Une Écosse qui aurait sa propre monnaie dans les cinq ans en cas d’indépendance : la perspective a été évoquée par le Premier ministre écossais Nicola Sturgeon cette semaine.
Une nouvelle monnaie en Écosse après l’indépendance
À la différence des dirigeants politiques bretons, on ne pourra faire le reproche d’un manque d’ambition au gouvernement écossais… Le 17 octobre lors d’une conférence de presse à Édimbourg, le Premier ministre écossais Nicola Sturgeon a fait plusieurs déclarations sur ce qui pourrait se passer si le pays votait en faveur de son indépendance lors d’un second référendum qui devrait avoir lieu en 2023.
Une Écosse indépendante conserverait temporairement la livre sterling avant de passer à une nouvelle livre écossaise lorsque le « moment sera venu », a-t-elle indiqué. Tout en exposant les plans pour cette nouvelle livre écossaise, elle-même gérée par une banque centrale écossaise, Nicola Sturgeon a déclaré qu’il ne serait pas « responsable » de fixer un calendrier pour la durée d’utilisation de la livre sterling, précisant que le passage à la nouvelle monnaie serait basé sur une série d’exigences et de critères. Selon elle, une « économie plus forte, plus juste et plus durable » pour l’Écosse n’est possible qu’avec l’indépendance.
Ces propos surviennent après la publication par le gouvernement écossais, le même jour, d’un nouveau document de 108 pages présentant ses propositions économiques pour une Écosse indépendante. Le document comprend également des détails sur la manière dont une Écosse indépendante demanderait à devenir membre de l’Union européenne.
Pas de passeport vers l’Angleterre mais…
D’autre part, en cas de victoire du « oui » au référendum, Nicola Sturgeon a affirmé que le gouvernement réformerait le marché de l’énergie et ferait ainsi baisser les factures des consommateurs. Déclarant qu’il était « manifestement évident » que le Royaume-Uni n’offrait pas « la force et la stabilité économiques ou la sécurité financière » car doté d’une économie étant « en déclin à long terme », le Premier ministre écossais a annoncé que l’exécutif établirait des « règles fiscales claires » pour mettre les finances du pays sur une voie durable.
La patronne du SNP (Parti national écossais) a par ailleurs démenti les rumeurs selon lesquelles les Écossais seraient obligés d’utiliser des passeports pour se rendre en Angleterre, qualifiant les potentielles discussions à ce sujet de « non-sens total ». Répondant aux questions immédiates sur ces dispositions frontalières, Nicola Sturgeon a déclaré : « L’Écosse restera dans la zone de voyage commune avec le reste du Royaume-Uni et l’Irlande ».
Cependant, elle a précisé qu’en cas d’indépendance, il y aurait d’autres contrôles aux frontières pour le commerce entre l’Ecosse et l’Angleterre et certains « arrangements frontaliers » seront nécessaires afin de garantir la poursuite des échanges de biens et de services entre les deux pays « lorsque l’Écosse retournera dans l’UE » en raison du Brexit.
Si le Premier ministre écossais a estimé que « rien de tout cela n’est insurmontable », il a toutefois concédé qu’un tel plan nécessitait « une planification adéquate ».
Quid de l’euro pour l’Écosse ?
Bien entendu, l’opinion publique étant partagée en Écosse sur cette question de l’indépendance, certains partisans du maintien du statu quo considèrent que le pays sera obligé d’adopter la monnaie unique européenne s’il va jusqu’au bout de sa volonté de rejoindre l’UE.
Sur ce point, le Premier ministre a répondu : « Si l’on met de côté mes préférences une minute, je ne pense pas que l’Écosse soit automatiquement qualifiée pour rejoindre l’euro. Je ne pense pas que ce soit la bonne option pour l’Écosse ».
Pas de quoi convaincre Stephen Kerr, député conservateur écossais et opposant à l’indépendance, qui a déclaré : « Mme Sturgeon semble demander aux Écossais d’accepter un changement de monnaie, de la livre sterling à la livre écossaise, puis à l’euro ».
Rappelons que le Brexit, pour lequel une majorité d’Écossais, contrairement à leurs voisins du Sud, n’ont pas voté, a contribué à accentuer les divergences entre Édimbourg et Londres.
Quant à l’acceptation de l’Écosse en tant que pays membre de l’UE, là encore, les deux points de vue semblent irréconciliables. Cependant, pour le SNP et Nicola Sturgeon, « personne de crédible ne suggère sérieusement que l’Écosse ne serait pas accueillie de nouveau dans l’Union européenne. Et bien qu’il y ait un processus de négociation, la plupart des gens qui savent de quoi ils parlent sur cette question sont très clairs sur le fait que ce ne serait pas un processus particulièrement long ».
Sur ce sujet européen justement, le premier ministre écossais a promis que son gouvernement publierait bientôt un autre document portant spécifiquement sur les questions européennes liées à l’indépendance.
La conférence de presse du 17 octobre de Nicola Sturgeon en intégralité :
Crédit photo : Capture YouTube (photo d’illustration)
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