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Réunification de la Bretagne : les parlementaires bretons mis au pied du mur

L’association « Bretagne réunie » ne renonce pas. Elle lance une nouvelle opération destinée à mobiliser les parlementaires bretons afin d’obtenir le dépôt d’une proposition de loi portant sur la réunification de la Bretagne. Reste à obtenir que le texte soit inscrit à l’ordre du jour. Reste à obtenir une majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat. Ce qui est loin d’être gagné. Mais tout ce qui peut empêcher le dossier de passer à la trappe est bon à prendre. Il faut que le sujet demeure dans l’actualité médiatique.

Acte 1 – Les choses sérieuses démarrent en 2018. Bretagne réunie organise une pétition que seuls des juristes pouvaient imaginer – on sort du Mouvement breton de papa : « Je demande, en application des articles L. 1112-15, L 1112-16 et suivants du Code général des collectivités territoriales, l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée délibérante du conseil départemental de Loire-Atlantique,  de l’organisation d’une consultation des électeurs de ce département sur la délibération à prendre par ladite assemblée visant à la modification des limites régionales, en incluant le département de la Loire-Atlantique dans le territoire de la région Bretagne. » A la surprise générale, les signatures affluent, à tel point qu’on approche du « dixième des électeurs » inscrits sur les listes électorales du département (82 111 signatures au 10 octobre) ; ceux-ci « peuvent demander à ce que soit inscrite à l’ordre du jour de l’assemblée délibérante de la collectivité l’organisation d’une consultation sur toute affaire relevant de la décision de cette assemblée » (article 1112-16). Mais « la décision d’organiser la consultation appartient à l’assemblée délibérante de la collectivité territoriale » (article 1112-16). Toujours hostile à la réunification, Philippe Grosvalet (PS), président du conseil départemental de Loire-Atlantique, va donc jouer sur ce dernier point et prendre les devants.

Il y avait treize Bretons courageux

Lundi 17 décembre 2018, les conseillers départementaux de Loire-Atlantique sont donc invités à se prononcer sur la question de la consultation. L’affaire est enterrée : 30 contre (Myriam Bigeard, Pascal Bolo, Vincent Denis, Bernard Gagnet, Marie-Paule Gaillochet, Abassia Hakem, Freddy Hervochon, Liliane Jean, Lydia Meignen, Fabienne Padovani, Ali Rebouh, Fanny Sallé, Malika Tararbit, Rodolphe Amailland, Pierre Bertin, Jean-Luc Besnier, Marcelle Chapeau, Anne-Marie Cordier, Marie-Christine Curaudeau, Anne-Sophie Douet, Véronique Dubettier-Grenier, Claude Gautier, François Guillot, Yannick Haury, Gatien Meunier, Serge Mounier, Agnès Paragot, Danielle Rival, Nelly Sorin et Nadine You. Ils sont 13 à avoir voté pour – contrairement à la position du président : Jérôme Alemany (PS, Nantes 4), Yannick Bigaud (divers droite, Guémené-Penfao), Jean Charrier (sans étiquette, Machecoul), Danielle Cornet (divers gauche, Pont-Château), Karine Fouquet (sans étiquette, Machecoul), Bernard Lebeau (PS, Pont-Château), Alain Robert (PS, Nantes 3), Marcel Verger (PS, Blain), Jean-Pierre Bernard (divers droite, Guérande), Chantal Brière (divers droite, Guérande), Catherine Ciron (LR, Châteaubriant), Bernard Douaud (divers droite, Châteaubriant) et Patrick Girard (LR, Pornic). On comptait également 15 abstentions : Bertrand Choubrac, Hervé Corouge, Annaïg Cotonnec, Carole Grelaud, Philippe Grosvalet, Françoise Haméon, Samuel Landier, David Martineau, Michel Ménard, Christine Orain, Catherine Touchefeu, Claire Tramier, Karine Paviza, Laurent Turquois et Christiane Van Goethem. Quatre conseillers départementaux n’ont pas participé au vote : Stéphan Beaugé, Erwan Bouvais, Elisa Drion et Charlotte Luquiau. A l’heure du vote, Philippe Grosvalet affichait une parfaite sérénité : il connaissait le résultat par avance. « On avait sondé les élus un peu avant », glisse sa garde rapprochée (Presse Océan, samedi 22 décembre 2018). Bénéficiant de l’appui de son assemblée, le président Grosvalet se trouve en position de force pour refuser de tenir compte des 105 000 signatures (dont 25 000 à Nantes) recueillies. Il faut donc essayer autre chose.

Un deuxième round

Acte 2 – Comme l’actuel découpage des régions est l’œuvre de la « loi n°2015-29 du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions » (François Hollande, président de la République, et Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur), les dirigeants de Bretagne réunie sont effectivement fondés à estimer que le droit rectifie le droit. Encouragés par le succès de la proposition de loi défendue par Paul Molac concernant les langues régionales, ils vont inciter les parlementaires bretons à déposer un texte prévoyant le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne. Parvenir à mobiliser les 37 députés et les 19 sénateurs de Bretagne exigera opiniâtreté et forte présence dans les médias. « Nous travaillons avec des députés et des sénateurs pour qu’ils constituent un groupe transpartisan et défendent une proposition de loi sur la réunification de la Bretagne et, pourquoi pas, Région autonome d’Alsace qui sortirait du Grand Est », explique Alan Coraud, coprésident de Bretagne réunie (Presse Océan, vendredi 23 septembre 2022). Cela ne suffira pas. D’abord parce qu’en cas de réunification, que deviendraient la Vendée, la Sarthe, la Mayenne, et le Maine-et-Loire, les autres éléments constitutifs des Pays de la Loire ? Il faut prévoir « quelque chose » pour eux… Ensuite parce que pour obtenir une majorité dans les deux chambres, il faut des alliés ; ce qui signifie intéresser à l’opération les représentants de régions qui ont été escamotées par Hollande ; à coup sûr les députés et les sénateurs de la Picardie, de la Lorraine, de la Champagne, du Limousin, de l’Auvergne, du Languedoc… apprécieraient que leur région reprenne vie. Pour ce faire, c’est à un redécoupage général qu’il faut procéder et non pas proposer un simple remodelage de deux secteurs de l’hexagone.

Bien sûr, en cas de réunification, se pose tout de suite la question de la capitale régionale. « L’antinomie entre Nantes et Rennes est artificiellement entretenue. D’autres régions ont démontré, en 2016, leur capacité à composer, à l’exemple de Caen et Rouen », souligne Alain Peigné, coprésident de Bretagne réunie (Dimanche Ouest-France, Loire-Atlantique, 25 septembre 2022). Actuellement, Rennes est la capitale de la Bretagne et Nantes la capitale des Pays de la Loire ; il faut donc s’attendre à ce que Nathalie Appéré et Johanna Rolland s’opposent à la réunification, toutes les deux soutenues par les élites de leur ville qui se regardent le nombril.

« La vie est un combat », disait de Gaulle.

Bernard Morvan

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Une réponse à “Réunification de la Bretagne : les parlementaires bretons mis au pied du mur”

  1. Nao dit :

    Qu’est venu faire le client de droite à peine visible à droite de Y ollivier ? Ce monsieur est certes dynamique mais malheureusement louvoie trop avec les partis parisiens. Ce n’est pas bon pour la Bretagne. Voir l’histoire récente en particulier. Il est encore temps pour lui, de changer son fusil d’épaule et de devenir un vrai chevalier breton : son pays d’abord.
    Au lieu d’utiliser son poste d’adjoint à Naoned en s’appuyant sur la pétition des 105 000 signatures récoltées par des bénévoles de l’asso Bretagne Réunie. Et en ne respectant pas le contenu de la pétition.

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