22/11/2014 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – Les lieux ont toujours une histoire. Ce fut d’abord un chemin bordé de prairies et d’arbres longeant le bord de la Loire à Saint Sébastien à côté de Nantes. Aujourd’hui c’est le boulevard des Pas- Enchantés emprunté chaque jour par des milliers de véhicules. Il est néanmoins demeuré bucolique grâce à la végétation et à la vue magnifique sur les iles de la Loire : iles Pinette, Héron, Forget. D’où vient ce nom poétique et assez énigmatique donné en 1964 à cet ancien chemin par la commune de Saint-Sébastien durant la mandature du docteur Marcellin Verbe ?
Le boulevard doit son nom à une autobiographie romancée d’Alphonse de Châteaubriant (1877-1951) : Les pas ont chanté dans laquelle il évoque sa jeunesse à Nantes et les trente années passées à Saint- Sébastien dans la maison que son père lui avait donnée : « Le Petit portail ».
Dans cet ouvrage il décrit ainsi son logis et les paysages environnants : « Une maison tapissée de roses, un balcon d’où je vois d’entres les saules couler l’argent de la Loire et, tout autour, un vieux jardin, livré à une fleur jaune d’or éclatante. /…/ Toute la région autour de mon logis est couverte de ces chemins étroits, encaissés entre ces vieux murs, tous murs à même barbe, qui limitent même terrains couverts de cloches de verre, mêmes maraîchers silencieux, mêmes maisons de plaisance enfouies au milieu de leurs arbres, « folies » que les riches armateurs de Nantes se firent construire au dix huitième siècle. /…/ A ma gauche, les brumes de la Loire et les hauts peupliers. Dans le lointain, la masse bleutée de la cathédrale…Et j’arrive à un village : Saint-Sébastien. »
Prix Goncourt en 1911, pour son roman Monsieur des Lourdines, Alphonse de Châteaubriant devait être couronné en 1923 par l’Académie française pour son chef d’œuvre La Brière qui connut le plus fort tirage de l’entre deux guerres.
Si la narration et le style, la même union de l’homme et de la nature se retrouvent dans Les Pas ont chanté comme dans ses autres romans, l’ouvrage paru en 1938 n’eût pas et de loin le même succès. En effet, l’année précédente Alphonse de Châteaubriant, en publiant un fuligineux essai sur l’Allemagne nazie intitulé La Gerbe des forces, avait signé là une sorte de suicide littéraire. Pendant la guerre il devait défendre avec ferveur la collaboration avec l’Allemagne. Condamné à mort, frappé d’indignité nationale, il mourut exilé en Autriche en 1951.
Aujourd’hui reste le patrimoine.
Claude Bily
Crédit photo : Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.