Nantes copie Marseille – D’après un magistrat nantais, « depuis le début de l’année, 33 dossiers ont déjà été ouverts après que des coups de feu ont été tirés à Nantes » (Presse Océan, samedi 13 août 2022). Il y a lieu de rectifier ce chiffre puisque une série de coups de feu a été constatée jeudi soir (18 août) et vendredi matin (19 août) dans les quartiers de Bellevue et de Contrie : 41 étuis ont été retrouvés au sol (Presse Océan, samedi 20 août 2022). Ce sont toujours les mêmes quartiers « populaires » – c’est le terme officiel utilisé par la classe politico-médiatique – qui sont concernés : Bellevue, bien sûr, mais aussi les Dervallières, Malakoff et le Breil – quartiers baptisés de « reconquête républicaine » (sic) en 2018 par Gérard Collomb, alors ministre de l‘Intérieur. Il y a six mois, on pouvait lire : « Depuis 2019, 156 fusillades ont été recensées dans la cité des ducs, faisant cinq morts et une cinquantaine de blessés » (Le Télégramme, lundi 20 décembre 2021) ; il n’y a donc rien de nouveau. Pascal Bolo (PS), adjoint au maire chargé de la sécurité, a évidemment un avis autorisé sur la question : « Il y a une concurrence de plus en plus forte sur les points de deal. A la fois parce que les enjeux financiers sont plus importants et parce que la police a changé de stratégie, en combinant harcèlement des points de deal et enquêtes de fond. Quand la police démantèle un point, il est repris par un autre et c’est là qu’on arrive à des règlements de compte. » Cette situation n’inquiète pas Bolo outre mesure : « Mais comparer Nantes à Marseille est parfaitement ridicule. » (Le Télégramme, lundi 20 décembre 2022). Lequel Bolo a d’autres chats à fouetter ; il est en effet très actif sur les réseaux sociaux pour flinguer Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, et la Nupes. Il n’est donc pas sur la même ligne que Johanna Rolland (PS), maire de Nantes, qui avait soutenu les candidats de la Nupes pendant les élections législatives (Presse Océan, samedi 27 août 2022).
Une perte pour les hôteliers et restaurateurs de La Baule – D’habitude, la fédération LR de Loire-Atlantique organise une université d’été le dernier week-end d’août chez son président Franck Louvrier, maire de La Baule ; c’est bon pour le commerce local (hôtels, restaurants, crêperies, bars, taxis, etc.). Mais il y a de l’eau dans le gaz depuis que Louvrier, tout en demeurant chez les Républicains, préconise un rapprochement avec la macronie : « A droite, nous avons plus de points communs que d’oppositions sur les réformes à lancer » (L’Express, 28 avril 2022). « On ne va pas rester sur le banc de touche pendant cinq ans » (Le Point, 28 avril 2022). Pour lui, l’avenir de la droite passera « par une majorité de coalition, comme il en existe dans plusieurs pays européens. Je pense que la recomposition politique de notre pays est maintenant entre les mains du futur président de la République. On peut travailler pour Emmanuel Macron, on ne peut pas travailler avec Marine Le Pen. » (Presse Océan, mercredi 13 mai 2022). Mais ce souhait d’une coalition ne convient pas aux adhérents du parti et, en particulier, à Anthony Béraud, secrétaire départemental LR de Loire-Atlantique. « Je suis sur la ligne de notre président, Christian Jacob. Pour une droite indépendante et constructive », affirme-t-il (Ouest-France, Loire-Atlantique, jeudi 23 juin 2022). « Une immense majorité de militants, élus et cadres du parti ne sont pas sur cette ligne [celle de Louvrier]. Il est important de pouvoir débattre au sein d’un parti politique, que chacun exprime son opinion. Mais, une fois que la ligne du parti est arrêtée, on la suit », poursuit-il (Presse Océan, vendredi 24 juin 2022). Avec un tel désaccord, difficile d’organiser une université d’été si les « militants » font grève et laissent Louvrier se débrouiller tout seul. Donc pas de rassemblement en 2022. Explication fournie par le maire de La Baule : « LR a en ce moment une direction provisoire. L’élection interne qui désignera la nouvelle présidence aura lieu les 3 et 4 décembre. Pas la peine d’engager une réflexion sur le fond tant qu’on n’aura pas une nouvelle direction » (Presse Océan, mardi 23 août 2022). C’est la solution la plus sage pour plusieurs raisons : ça évitera à Louvrier de se faire engueuler par la « base » et ça évitera aux différents candidats à la succession de Jacob (Eric Ciotti, Aurélien Pradié, Rachida Dati, David Lisnard, Michel Barnier…) de s’étriper en public.
Richard Ferrand va-t-il vendre des « conseils » au gouvernement ? – Dure journée que ce dimanche 19 juin 2022 pour Richard Ferrand (LREM), à l’époque député sortant de Carhaix et président de l’Assemblée nationale. Au second tour des élections législatives, il est en effet battu par Mélanie Thomin (Nupes-PS), professeur à Quimper : 23 948 voix (50,85 %) contre 23 144 (49,15 %) ; il aura donc manqué 804 voix à Ferrand. Rappelons qu’il fut élu en 2012 avec l’étiquette PS, réélu en 2017 avec celle de la République en marche, et finalement battu en 2022 après avoir pourtant fait des efforts méritoires puisque, pendant l’entre-deux-tours, il s’afficha avec Maël de Calan (LR), président du conseil départemental du Finistère, à Plougastel-Daoulas au cours d’une visite d’un établissement d’aide par le travail géré par les Papillons blancs (Le Télégramme, vendredi 17 juin 2022) ; mais ce ne fut pas suffisant pour récupérer tout l’électorat de droite. Autre mauvais coup pour Ferrand à la même période : l’association Anticor tente d’empêcher que la Cour de cassation ne classe définitivement l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Alors qu’il en était le directeur général, Ferrand avait monté une opération immobilière litigieuse : la location, à partir de 2011, par les Mutuelles de Bretagne de locaux commerciaux appartenant à sa compagne, Sandrine Doucen, pour un loyer annuel de 42 000 euros. Il faut préciser que ces locaux avaient été préalablement acquis par Mme Doucen par le canal dune société civile immobilière spécialement créée pour l’occasion – le loyer permettant de rembourser un emprunt bancaire de 402 000 euros, remboursables en quinze ans (Crédit agricole). Richard Ferrand a donc raison d’affirmer : « Oui, je suis un honnête homme. Tout ce que j’ai fait dans ma vie professionnelle est légal, public, transparent. » (France Inter, mercredi 31 mai 2017). Reste la reconversion. Après avoir refusé de rejoindre le cabinet d’Emmanuel Macron comme conseiller politique, l’ancien directeur général des Mutuelles de Bretagne prétendait vouloir rebondir dans le privé. « Richard a eu des propositions de plusieurs entreprises, je crois que c’est la voie qu’il souhaite poursuivre aujourd’hui, indique un élu breton avec qui il a échangé dernièrement. Après l’échec aux législatives, il n’a pas vraiment envie de revenir en politique. » (Le Télégramme, samedi 23 juillet 2022). En réalité, Ferrand n’a pas perdu de temps puisqu’il « préside depuis le 2 août la petite société qu’il vient de créer, Messidor, installée à Paris et dédiée au conseil, à la stratégie et à la communication » ; il pourra donc faire du fric en monnayant son carnet d’adresses et ses relations dans les sphères gouvernementales. Mais comme il s’agit d’un personnage « important », il bénéficie « d’une protection policière et d’une voiture du ministère de l’Intérieur, prise sur les moyens du Service de la protection (SDLP), les anciens Voyages officiels. Deux équipes, constituées chacune d’un officier de sécurité et d’un conducteur de sécurité, se relaient en permanence à ses côtés ». D’après Gérald Darmanin, Ferrand est « temporairement » protégé (Libération, samedi 27-dimanche 28 août 2022)
Tout est bon dans le cochon – Ancienne agricultrice, Nicole Le Peih (Renaissance) est député de Pontivy. Dans une tribune publiée par Le Journal du dimanche (28 août 2022), elle plaide en faveur d’un système de production alimentaire qui doit être à la fois « vital », « viable » et « vivable ». Tout le monde est d’accord sur ce point. Mais, en tant qu’agricultrice bretonne, Mme Le Peih nous semble très mal placée pour nous expliquer le « challenge à relever ». A la lire, il faut « produire durable pour protéger notre environnement : une agriculture qui épargne les ressources naturelles et protège la qualité des sols ». En effet ce qu’on appelle le « modèle agricole breton » – qui correspond à la politique défendue par la FNSEA – baigne dans le productivisme et ne prétend pas « protéger notre environnement ». On peut même écrire que cette agriculture industrielle possède une grande responsabilité dans la pollution des terres, des rivières et dans la fabrication des algues vertes qui pullulent sur certaines plages. Mais tout va bien puisque le porc breton poursuit sa hausse au marché de Plérin : 2,018 euros le kilo le 25 août.
Queffélec père et fils – Dans son dernier roman « D’où vient l’amour » (Calmann-Lévy), Yann Queffélec parle évidemment de la Bretagne. Si « la Bretagne est univers et le regard du Breton universel », c’est à « l’aber-Ildut familial » qu’il trouve le plus de plaisir. « Vous êtes au ras de l’océan, de plain-pied avec l’Atlantique et à l’extrémité de l’Asie », souligne-t-il. Quand on lui demande ce qu’il a fait avec l’argent du Goncourt qu’il avait remporté, il fait une réponse qui sort de l’ordinaire : « L’argent du Goncourt fait de vous un petit-bourgeois, ou un artiste de la réussite littéraire. Je n’ai rien contre ceux qui investissent, mais j’étais si gêné d’avoir reçu ce prix vis-à-vis de mon père, aussi écrivain [Henri Queffélec collectionnait les succès, en particulier avec « Le recteur de l’île de Sein » qui donna lieu à un film], qui aurait tant aimé l’obtenir, que j’ai voulu tout dépenser vite. J’ai acheté des Jaguar sans avoir le permis de conduire et, surtout, acquis un bateau à voile de toute beauté, que j’ai appelé Baba Yaga en hommage à la sorcière du conte russe. J’ai plusieurs fois traversé l’Atlantique à son bord. » (Les Echos week-end, 26 et 27 août 2022). Il suffisait d’y penser.
La Bretagne a besoin d’idées fortes – Avec Yves-Marie Cann, managing director chez FGS Global, cabinet de conseil en communication stratégique, nous entrons dans le vif du sujet : « Pour produire mieux et réduire notre empreinte carbone, produisons plus en France et en Europe (…) Entre 2000 et 2016, la France a perdu plus d’un million d’emplois industriels ! Il a suffi d’à peine plus de trente ans pour diviser par deux le poids de l’industrie dans le PIB, alors que nous faisions jeu égal avec l’Allemagne au sortir de la Guerre froide. Ce n’est pas l’Allemagne qui nous a distancés : c’est la France qui na décroché (…) Près de 40 % de l’empreinte carbone de la France est due à l’importation de produits fabriqués hors de l’UE, nous plaçant dans le peloton de tête des pays européens les plus importateurs de carbone. Au bout du compte, c’est la double peine : moins d’emplois et plus de carbone. » (Les Echos, vendredi 19 et samedi 20 août 2022). Jean Bothorel, écrivain et journaliste, s’intéresse au sort du citoyen ordinaire et ne semble pas convaincu par les propos d’Emmanuel Macron : « Or, il est de plus en plus improbable qu’une majorité de Français soit sensible à la rhétorique alarmiste de ses discours. Non seulement nos concitoyens ne semblent pas prêts aux sacrifices que la conjoncture internationale risque de leur imposer mais ils attendent, au contraire, une relance de leur pouvoir d’achat, une hausse de leurs salaires, une baisse de leurs charges, une amélioration de leurs conditions de travail. » (Le Télégramme, mercredi 24 août 20122). Tout cela est bel et bon, mais le serait bien davantage si l’un et l’autre avançaient quelques idées concrètes pour la Bretagne. En additionnant les cellules grises de la « communication stratégique » et du « journalisme », on devrait obtenir quelque chose d’intéressant… Un exemple de sujet important : l’avenir de la Bretagne intérieure – l’axe Châteaubriant-Carhaix.
Bolloré Airlines – Claire Desmares, chef de file des élus Europe Ecologie Les Verts au conseil régional de Bretagne, est très remontée contre les jets privés : « Mais, oui, il faut interdire les jets privés. Car, aujourd’hui, les plus riches sont les plus grands contributeurs à la catastrophe climatique. Quand une solution en train en moins de 2 h 30 existe, on interdit les vols intérieurs. Pourquoi les riches auraient-ils le droit de s’émanciper de cela ? A un moment donné, c’est une question de justice sociale. » (Le Télégramme, mercredi 24 août 2022). Il n’est pas certain que Vincent Bolloré soit de cet avis. En effet, lundi 8 août 2022, un avion de son groupe a effectué dans la journée un circuit étonnant : Paris-Palerme (1 h 50 minutes), puis Palerme-Nice (1 h 07), puis Nice-Paris (1 h 07), puis Paris-Toulon (55 minutes), enfin Toulon-Paris (1 h 08) ; il paraît que ça correspond à deux ans d’empreinte carbone moyenne d’un Français (L’Obs, 25 août 2022)
Ecosse 2023 – Pour les conservateurs au pouvoir à Londres, Nicola Sturgeon, Premier ministre d’Ecosse, est la « femme la plus dangereuse du Royaume-Uni ». Elle a fixé au 19 octobre 2023 la date du prochain référendum portant sur l’indépendance. Le deuxième, après celui de 2014, où le non l’avait emporté à 55,3 %. « Mme Sturgeon peaufine ses arguments depuis des années. Elle a une vision, celle d’une Ecosse indépendante, qui rejoindrait l’Union européenne (UE) quittée à regret par des Ecossais ayant voté à 62 % contre le Brexit en 2016, et qui trouverait naturellement sa place dans le club des pays nordiques, Danemark ou Norvège, auxquels le SNP aime identifier l’Ecosse. » Mais, si la date du 19 octobre 2023 ne peut tenue, « le SNP jettera toutes ses forces dans la campagne des élections législatives britanniques prévues avant la fin 2024, pour en faire un « référendum de facto sur l’indépendance » (Le Monde, vendredi 8 juillet 2022). Effectivement, si l’Ecosse revenait dans l’Union européenne, elle pourrait bénéficier des aides que Bruxelles accorde aux nouveaux « entrants », souvent périphériques. Point important : l’agriculture écossaise bénéficierait des subventions apportées par la Politique agricole commune (PAC).
Corse autonome – Pour Jean-Guy Talamoni, leader du parti indépendantiste Corsica Libera et ancien président de l’Assemblée de Corse, l’image d’une Corse sous « perfusion » de l’Etat ne tient pas debout : « Les chiffres officiels ne prennent pas en compte tous les revenus de l’île, comme ceux issus des jeux d’argent ou des contraventions, pas plus que les revenus, considérables – les sommes sont secrètes – que la France génère en louant la base aérienne de Solenzara. Surtout il faut imaginer qu’une fois autonomes, puis indépendants, nous mènerons une politique, notamment économique, totalement différente. Nous mettrons fin au principe de la continuité territoriale qui a favorisé la concurrence à nos productions locales et nous a coupés de marchés potentiels. Et nous lutterons bien plus efficacement que l’Etat contre le « paracommerce », autrement dit « le noir », qui, dans le domaine du tourisme, représente 75 % de l’offre en Corse ! » (L’Obs, 30 juin 2022). Rappelons qu’au cours d’un voyage en Corse (16 mars 2022), Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, avait déclaré : « Nous sommes prêts à aller jusqu’à l’autonomie ». « La vie est un combat », disait de Gaulle. Evidemment, tous les Corses ne partagent pas l’analyse de Talamoni, en particulier les élus de droite. Lesquels n’oublient jamais de rappeler que 18,5 % de la population de l’île se trouve sous le seuil de pauvreté, soit le plus haut score français, si l’on excepte les territoires d’outre-mer.
Bernard Morvan
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3 réponses à “Nantes, La Baule, Ferrand, Bolloré, Corse, Ecosse…A part ça, tout va bien”
tous ces blablabla et bien rappelez vous KYOTTO ce sont les CHINOIS ET LES USA qui ont refusés de signer les accords et boum la culpabilité sur notre pays !!!
n’oubliez pas Monsieur le maire de LYON nous n’avons jamais su d’où le coups sont venus pas vrai ????
un monsieur avec un titre de ministre et bien c’est le feu vert pour nous entortiller l’esprit !!!
AMITIES
pas lu mais bravo a nos bretons !!!
jusqu’ici tout va bien … mais demain?