Lors de son tour de France en 1908, Lawrence d’Arabie s’était pris de passion pour le cidre. Étudiant en archéologie à l’université d’Oxford, il sillonna toute la Bretagne sur son vélo de course pour étudier l’architecture défensive de châteaux ainsi que des reliques des croisades. En Angleterre, Il avait découvert les « modern ciders », des cidres élaborés à partir de pommes de table. Une cuvée à l’effigie de ce grand aventurier pourrait stimuler la Bretagne et l’effervescence qui traverse ses vergers. Le territoire comporte plus de 110 variétés de pommes à cidre et à couteau, une quinzaine de variétés de poires à poiré et à cuire, ainsi que quelques variétés de cerises.
Plus original est la valorisation des vergers cidricoles qui pourrait s’inspirer de l’expérience du Blida développée pour le champagne. À l’origine, les verreries installées aux alentours de Reims fabriquaient des « Blidas», ces petits verres à thé, qu’elles exportaient vers l’Algérie par la ville de Blida pour couvrir l’Afrique et les pays d’Orient. Aussi, ce verre à thé a été détourné de son usage premier par les Ruinard, les Moët, les Taittinger, ces grandes familles qui ont fait la réputation du champagne à travers le monde. Dans les années 60, le marché s’est effondré et la production invendue s’est retrouvée coincée. Afin de ne pas la gaspiller, les artisans (gobelet) ou vignerons pour le cas de Reims ont choisi de l’adopter. Un esprit pragmatique et du recyclage avant l’heure. Une transformation qui pourrait inspirer l’artisanat et l’imagination des industries créatives et culturelles bretonnes, pour attirer des érudits voyageurs, inventeurs et publics avides de design.
Elargi dans son tracé originel à Dinard et dans la vallée de la Rance, un circuit Lawrence d’Arabie développerait une collection de plantes cultivées révélatrices de l’histoire et de l’évolution de l’agriculture bretonne. Si l’on connaît bien l’importance de la pomme de terre, que sait-on de ses ancêtres et des ressources fruitières et légumières aux 17e et 18 e siècles ? Et quels pouvaient alors être leurs substituts indispensables ? À la fois lieu de promenade et de découverte, l’espace agricole pourrait être conçu comme un musée vivant connecté. Les musées de société qui traitent d’agriculture, d’environnement et de biodiversité domestique se font rares en France. Dès lors, un circuit Lawrence d’Arabie occuperait une place privilégiée sur une thématique fondatrice de l’histoire des territoires, des pays, des régions… Des établissements “phare” comme les Ruralies à Niort, Agropolis à Montpellier, Le Compa à Chartres (Conservatoire du machinisme agricole) ont ainsi fermé ou connaissent un avenir incertain. Or, la Bretagne ne dispose pas d’un muséum comme beaucoup de grandes villes françaises qui ont compris l’intérêt de croiser les approches des sciences de la vie avec celles des sciences humaines. Dans l’immédiat, une cuvée à l’effigie de ce grand aventurier pourrait stimuler la Bretagne et l’effervescence qui traverse ses vergers. Jusqu’au Levant ? La pomme est le fruit national du Liban. Tous les Libanais ont été élevés avec le rituel : tartine + pomme pour le goûter en cours de récréation.
Kevin Lognoné
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Une réponse à “Lawrence d’Arabie, ambassadeur du patrimoine cidricole et arboricole breton ?”
C’est le chouchen qu’il faudrait relancer, breuvage trop méconnu qui mériterait la célébrité.
Sinon, cette fixation sur cette Lawrence d’Arabie aux mœurs plus que douteux, ça va finir par passer le bédouin…