17/10/2013 – 12h00 Brest (Breizh-info.com) – L’Express (11/09/13) s’est intéressé aux 1573 personnalités politiques les plus importantes qui détiennent 1897 mandats politiques et occupent des milliers de fonctions. Le classement établi par l’hebdomadaire prend en compte d’une part le nombre de mandats et fonctions détenus par l’élu et d’autre part l’indice de cumul. Ainsi un titre de parlementaire, de maire d’une grande ville ou de président d’un grand exécutif équivalent à un plein-temps vaut 10 points ; mais seulement 4 points pour un « simple » conseiller régional ou général et 6 si l’élu est vice-président de l’assemblée ; 10 pour le maire d’une commune de plus de 50.000 habitants, etc. Les fonctions annexes ont été notées de 1 à 3 points selon leur importance (3 points pour la présidence d’un syndicat de transports urbains et un seul pour celle d’une association départementale de maires, par exemple).
Quelques élus bretons figurent dans le tableau des 141 qui cumulent le plus. Ainsi, à la 25ème place, on trouve François Cuillandre (PS, Brest) avec 10 mandats et fonctions et 37 points d’indice de cumul. A la 50ème apparait Norbert Métairie (PS, Lorient) : 7 et 33. A la 67ème, Daniel Delaveau (PS, Rennes) : 6 et 31, ainsi que Bernard Poignant (PS, Quimper) : 7 et 31. A la 90ème, Patrick Rimbert (PS, Nantes) : 7 et 29.
Sur le site internet de l’Express on trouve le palmarès des 1573 « grands élus » de la république française, classés par régions administratives. Nous avons recomposé ce classement à l’échelle de la Bretagne (5 départements). Bien entendu nous ne reprendrons pas à notre compte ce titre de Ouest-France (page Bretagne, 14-15 septembre 2013) : « Les élus bretons ne sont pas cumulards », même si les élus bretons du peloton de tête sont loin d’un Michel Delebarre (PS, Dunkerque) qui totalise 3 mandats et 23 fonctions, d’un Jean-Michel Baylet (PRG, Toulouse) qui additionne 4 mandats et 6 fonctions, où d’un Jean Germain (PS, Tours) qui empile 3 mandats et 9 fonctions.
Alors que l’Assemblée nationale et le Sénat ont déjà adopté un texte qui restreint le cumul des mandats – il sera désormais impossible de porter simultanément une casquette de parlementaire et une seconde de membre d’un exécutif local – on peut revenir sur quelques aspects de l’affaire. Une étude très complète, réalisée par l’universitaire Laurent Bach sur la période 2007-2012, aboutit à trois conclusions limpides : 1°) Les députés et les sénateurs cumulards participent moins aux travaux des commissions et aux séances publiques. 2°) Plus leur mandat local est important, plus cet écart grandit. 3°) Ils concentrent leur activité au Parlement sur les sujets qui touchent soit à leur circonscription particulière, soit à la gestion des collectivités locales.
Il serait inélégant de ne pas terminer en consacrant quelques lignes à notre champion breton, François Cuillandre. Profil type d’un cacique socialiste : à savoir ancien inspecteur des impôts, ancien chargé de mission au cabinet de Louis Le Pensec, alors ministre des DOM-TOM, et, parallèlement, premier secrétaire fédéral de la fédération Finistère du PS. Depuis 2002, il est maire de Brest et, depuis 2004, président de la communauté de communes (Brest, Métropole Océane). Il s’est essayé à la députation, avec succès en 1997, mais battu par Marguerite Lamour en 2002 et 2007. Ces échecs obligent à rappeler que ses scores aux élections municipales ne sont pas mirobolants. Ainsi, en mars 2008, il fut réélu avec 61,68% des voix au second tour, mais avec une abstention anormalement élevée pour une élection locale, à savoir 49,70%. Popularité limitée donc qui induit une incontestable fragilité électorale.
Puisque le maire de Brest n’est pas parlementaire, comment expliquer qu’il parvienne à additionner dix mandats et fonctions ? Ce ne serait pas de sa faute…Ce serait contraint et forcé qu’il cumulerait : « Le mandat de maire implique des fonctions résultant de la loi [présidence du centre communal d’action sociale, de la mission locale] et de la particularité du territoire [présidence de l’hôpital ou de l’office HLM] », indique-t-il à Ouest-France (14-15/09/13).
Malheureusement le lecteur restera sur sa fin puisque M. Cuillandre préfère rester dans le vague et ne pas expliquer en quoi consiste ses dix mandats et fonctions. Par exemple, il représente les communautés urbaines au Comité des finances locales…Evidemment, pour pousser les élus dans leurs retranchements, il ne faut pas compter sur les journalistes d’Ouest-France – ce n’est pas le genre de la maison. On préfère la complaisance au souci d’être précis, exact, complet. Dommage.
Photo : jyc1/Frlickr (cc)
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Une réponse à “Cumul des mandats : le maire de Brest, François Cuillandre (PS), en pôle position pour la Bretagne”
Combien coûte la machine politique française au contribuable ?
Probablement bien plus que le trou de la sécu !