Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 15 décembre, c’est la Saint Santig Du
Né au XIIIe siècle, Jean Discalcéat est plus connu sous le nom de Santig Du (le petit saint noir). C’est la voix du peuple qui a élevé cet humble Franciscain au rang de saint. « Vox populi… »
Située au cœur du Léon, la commune de Saint-Vougay peut s’enorgueillir d’avoir vu naître sur ses terres un personnage hors du commun (vers 1280). Il s’appelait Jean et venait d’une modeste famille de paysans.
Devenu très tôt orphelin, Yannig est pris à son service par un cousin exerçant la profession de maçon. Le jeune homme est cependant tenaillé par le désir de servir l’Église et son prochain. Il part alors suivre des études à Rennes, ville où il est ordonné prêtre. Nommé tout d’abord recteur d’une commune avoisinant Rennes, Saint-Grégoire (de 1303 à 1316), sa soif d’absolu le pousse à entrer dans l’ordre franciscain, au couvent des Cordeliers de Quimper.
C’est dans cette cité que le Frère Mineur aux pieds nus (discalcéat signifie déchaussé) pratique assidûment le jeûne et l’aumône, ne craint pas de rendre visite aux lépreux tout en cherchant sans cesse à soigner les corps tout autant que les âmes.
Jean voue sa vie aux autres. Il lutte contre la pauvreté que ne manque pas d’aggraver la guerre de succession de Bretagne. Un autre fléau ne tarde pourtant pas à faire son apparition : la peste noire. Cette grande peste qui dévastera l’Europe et que « le petit saint noir » contracte à son tour auprès des malades qu’il n’hésite pas à assister. Celui dont la réputation de sainteté s’est très vite répandue meurt en 1349.
Une honorable piété populaire
Jean Discalceat, en breton Yann Divoutou né à Saint-Vougay ( Léon, en Finistère) vers 1279 et mort à Quimper (Finistère) en 1349, également connu sous le nom de Santig Du (petit saint noir), est un franciscain breton, considéré comme saint par la tradition populaire. Discalceat n’est pas son nom, mais un qualificatif dérivé du mot latin Discalceatus qui veut dire « déchaussé » car il marchait pieds-nus. En breton on l’appelle Yann Divoutou c’est-à-dire Jean sans sabots.
Il naît d’une famille pauvre dans l’évêché du Léon. Baptisé Jean, il est toute sa vie appelé Yannig (« petit Jean » en breton). Resté orphelin, il entra en apprentissage chez un oncle ou un cousin, maçon et charpentier. Il se montre adroit et pieux, car, après sa journée, il aime élever des croix aux carrefours. Il construit aussi des ponts, des arches sur les rivières.
Il prie, il médite et, pour répondre à l’appel de Dieu, il part étudier à Rennes où il est ordonné prêtre en 1303. Il est nommé recteur de Saint-Grégoire près de Rennes. Il y reste treize ans, vivant délibérément dans la pauvreté, marchant pieds nus comme les moines mendiants. Il se singularise en distribuant tous ses revenus aux pauvres. Trouvant sa paroisse rennaise trop confortable, il demande à être nommé à l’un des cinq couvents de Cordeliers de Bretagne, à Quimper. En 1316, il reçoit de son évêque Alain de Chateaugiron l’autorisation de rejoindre l’ordre des franciscains et vient à Quimper où il restera 33 ans . Il se fait remarquer par son ascétisme, jeunant très souvent. Comme St François, il porte un habit de grosse et vile toile grise. Il a l’habitude d’aller pieds nus, d’où son surnom de « Discalceat » du mot latin Discalcéatus c’est-à-dire déchaussé,ou , en breton « Divoutou » c’est-à-dire « sans chaussures »
Il se donne totalement aux pauvres de Quimper. Il vient notamment en aide à la population lors du siège de la ville de Quimper par l’armée de Charles de Blois en 1344 et 1345. En 1346, il organise l’aumône pour les victimes de la famine en Cornouaille. En 1349, la peste s’installe à Quimper. Il organise les secours aux malades qu’il soigne sans répit, et ensevelit les morts. Il contracte lui même la peste et en meurt le 15 décembre 1349. Enterré aux Cordeliers, sa tombe devient un lieu de pèlerigage.
Très populaire en Bretagne, « Santig Du » est le patron des pauvres. Dans la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, près de sa relique, une tablette reçoit encore du pain déposé là par des anonymes , récupéré par des personnes dans le besoin. Cette pratique originale remonte au XVe siècle.
Si sa cause n’a jamais été introduite à Rome, il a été canonisé par la voix du peuple – Vox populi, vox Dei – comme il était de coutume à l’époque.
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Une réponse à “A la découverte des Saints Bretons. Le 15 décembre, c’est la Saint Santig Du”
L’article est intéressant mais un peu répétitif, tout comme le titre « Saint Santig Du » !