Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 8 décembre, c’est la saint Budog
Fils du roi de Goëlo, et d’Azénor, ou Aliénor, fille du mythique Even, comte de Lesneven, il est le quatrième enfant d’une fratrie de six. Faussement accusée d’adultère, sa mère Azénor fut, d’après la légende, enfermée au château de Brest puis jetée à la mer dans un tonneau, errant au gré des courants et nourrie par un ange, elle échoua sur la côte irlandaise (en un lieu nommé Bellus portus, Beau port) après avoir donné le jour à un garçon que l’abbé de Beauport, seigneur du lieu, baptisa Budoc (nom vieux-breton signifiant « victorieux, riche en vertus », de *bod-, réinterprété populairement par beuz(iñ) « (se) noyer », pouvant alors s’entendre comme le « sauvé des eaux » pour en faire le nouveau Moïse) en 538. Budoc serait par la suite devenu abbé de cette abbaye de Beauport en Irlande (à ne pas confondre avec l’abbaye de Beauport, près de Paimpol, nettement postérieure), avant de traverser la mer dans une auge de pierre et de débarquer à Porspoder. Peu après, harcelé par les quémandeurs de miracles, il chargea sa pierre sur une charrette de bœufs qu’il laissa vagabonder. À l’endroit où ils s’arrêtèrent, Budoc fonda un oratoire sur l’emplacement duquel fut bâtie l’église de Plourin.
Sa vertu remarquée par saint Magloire en fit son successeur après avoir été consacré évêque de Dol.
Son épiscopat dura 26 ans. Très peu de textes parlent de lui, mais on sait qu’il aurait fait un voyage à Jérusalem où, très estimé, il reçut des reliques qu’il déposa à l’Église de Sansom (Orléans).
Il décèdera un 8 décembre, vers 585, dans son diocèse de Léhon. Ses reliques qui ont été déposées à Dol ont disparu au fil des siècles.
La Vita (Vie latine) de saint Gwenole, fondateur du monastère de Landévennec, rapporte que Fragan, le père du jeune saint, aurait envoyé celui-ci étudier sous la férule de Budoc.
Sous le nom de Bothmael, Budoc apparaît comme un disciple de saint Maudez dans la Vie latine de celui-ci. La Vita Maglorii (vie de Saint Magloire) et la Chronique de Dol (fin du xie siècle) en font un « archevêque » de Dol à la suite de saint Magloire, lui-même successeur de saint Samson. C’est lui par exemple qui, en 633, aurait déclaré saint Rioc selon Albert Le Grand.
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