L’Amérique du Nord, Démondialiser la musique, l’invention de la famille occidentale, Pour l’honneur d’un camarade, Abandoned Ireland : voici la sélection littéraire de la semaine.
L’Amérique du Nord
D’environ 25 000 avant notre ère, jusqu’à la « ruée vers l’ouest » et aux guerres indiennes du XIXe siècle, Jean-Michel Sallmann expose comment des centaines de nations indiennes, aux langues, coutumes et croyances extrêmement diversifiées, ont habité un territoire immense, allant du Nouveau-Mexique à la Sibérie en passant par les grandes plaines et la vallée du Mississippi. Très rapidement, des petites bandes familiales de chasseurs-cueilleurs s’y répandirent et s’y adaptèrent quelles que pussent être les difficultés dues au climat ou au relief. Si certaines populations perpétuèrent le mode de vie nomade, d’autres se sédentarisèrent avec les débuts de l’agriculture et édifièrent des villages.
Dès la fin du premier millénaire avant notre ère, les échanges se firent également plus denses, même sur la longue distance, faisant soupçonner des relations de chaque côté du Pacifique et, vers l’an mil, des premiers contacts avec les Européens via le Groenland. L’arrivée des colons espagnols, français et anglais au XVIe siècle bouleversa cependant la vie des populations d’Amérique. Si une forme de collaboration se mit en place en quelques endroits, notamment entre les Indiens du Nord et les coureurs des bois, les résistances armées indiennes — incarnées entre autres par Gros Ours, Geronimo ou encore Sitting Bull — furent d’emblée tenaces. Souvent réduites en servitude, chassées de leurs terres, acculturées de force ou encore victimes d’épidémies, les tribus connurent finalement un déclin démographique considérable, quand elles ne disparurent pas entièrement. À l’appui de l’archéologie, notamment expérimentale, associée à toutes les sciences de la vie et de la terre qui lui sont proches, et d’une bibliographie internationale, l’auteur retrace plus de 25 000 ans d’une histoire amérindienne, illustrée d’une centaine de documents iconographiques et d’une vingtaine de cartes inédites.
Démondialiser la musique
« Si tu veux contrôler le peuple, commence par contrôler sa musique », aurait dit Platon. Rarement évoqué, le pouvoir politique et culturel de la musique est pourtant essentiel et son impact sur le psychisme en fait un outil privilégié de contrôle des masses. Il convient donc de se poser la question de ce que l’on écoute et des motifs qui conduisent à ces choix. De même qu’il a fallu prendre conscience que les produits alimentaires industriels pouvaient contenir des éléments toxiques, il est nécessaire de s’interroger sur le rôle des enregistrements que diffuse l’industrie musicale. Ainsi, il est toujours étonnant de rencontrer des individus conscients de leur identité, de l’importance de leur histoire, défenseurs de leur culture, et qui écoutent pourtant les musiques des « troupes d’occupation culturelle ». En réalité, les choix musicaux de la jeunesse sont moins faits sur des critères esthétiques que communautaires, et qui l’imprègnent ensuite inconsciemment.
Le présent ouvrage s’attache à présenter le rôle de la musique et la manière dont elle est exploitée par l’industrie musicale afin de proposer des solutions pour démondialiser son écoute.
Thierry DeCruzy est notamment un contributeur de Polémia et du mensuel Politique Magazine, il travaille sur le rôle de la musique dans la société. Il a publié Les Chants des traditions, aux éditions de l’Æncre en 2003. En mars 2021, il a réalisé le hors-série du quotidien Présent, “Musique, combat identitaire”. Il anime également des émissions de radio dissidentes.
A commander chez l’Institut Iliade
L’invention de la famille occidentale
D’où vient la famille que nous connaissons en Occident ? Comment s’est construite l’idée qu’elle devait être formée d’un homme et d’une femme unis par le mariage, dans la fidélité et, si possible, dans l’amour ? Pourquoi cette étroite cellule s’est-elle séparée du reste de la société, cultivant des relations si singulières entre parents et enfants ? Que valent, au fond, ces relations ? Ces questions n’ont pas surgi soudainement avec la révolution sexuelle : depuis des siècles, elles ont fait l’objet d’une longue réflexion. Celle-ci a pris, la plupart du temps, la forme d’une méditation littéraire, mettant en scène des familles, des couples, des figures célèbres. Généralement peu sollicitée par les historiens, la littérature apparaît pourtant comme un instrument précieux permettant de sonder les conceptions, d’apprécier les alternatives et de comprendre les choix d’une époque.
Thomas Hervouët propose ainsi de retrouver quelques parents fameux – Ulysse et Pénélope, Sarah et Abraham, les amants de Corneille et de Marivaux ou les héroïnes d’Alfred Hitchcock – afin de marquer les grandes étapes d’une histoire millénaire et d’entrer dans l’intelligence de cette forme sociale singulière : la famille occidentale.
Thomas Hervouët est professeur d’histoire en classes préparatoires littéraires, à Caen. Il est notamment l’auteur du roman Les pieuses combines de Réginald (Quasar, 2014).
Pour l’honneur d’un camarade
Guillaume Faye (1949-2019) par-delà censure et récupération
Au large de tout hommage convenu, Ph. Baillet salue ici la mémoire d’un homme resté jusqu’au bout un soldat politique, un partisan européen de la Cause blanche, tout en évoquant de façon souvent amusée quelques excellents moments passés avec lui.
Il renvoie à son néant le Torquemada d’opérette qui a voulu récupérer post-mortem G. Faye au profit de la religion du Crucifié. Mais il revient surtout sur le caractère prémonitoire de plusieurs écrits de Faye au sujet du terrorisme islamiste. Écrite au début de l’année 2020, la brochure de Ph. Baillet se penchait déjà sur le changement de stratégie de l’Internationale d’Allah, avec le passage au terrorisme le plus « sauvage », à l’arme blanche, expression d’une haine à l’état brut et traduction du primitivisme profond de nombreux musulmans. À cet égard, l’auteur apporte des éléments d’information pertinents en rappelant les thèses de l’école psychiatrique d’Alger, en particulier celles de son chef de file Antoine Porot (1876-1965), sur l’ « impulsivité criminelle » des Maghrébins. Mais le terrorisme sauvage pouvant aller jusqu’à la décapitation de la cible est en fait un marqueur de tout le monde musulman, avec des prolongements jusqu’au Pakistan et en Afghanistan.
À l’écart du chaudron de sorciers franco-gaulois où s’agitent les pitres et les escrocs de l’antijudaïsme rabique et du complotisme délirant, cet écrit bref et alerte est aussi un appel d’air destiné à tous ceux et toutes celles qui entendent se libérer une bonne fois pour toutes des araignées mentales soigneusement nourries depuis longtemps par les rentiers de la médiocrité et les incultes du tout-numérique.
Abandoned Ireland
Abandoned Ireland, livre photo rédigé en anglais, parcourt toute l’île d’Irlande pour visiter et évoquer des bâtiments oubliés, mettre en lumière leur importance sociale et faire revivre leurs histoires par le biais de la photographie.
Des grandes maisons aux modestes cottages, des écoles aux prisons, des églises aux salles de danse, ces bâtiments sont peut-être aujourd’hui abandonnés, mais ils sont loin d’être vides. En tant que photographe, l’instinct de Brownlie est remarquable. Dans ce qui semble en ruine et banal, elle trouve des diamants bruts ; ses images des éphémères ordinaires de vies passées – lettres d’amour poussiéreuses, lunettes rouillées, photographies jaunies et gondolées par l’âge – brossent le portrait de personnes réelles et de vies bien remplies.
Les photographies de Rebecca Brownlie résonnent des échos de nos ancêtres. Débordant de détails attachants et souvent surprenants, chaque photographie obsédante est une invitation à se plonger dans l’histoire et dans une Irlande disparue depuis longtemps.
A commander chez Irish Academic Press
Crédit photo : DR
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