Cet été, 8 000 hectares de forêts et de bois ont brûlé en Bretagne. Un exemple : « L’incendie a emporté 400 hectares et en a parcouru environ 630, sur les 9 000 que compte la forêt de Brocéliande. Seule la zone du « Tombeau du géant », d’où est parti le feu, a été détruite. Il s’agit d’une sépulture du néolithique qui doit son nom à ses dimensions : la structure autour du tombeau, constituée de menhirs, fait près de 4 m de haut, 1 m de large et 1 m de haut. Pour ceux qui préfèrent croire aux légendes, il s’agirait quand même de la tombe d’un géant vaincu par les chevaliers de la Table ronde. » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, lundi 15 août 2022). D’après Julien Blanchin, ingénieur en charge du Morbihan au Centre national de la propriété forestière, on songe déjà au reboisement. « Cela va dépendre de quand vont se faire les coupes. Et puis, il y a un travail du sol à préparer. Ensuite on replante. Certaines parcelles seront replantées dès la fin de l’hiver et cela va s’étaler sur les quatre ou cinq prochaines années. Certains propriétaires ont tout perdu. Ils vont avoir besoin d’aides financières, car ce sont des investissements lourds. Il existe quelques aides comme le programme « Breizh Forêt Bois » de la région Bretagne qui couvre près de 50 % du coût du reboisement » (Ouest-France, Morbihan, lundi 12 septembre 2022)
Dans les monts d’Arrée, 2 858 hectares de landes et tourbières sont partis en fumée. Deux types de feux ont été observés : « Ceux, rapides, qui ont dévoré la surface et poursuivi leur course sans pénétrer en profondeur. Et ceux, plus lents, restés consumer les végétaux jusqu’aux racines », explique Alain Thomas, administrateur de Bretagne vivante (Le Télégramme, samedi 27 août 2022). Harmonie Coroller, chargée de mission Natura 2000 pour le parc régional d’Armorique, préconise des mesures simples pour prévenir les incendies : « Pour éviter que la lande ne s’enfriche, on travaille avec les agriculteurs. Soit ils la fauche tous les quatre-cinq ans et en font de la litière pour les animaux, soit ils font paître des bovins, moutons, chevaux. Cela freine l’avancée du feu et permet un meilleur accès aux sapeurs-pompiers. Ces activités doivent être pérennisées, elles ont un avantage écologique et économique. A l’avenir, nous allons réfléchir à nous doter d’une politique de prévention appelée « défense de la forêt contre les incendies. » (Libération, mercredi 27 juillet 2022). L’objectif étant d’équiper, d’aménager et d’entretenir l’espace forestier.
Le meilleur avis est évidemment celui que peut donner quelqu’un qui habite dans les monts d’Arrée et qui a pu assister « en voisin » aux incendies. C’est le cas de Fulup Plouzané. « Les choix de gestion ont fait la part belle au tourisme, dans ce secteur si propice à la randonnée. Un usage agricole « traditionnel », comme cela se faisait depuis des lustres, aurait permis d’entretenir cette lande. Des expériences ponctuelles ont été menées (fauchage des landes, écobuage…), mais la question de l’usage pastoral de ces terres froides a généralement été ignorée. Les éleveurs bovins du GAEC Black Angus de Saint-Rivoal ont bien montré que des parcelles pâturées laissent moins de prise au feu. Les voilà, les pare-feux dont nous aurions eu besoin ! Ce mode de gestion agricole adapté et durable est marginalisé, car il ne rentre pas dans les priorités des syndicats agricoles majoritaires : si ces terres ne peuvent pas être exploitées de manière intensive, on les laisse au tourisme et aux doux rêveurs écolos avec leurs élevages anecdotiques… Elles sont protégées et ne peuvent même pas être incluses dans les plans d’épandage dont les gros producteurs ont tant besoin. » (Le Peuple breton, septembre 2022)
Il ne faut compter ni sur la droite ni sur la gauche
En journaliste avisé, Fulup Plouzané parle aussi politique. « La droite, fin XXe siècle, puis la gauche, début XXIe siècle, ont failli. Le PS avait toutes les manettes, à la fois au Département, à la Région et au Parc naturel régional d’Armorique depuis une vingtaine d’années, avant de laisser la place à la bonne droite au Département et donc au Parc en 2021. Au début de son mandat, le président du conseil départemental [Maël de Calan, LR] avait annoncé la couleur : sa politique en matière d’écologie serait de planter 500 000 arbres. C’est un peu court ! Il a ressorti cette idée ici, mais c’est en bonne partie inadapté sur ce terrain, même avec l’aide de François Pinault ! » (Le Peuple breton, septembre 2022).
Effectivement, François Pinault a déjà annoncé qu’il apporterait son soutien financier à la reconstitution du site des monts d’Arrée. « En 1990, après l’incendie de la forêt de Brocéliande, j’avais eu à cœur de participer à son reboisement. Aujourd’hui c’est un autre des hauts lieux naturels et spirituels de la Bretagne qui est frappé. Le Breton que je suis se sent tout naturellement concerné. Une fois que les communes et les collectivités concernées auront arrêté leur stratégie de reconstitution de la végétation naturelle et qu’elles sauront le coût de ces travaux, je me tiendrai à leur écoute pour apporter ma contribution financière à cet effort. Je serai également attentif à l’amélioration de l’état de la chapelle Saint-Michel (…) Les monts d’Arrée sont l’une des plus belles expressions de l’âme bretonne. » (Le Télégramme, mercredi 20 juillet 2022).
Loïg Chesnais-Girard (ex-PS), président du conseil régional de Bretagne, a également parlé gros sous : « Il y a une volonté forte d’aller vite. La Région prendra sa part et sera aux côtés du Département. » (Le Télégramme, vendredi 29 juillet 2022). Mais, dans ce domaine, Pinault peut faire vite et fort – il en a l’habitude -, tandis que la Région doit se plier à différentes procédures, ce qui demande du temps et ralentit le démarrage des opérations de nettoyage et de replantation.
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Une réponse à “Incendies : La Bretagne a besoin d’argent”
Au lieu de consacrer une partie de nos impôts à des ONG qui jouent le rôle de passeur de migrants en situation illégale, départements et région feraient mieux de consacrer cet argent au bien-être et à la sécurité des bretons !