Actuellement, la maison d’arrêt de Nantes est plus que débordée, avec 799 détenus pour 420 places, ce qui a conduit à quatre agressions du 19 au 23 avril. Mais ce sont aussi des violences récurrentes entre détenus.
« Depuis mi-avril, il n’y a pas eu un jour sans agressions entre détenus à la maison d’arrêt », relève William Cozic, délégué FO Pénitentiaire à Nantes. « Ce qui vient s’ajouter à une détention compliquée – on a beaucoup de gros profils en ce moment, dont un qui nous a été transféré de Bordeaux où il a participé à une mutinerie, d’autres qui sont en attente de procès à Nantes, et en plus habituellement notre maison d’arrêt hérite de tous les profils compliqués de la DI [direction interrégionale], et puis la surpopulation, c’est aussi trois personnes par cellule, donc quand on ouvre le matin, on sait qu’on peut en avoir trois à gérer au lieu de deux, ça peut faire la différence ».
Du côté de l’EPM, qui tourne en dessous de la quarantaine de détenus, le contexte est plus calme, « même si on en a un depuis peu, âgé de 16 ans, qui est totalement ingérable ». Et derrière les hauts murs de la prison, le Ramadan se passe « dans le calme. Mais c’est bientôt fini » [début mai].
Par ailleurs, fin avril, un détenu libérable en 2023 condamné pour stupéfiants, un de ses amis en liberté et sa petite amie ont été condamnés ensemble pour avoir introduit des produits stupéfiants lors de parloirs, une dizaine de grammes pendant 7 parloirs. La petite amie a déclaré que la drogue lui permettait « d’avoir une vie meilleure en détention », tandis qu’un de ses avocats constate « la banalité du produit en détention » qui y assure « la paix sociale ». Faudra-t-il décerner le mérite (agricole) au mis en cause ?
L’affaire, découverte lors d’investigations sur des violences conjugales, a aussi permis de faire cesser le trafic de stupéfiants de l’homme en liberté, à raison de 2 à 3 kilos de cannabis en onze mois – un micron dans l’immensité du trafic de Nantes. Chez ce dernier, 800 grammes de résine de cannabis et 3600 € ont été retrouvés – le trafic payait ses dépenses courantes, son salaire était intégralement mis de côté pour acheter un bien immobilier, et lui vivait chez ses parents. Le détenu a pris six mois ferme de plus, et son ami libre va le rejoindre, condamné à un an ferme, avec mandat de dépôt.
Louis Moulin
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