Près de 1 400 personnes se sont présentées comme sans-abri auprès du Housing Executive en raison d’intimidations paramilitaires au cours des cinq dernières années en Irlande du Nord. Les chiffres du Northern Ireland Housing Executive (NIHE) montrent également combien de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile en raison de comportements antisociaux et d’intimidations liées à l’orientation sexuelle ou à la race.
Au cours des 12 mois précédant avril, 286 personnes se sont présentées comme sans-abri au NIHE en raison d’une victimisation sous diverses formes. L’intimidation paramilitaire était la plus répandue, représentant 142 personnes, en baisse par rapport au chiffre de 236 de l’année précédente. Depuis le début de l’exercice 2017/18, 1 392 personnes se sont déclarées comme ayant été obligées de quitter leur domicile (se retrouvant parfois à la rue) pour cette raison.
En 2021/22, 17 personnes ont déclaré avoir été mises à la rue en raison d’un comportement antisocial, 14 en raison d’une intimidation sectaire (NDLR : intimidation liée à l’appartenance à une communauté), tandis qu’il y en avait moins de cinq en raison de l’orientation sexuelle et de l’intimidation liée à la race.
Le député DUP (unioniste) David Brooks a suggéré que la pandémie de COVID 19 a pu masquer une partie du problème et qu’elle expliquerait une baisse récente des chiffres :
« Pendant cette période, il y aura eu moins d’activité en général, et ceux qui souffrent d’intimidation de toute sorte se seront sentis moins libres de quitter leur maison. En m’engageant dans la communauté, je suggérerais que les raisons de cette réduction sont plus nuancées que les chiffres le suggèrent initialement et nécessitent un examen plus approfondi. Cela dit, la réforme de notre système de points [qui est utilisé pour attribuer les logements] doit également progresser à un rythme soutenu. Je ne veux pas minimiser la complexité de trouver le bon équilibre, mais la crise actuelle du coût de la vie s’ajoute à la crise du logement »
M. Brooks a déclaré qu’il sait, de par sa propre expérience récente, que même le marché locatif privé devient très compétitif et que de nombreux propriétaires demandent deux mois de loyer comme caution, ce qui met cette option « de plus en plus hors de portée des personnes bloquées sur les listes d’attente du NIHE ».
Un porte-parole du Housing Executive a déclaré : « Bien que les intimidations, de tous types, aient diminué de manière significative ces dernières années, elles sont toujours bouleversantes pour ceux qui subissent ce type de crime et nous continuerons à aider et à soutenir les personnes concernées. Dans ce cadre, nous nous renseignerons auprès de diverses sources afin de faciliter le processus de décision. Notre personnel déterminera si le seuil d’application des points d’intimidation a été atteint ou non, conformément à la législation en vigueur. Des points supplémentaires pour le logement peuvent alors être appliqués pour aider le ménage concerné à obtenir plus rapidement une nouvelle location »
En Irlande du Nord, durant les Troubles, des dizaines de milliers de membres de la communauté catholique, comme de la communauté protestante ont été, parfois en quelques heures, obligés de quitter leurs logements parce qu’ils n’habitaient pas dans les « bons quartiers » ou parce qu’ils étaient accusés tout simplement par les résidents de compromission avec « l’ennemi ». A l’heure actuelle, si les chiffres ont copieusement diminué, il n’en demeure pas moins que les gangs paramilitaires – dont certains se préoccupent plus de trafic de drogue que de politique – font encore régner, en partie, une certaine peur aboutissant encore à ce type de conséquence, dramatique dans un pays déjà rongé par la crise du logement.
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