La commémoration de tous les fidèles défunts, appelée aussi jour des morts (An Anaon en breton), est une célébration qui dans l’Église latine a lieu le 2 novembre, le lendemain de la fête de la Toussaint, selon le rite romain et l’ambrosien.
Si le 2 novembre tombe un dimanche, le calendrier général romain recommande que la commémoration des défunts s’intègre avec la célébration du dimanche : la messe est celle de la commémoration, mais avec chant du Gloire à Dieu et du Credo. « Pour la liturgie des Heures : on prend l’office du dimanche et non pas celui des défunts. Toutefois, si l’office des laudes ou des vêpres est célébré avec la participation du peuple, il est possible de prendre l’office des défunts.
An Anon, peuple des Trépassés, baie légendaire du Cap-Sizun, royaume gallois de l’autre monde
La baie des Trépassés enserrée entre la pointe du Raz et la Pointe du Van se trouve sur les communes de Plogoff et de Cléden-Cap-Sizun (territoire du Cap Sizun). Son rivage forme une longue plage de sable reliant les deux pointes.
L’origine de son nom Boë an Anaon en Breton, cette plage a triste réputation : une légende raconte qu’autrefois les cadavres des naufragés s’y échouaient fréquemment. Mais les courants s’opposent et cette plage doit son nom sinistre à une erreur de traduction : elle s’appelait à l’origine Boë an aon, la baie de la rivière. Mais l’erreur contribue fortement à la légende.
L’une des hypothèses avancées est liée à l’histoire malheureuse de l’activité maritime de passage ou de pêche côtière dans les parages du Raz de Sein. La configuration des courants de marée et les vents dominants de secteur ouest repoussaient en effet les corps des marins naufragés sur la plage.
Une autre explication ferait revenir aux naufrageurs locaux l’origine de ce nom.
La baie, ouverte plein ouest face à l’Atlantique et recevant tout au long de l’année un vent assez fort, parfois violent assorti d’une grosse houle déferlante, constitue un spot de surf assez réputé dans toute la Bretagne.
L’écrivain breton Anatole Le Braz(1859-1926), dans un récit intitulé Impressions de Bretagne, le pays funèbre, daté de 1896 et figurant dans le recueil Impressions de Bretagne édité en 2004 par An Here, décrit la baie de Trépassés dans les termes suivants: » Rien ne saurait rendre l’impression d’infinie solitude, de veuvage, de néant, que donne l’hiver, cette « baie des Ames », boé an anaon,, comme l’appellent les Bretons, en leur langue, d’un mot sourd et plaintif , emprunté, dirait-on, au vocabulaire de l’au-delà. La puissante lamentation de la mer, tantôt éclatait en sanglots, tantôt se traînait en longs gémissements…
Légendes et croyances populaires
Selon une croyance bretonne, durant la nuit de Noël, la baie des Trépassés résonnerait des chants des âmes en peine qui sont ballotées sur le bateau des morts.
Chanson extraite du « Barzhaz Breizh », le premier grand recueil de chansons bretonnes, publié par Hersart de la Villemarqué (Kervarker en breton) en 1839 : Kanaouenn an Anaon ( Le chant des Trépassés )
An’ Tad ar Mab ar Spered-Glan,
Yec’hed mat deoc’h, tud an ti-mañ,
Yec’hed mat deoc’h war bouez hor penn
Deut omp d’ho lakaat er bedenn.
Pa sko ar Marv war an nor,
Stok er c’halonoù ar c’hren-mor;
Da doull an nor pa zeu ‘r marv,
Piv gant ar marv a yelo ?
Hogen, na vec’h ket souezhet
Da doull ho tor mard omp digoue’et :
Jezuz en deus hon degaset,
D’ho tihunañ mard oc’h kousket;
D’ho tihunañ, tud an ti-mañ,
D’ho tihunañ, bras ha bihan :
Mar ‘z eus, siwazh, truez er bed,
En an’ Doue ! hor sikouret
Breudeur, kerent ha mignoned,
En an’ Doue ! hor selaouet
En an’ Doue, pedet ! pedet !
Rak ar vugale na reont ket.
Gant ar re hon eus-ni maget,
Ed omp pell zo ankounac’haet
Gant ar re hon eus-ni karet,
Hep truez ez omp dilezet.
Ma mab, ma merc’h, c’hwi zo kousket
War ar pluñv dous ba blot-meurbet,
Ha me ho tad, ha me ho mamm,
Er purkator e-kreiz ar flamm.
C’hwi zo er gwele kousket aez,
An Anaon paour zo diaez,
C’hwi zo er gwele kousket mat
An anaon paour zo divat.
Enl liñser wenn ha pemp plankenn,
Un dorchenn blouz dindan ho penn,
Pemp troatad douar war c’horre,
Setu madoù ar bed er bez.
Ni zo en tan hag en anken
Tan dindanomp, tan war hor penn,
Ha tan war laez, ha tan d’an traoñ ;
Pedet evit an anaon !
Gwechall pa oamp e-barzh ar bed,
Ni boa kerent ha mignoned
Hogen bremañ, p’ed omp marvet
Kerent, mignoned, n’hon eus ket.
En an’ Doue, hor sikouret
Pedet ar Werc’hez benniget
Da skuilhañ ul lomm eus he laezh,
Ul lomm war an anaon kaezh.
Eus ho kwele prim dilammet,
War ho taoulin en em strinket,
Nemet koue’et e vec’h er c’hleñved,
Pe gant ar marv kent galvet.
Traduction : Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, bonne santé à vous, gens de cette maison; bonne santé nous vous souhaitons : nous venons vous mettre en prière. Quand la Mort frappe à la porte, tous les cœurs sont frappés d’effroi ; quand à la porte se présente la Mort, qui la Mort doit-elle emporter ? Mais, vous, ne soyez pas surpris si nous sommes venus à votre porte : c’est Jésus qui nous envoie pour vous éveiller, si vous dormez ; Vous éveiller, gens de cette maison ; vous éveiller, grands et petits ; s’il est encore, hélas ! de la pitié dans le monde, au nom de Dieu ! secourez-nous. Frères, parents, amis, au nom de Dieu ! écoutez nous ! au nom de Dieu ! priez ! priez ! car les enfants, eux, ne prient pas. Ceux que nous avons nourris nous ont depuis longtemps oubliés ; ceux que nous avons aimés nous ont sans pitié délaissés. Mon fils, ma fille, vous êtes couchés sur des lits de plume bien doux, et moi, votre père, et moi, votre mère, dans les flammes du purgatoire. Vous reposez là mollement, les pauvres morts sont bien mal ; vous dormez là d’un doux sommeil, les pauvres morts sont dans la souffrance. Un drap blanc et cinq planches, un bourrelet de paille sous la tête et cinq pieds de terre par-dessus, voilà les seuls biens de ce monde qu’on emporte au tombeau. Nous sommes dans le feu et l’angoisse ; feu sur nos têtes, feu sous nos pieds, feu en haut et feu en bas ; priez pour les trépassés Jadis, quand nous étions au monde, nous avions parents et amis; aujourd’hui, que nous sommes morts, nous n’avons plus de parents ni d’amis. Au nom de Dieu ! secourez-nous ! Priez la Vierge bénie de répandre une goutte de son lait, une seule goutte sur les pauvres trépassés. Sautez vite hors de votre lit, jetez-vous sur vos deux genoux; à moins que vous ne soyez malades ou appelés déjà par la mort.
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5 réponses à “A la découverte des Saints Bretons. Le 2 novembre, An Anaon, commémoration de tous les fidèles défunts”
Ah ! Que c’est beau, profond et émouvant . C’est bien pour cela que mon âme est malade de la Bretagne.
Si vous avez souci des âmes du Purgatoire, une sœur Visitandine a reçu de Jésus une prière qui est dite dans les monastères de la Visitation :
Mon jésus pardon et miséricorde par les mérites de vos Saintes Plaies. ( 3 fois)
Père éternel, je vous offre les Plaies de notre Seigneur Jésus-Christ pour guérir celles de nos âmes ( 2 fois )
Cela fait aussi partie de de mes prières quotidiennes.
Bien sincèrement.
J’espère que les Morts sont heureux dans l’Autre-Monde ! Sinon à quoi bon mener une vie vertueuse.
Quand j’y serai, je ne veux surtout pas que mes descendants me plaignent, ils ont assez à faire pour vivre sur cette Terre ingrate et violente.
Le Barzaz-Breiz un de mes premiers ouvrages acquis à l’adolescence, il y a déjà bien longtemps et qui me fit entrer dans la mystique foi en mon pays.
Eduqué, comme beaucoup en Bretagne, dans la religion Catholique, je ne me suis pas trop posé de question jusqu’au décès de ma seule femme et épouse. Dès ce jour fatal, persuadé que je ne la reverrai jamais malgré les promesses de vie éternelle dans l’au-delà, je me suis convaincu que cette partie du message était une carotte et un faux comme bien des histoires apprises en Eglise. Par contre, passionné d’histoire je n’ai jamais remis en cause le personnage historique du Christ. J’ai donc abandonné tout lien avec la religion, cultivant les souvenirs vivants en moi sans rien attendre de l’aide de quiconque. J’ai été heureux sur terre et m’en contente.
@Kan al louarn…Moi aussi j’ai perdu mon épouse il a 8 ans alors que la logique aurait voulu que ce fût moi.
Religion ou pas, je me refuse à croire qu’il n’y a rien après la Mort, ce n’est pas logique alors qu’une Entité Supérieure a créée l’Univers fantastique qui nous entoure…C’est une fin minable au regard des millions d’EMI vécues par des « revenants de la Mort ».