A l’image de nombreuses institutions historiques, comme Bewley’s Oriental Café à Dublin ou les premiers établissements du port d’Amsterdam qui dès 1663 entendaient rivaliser avec Venise et Vienne, Rennes se réapproprie sa propre histoire du café grâce à des artisans soucieux de rappeler les particularismes de cette grande aventure avec la Bretagne entre Saint-Malo et Brocéliande. D’abord réservé aux catégories les plus aisées, le café s’est diffusé rapidement socialement et géographiquement.
Cette boisson n’aurait pu exister sans la maîtrise des routes maritimes et des productions lointaines, dont les compagnies maritimes ont été des acteurs essentiels. L’histoire du café, c’est aussi une histoire de porcelaine, de nouveaux objets d’arts ménagers, d’imbrication avec d’autres innovations… C’est une histoire simultanément de grand large et de vie très quotidienne. En 1713, à l’occasion de la paix d’Utrecht, le maire d’Amsterdam offrit 4 caféiers à Louis XIV qui les confia au conservateur du Jardin des Plantes, à Marly. Le dit Jussieu les mit en terre et les développa ; les caféiers furent officiellement présentés le 29 juillet 1714. Tout comme les irlandais qui installèrent leurs premières maisons de café à Grafton Street dans le centre de Dublin, les bretons cherchaient à développer cette activité avant Londres et Amsterdam. plusieurs expéditions du Moka partirent de Saint-Malo en direction du Yémen avec le concours du banquier languedocien Antoine Crozat et d’un certain Monsieur de la Merveille.
A sa manière, la Maison du café Moka (Mokka Coffee House) rappelle cette grande histoire. Cette enseigne rennaise symbolise désormais en plein cœur du centre-ville de Rennes la créativité associée aux artisans du café et leurs recettes naturelles, authentiques et fortes en imaginaire, dans un territoire tant à l’orée de la forêt de Brocéliande que des vagues de Saint-Malo. Ainsi, cet établissement peut témoigner de la richesse historique des échanges joués par Rennes comme carrefour régional et plaque-tournante bretonne du café bien avant le Havre, grâce aux expéditions menées à Saint-Malo avec le port de Moka au Yémen et la préservation des traditions d’artisans torréfacteurs comme le café de Brocéliande, artisan torréfacteur breton depuis 1981.
Déjà présente rue Le Bastard depuis 2017, l’entreprise rennaise Mokka vient d’ouvrir un deuxième café, à l’angle de la rue Tronjolly et du boulevard de la Liberté à Rennes. Si sa grandeur tient à la situation qu’il occupa en des temps anciens sur la route des épices, le Yémen a longtemps intéressé français et britanniques.
Le « rocher de la Mer rouge » était alors un passage obligé sur la route des Indes et la France y contestait la suprématie britannique. C’est à l’instigation de plusieurs commerçants implantés sur la côte occidentale du Yémen, qu’un viceconsulat français fut institué à Hodeïda en juillet 1801. La place était importante, car de là partait tout le café dit de Moka importé par la France vers la cité corsaire de Saint-Malo, qui conserve toujours aujourd’hui une avenue de Moka et un établissement scolaire du même nom. À la croisée des mondes, un hôtel de l’Univers a pris place entre ces deux ports d’attache : l’un à Steamer Point dans le golfe d’Aden, l’autre au cœur des murailles de Saint-Malo intramuros.
Kevin Lognoné
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3 réponses à “A Rennes, les recettes authentiques et fortes en imaginaire de la Maison du café Moka”
Bonjour à tous
J’aime beaucoup BREIZH INFO, tous les matins je suis heureuse de découvrir ses articles
Enfin un journal qui dit la VERITÉ ……………………
VIVE LA FRANCE
Marie
pas lu mais MERCI A NOTRE DIEUDONNE !!!
et nos cousins Canadiens je ne sais pas pourquoi ils ne savent pas faire le café ???
BONNE JOURNEE
merci TEMPS qui nous a donné les arbres pour faire du café
Bonjour je suis le gerant du mokka
Merci pour ce bel article
Repassez a la boutique j’adorais échanger sur l’histoire du café avec vous
Bonne journée