-Savoie, est actée depuis le 1er janvier 2023. Cette décision marque le coup d’arrêt de 40 ans de coopération pourtant réussie entre les deux départements savoyards.
C’est précisément ce moment qu’ont choisi Laurent Gruaz, Olivier Diebolt et François Ploton-Nicollet pour lancer une pétition visant à réunir les deux départements en une seule collectivité unique de Savoie. Le premier, Savoyard de longue date, est docteur, chercheur et professeur d’histoire. Le second, né en Haute-Savoie d’origine alsacienne, diplômé en intelligence économique, travaille comme consultant pour une importante société basée en Suisse. Le troisième, originaire de Savoie, est agrégé de grammaire et enseigne la langue et la littérature latines à Paris. L’autre argument qui a motivé leur démarche est la présentation prochaine du projet de loi de réforme territoriale voulu par le gouvernement et reporté à 2024. Les trois coauteurs de la pétition espèrent d’ici là peser sur le débat et porter la voix de la Savoie. À l’exemple de la Collectivité européenne d’Alsace, initiée en 2021, ils ont rédigé une proposition de loi visant à créer une collectivité unique de Savoie.
Il n’existe aucune contrainte juridique à cela, et si blocage il y a, il est uniquement d’ordre politique. Mais ils espèrent aller plus loin encore puisqu’ils demandent le transfert des compétences régionales et départementales sur ce territoire, dans le cadre de la loi de réforme territoriale. C’est la raison pour laquelle les trois Savoyards, qui agissent en leur nom propre, espèrent que cette initiative sera reprise et portée par les parlementaires savoyards. « La Savoie et la Haute-Savoie, qui ne formaient qu’un seul territoire jusqu’en 1860, possèdent une histoire, un positionnement géographique et une identité tout à fait particuliers, explique Laurent Gruaz. Elles n’ont, en effet, été rattachées à la France qu’en 1860, après avoir été un État indépendant pendant huit siècles. Mais la structure Auvergne Rhône-Alpes dans laquelle elles sont enfermées aujourd’hui n’est ni pertinente ni cohérente. Une région pleinement efficace, c’est une région en laquelle les habitants se reconnaissent, une région qui correspond à leur identité. Comment espérer l’efficacité et la proximité avec une superficie de près de 70 000 km2 qui s’étend du massif des Alpes au massif central, du Léman au Cantal, de la frontière suisse au centre de la France et qui compte douze préfectures et une collectivité à statut particulier (Métropole de Lyon) ? »
Ce constat est, en effet, partagé par bon nombre d’habitants et d’élus locaux des deux départements qui se sentent éloignés des centres de décisions et déplorent des structures trop grandes et trop technocratiques. François Ploton-Nicollet constate que le cadre départemental hérité de 1860 est un frein au progrès de la Savoie : « La dissolution du Conseil Savoie Mont-Blanc en administre la preuve éclatante, fragilisant le développement économique, culturel, universitaire et environnemental, qui reposait depuis près d’un demi-siècle sur un programme commun. La frontière du Fier est même en passe de réussir à créer de manière parfaitement artificielle une « identité hautsavoyarde » directement dirigée contre la Savoie du Sud ». « La décision de mettre fin au Conseil Savoie Mont-Blanc est un immense gâchis ! se désole pour sa part Olivier Diebolt, selon qui celle-ci est davantage motivée par des intérêts particuliers que par l’intérêt commun des Savoyards.
Pour reprendre les mots d’Hervé Gaymard, cela revient à remettre en cause 40 années de coopération interdépartementale avec de belles réalisations comme l’université Savoie-Mont-Blanc ou la marque Savoie. Si les deux départements souhaitent encore peser à l’avenir, voire simplement exister, la seule solution est celle que nous prônons avec une Savoie réunie, forte de ses 1,3 millions d’habitants ». L’intérêt pour les Savoyards est évident : « Dans tous les domaines, nous serons gagnants, expliquent les trois initiateurs du projet. Une Savoie unique, c’est un interlocuteur unique face aux cantons suisses et aux régions italiennes. Le développement et la coopération pourront être renforcés avec les cantons de Genève, Vaud et Valais, la région autonome de la Vallée d’Aoste, le Piémont et la Lombardie. C’est aussi la fin des transferts de compétences à Grenoble ou à Lyon, du mille-feuilles administratif qui coûte cher et éloigne les décisions des habitants. C’est encore une politique de transports cohérente avec nos métropoles et entre les provinces des deux départements savoyards actuels ». L’urgence est donc de mettre un terme à ce clivage artificiel, de rendre à la Savoie un cadre territorial respectueux de son identité historique et la possibilité de s’épanouir en entretenant des relations économiques et culturelles avec les partenaires naturels qu’elle compte à l’est des Alpes ou au nord du Léman tout autant qu’à l’ouest du Rhône.
À l’image de la mobilisation politique et citoyenne qui incarnait « le désir d’Alsace » tant exprimé par les Alsaciens en 2015, les trois amis espèrent maintenant qu’un « désir de Savoie » prendra forme de manière concrète dans les deux départements. Ils comptent sur les parlementaires savoyards pour se saisir du dossier et entamer, dès que possible, les discussions avec le gouvernement en vue de la préparation de ce projet de loi de réforme territoriale. C’est maintenant, en 2023, qu’il faut parler de la Savoie et ne pas rester sur la touche.
La pétition en ligne sera effective tout au long de l’année. Pour signer et partager la pétition en ligne : https://www.change.org/UneSeuleSavoie
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7 réponses à “Trois Savoyards lancent une pétition et rédigent une proposition de loi en faveur d’une collectivité unique de Savoie”
Qu’attendons-nous, nous Bretons, pour faire la même chose ?
Tout à fait d’accord.
C’est bien, mais c’est un affront à la démocratie ça. Quoi? Le peuple réclame quelque chose? Notre monarque l’a dit aux dernières élections : laissez la parole au peuple mettra en péril la démocratie.
Ce n’est pas encore pour demain que nous verrons le retour à l’ État souverain de Savoie qui nous apparaissait comme un refuge protecteur contre le jacobinisme débridé et, désormais, dangereux, des larbins de Bruxelles et Washington où nous aurions pu solliciter l’asile comme réfugiés politiques.
Bonjour à vous 3,
Merci pour cette belle initiative.
Je soutiens à 100%.
Belle année à vous.
Pour une collectivités unique de Savoie.
Favorable à une Région Savoie sur le modèle Corse.