La dépouille d’Yvan Colonna a été accompagnée sur une partie de son cortège funéraire ce mercredi soir en Corse. Dans le même temps, la collectivité de Corse annonçait que tous les drapeaux corses de l’île étaient mis en berne.
Plusieurs centaines de personnes sont réunies sur la route de l'aéroport d'Ajaccio en attente du convoi funéraire d'Yvan Colonna pic.twitter.com/NdcrnETarK
— Corse-Matin (@Corse_Matin) March 23, 2022
Que fait l’Etat français ? Il se raidit. Donne un coup de menton et parle de « faute » par l’intermédiaire du président Macron. L’Etat français qui a été incapable de ramener l’ordre à Notre-Dame des Landes et dont le président a pris la parole à la télévision dans l’affaire Léonarda, veut faire montre d’une certaine autorité. Il n’y a pas pire qu’une ablette qui veut jouer les hommes…
Car l’Etat français est le seul responsable du gâchis en Corse. Aujourd’hui Yvan Colonna n’est plus un assassin (que la seule témoin du meurtre n’a jamais reconnu), il est devenu une icône. Martyr d’une jeunesse corse déterminée et virile qui vaut 100 fois mieux que nos non-binaires bretons. Colonna est devenu le symbole de la lutte clandestine et du maquis qui aura constitué l’imaginaire de générations de Corses. Claude Erignac était le héros des préfets, des inspecteurs des finances et des hauts-fonctionnaires parisiens, Yvan Colonna est le héros de la jeunesse corse.
Car si les jeunes corses ont fait d’Yvan Colonna, un symbole de la résistance, l’Etat français aura fait de Claude Erignac un symbole de sa toute-puissance. Vous pouvez tuer un citoyen, un policier, vous ressortirez de prison un jour ou l’autre, vous tuez un préfet de l’Etat français, vous aurez le droit à un traitement spécial. Perpétuité réelle. Car si le meurtre d’un boucher-charcutier c’est trois lignes dans les journaux, le meurtre d’un préfet c’est comme tuer la France. Salah Abdeslam ressortira un jour, Colonna ne sortira jamais. Et il n’est pas dit que Ferrandi et Alessandri sortent. Car ils ont assassiné un représentant de l’Etat profond français. Le crime des crimes ! Pire que de tuer 10 000 bébés ! Yvan Colonna n’était officiellement pas un prisonnier politique, mais au regard de l’Etat français c’était le plus politique des prisonniers !
En miroir, la jeunesse corse a décrété que Yvan Colonna était le symbole des symboles. Symbole de ses frustrations, de ses attentes déçues, du mépris de l’Etat français à l’égard de la Corse et de son désir d’autonomie.
Le pire est que tout le monde semble avoir oublié qu’Yvan Colonna a été assassiné par un islamiste, la jeunesse corse ne retenant que sa haine a l’égard de l’Etat français assassinu.
Il faut dire que le mantra de ce même état est : « en démocratie il ne peut y avoir de violence politique, votez, élisez pacifiquement vos représentants et la démocratie décidera ». Il y a sept ans, la démocratie a décidé en Corse. Décidé qu’il fallait une certaine autonomie pour l’île. Choix plusieurs fois confirmé depuis et… rien ne s’est passé. L’Etat français a fait comme si les radicaux de gauche avaient pris la place des LR. Comme si la Corse était la ville de Soisson et que trois parkings en plus allaient marquer le règne de la nouvelle majorité. Depuis, les émeutes sont passées par là et sept nuits de cocktails molotov auront fait plus avancer la cause de l’autonomie que sept ans de pouvoir autonomiste.
Ce mercredi soir, Yvan Colonna est devenu un saint. Sur la route du cortège, les Corses touchaient son corbillard comme on touche une relique sacrée. L’Etat français a créé un merdier par son refus de voir que presque 300 ans après avoir été achetée, la Corse n’est toujours pas devenue française. Comme ces jeunes immigrés qui sont moins français que leurs parents et veulent un califat en Seine Saint-Denis et dans votre salon. Comme l’assassin de Colonna qui, bien que né au Cameroun, avait obtenu la nationalité française. Ah on le mesure le rêve jacobin de « l’assimilation ». Assimilation par un emploi à la RATP, la lecture de Victor Hugo et un Liddle pas trop loin ! Mais la mémoire identitaire est têtue. Et profonde.
En Corse, l’Etat français par son aveuglement a créé un merdier, un incendie qui ne s’éteindra jamais.
Anne-Sophie Hamon
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6 réponses à “Yvan Colonna, Corse : l’art du gâchis [l’Agora]”
Si en trois siècles la France n’a pu faire des Corses de vrais Français, qu’espère-t-elle faire avec des migrants subsahariens ?
C’est quoi d’ailleurs un vrai français ? Moi qui suis né en Basse Bretagne, j’ai jamais compris l’idée, je suis breton, je suis francophone mais je vois pas en quoi je suis censé être français, c’est parce que je mange du fromage et bois du vin rouge ? Je rigole mais ça fait des années que je vis à l’étranger, cela n’a fait que confirmer mon idée que je suis breton, point barre, et sincèrement, expérience à l’appui, je me sens aussi proche d’un francophone de Lyon, de Bruxelles ou de Ouagadougou.
L’assassin de Colonna est un islamiste et les corses ne l’ont certainement pas oublié.
En Corse, contrairement à ce qui se passe sur le continent français, les musulmans radicalisés ou pas rasent les murs et savent qu’ils ont intérêt à se tenir tranquille. Il ne faut pas oublier la détermination voire même les menaces directes du FLNC à l’égard des islamistes en cas d’agression du peuple corse ou même d’attentat sur le sol corse et le fait que les corses n’hésitent pas lors de problèmes d’insécurité dans les quartiers musulmans de leurs villes (Ajaccio par exemple) à défiler pour exprimer leur mécontentement en criant « ici c’est chez nous ! ou même nous sommes chez nous, pas vous ! ».
C’est comme si après des incivilités couramment observées dans le quartier islamisé de Pontanezen à Brest, les brestois manifestaient avec le même slogan que les ajacciens. Ce n’est évidemment pas imaginable car il y a bien longtemps que les brestois de souche ne sont plus chez eux à « Ponta ». C’est, à l’évidence, cette passivité des brestois, des autres bretons et surtout de leurs élus, à l’égard des incivilités commises presque tous les jours par les maghrébins et les africains, qui explique que ces derniers règnent désormais en maitres dans leurs enclaves islamisées.
Qui oserait dire que finalement, ce ne sont pas les corses qui ont raison de défendre leur territoire car à ma connaissance, il n’y a jamais eu d’attentat islamiste en Corse.
En tout point d’accord avec vous. Exemple : https://youtu.be/ksNmbZVNqUo
Yvan Colonna aurait pu continuer sa peine dans une prison Corse, près de sa famille, ainsi que cela a été possible pour tant de prisonniers.
On a demandé à Madame Dominique Erignac si elle était d ‘accord et elle a refusé.
On comprend le chagrin que cette dame veuve, privée de son époux, peut ressentir. Mais – ce n’est que mon avis – elle aurait pu avoir cette grandeur d’âme. Ce qu’elle ne pouvait imaginer, c’est le drame qui s’est déroulé entre des murs d’une prison devenue meurtrière.
Elle aurait pu tout empêcher.
Une tragédie à l’antique, en noir sous le soleil, très virile.
J’ai lu qu’était présente la dame visiteuse de prison qui est venu voir Yvan Colonna chaque mois pendant 12 ans.
La chapelle sera ouverte pendant 15 jours pour que les Corses puissent venir saluer le défunt.
Les Bretons aussi ont un grand respect des morts.
Le berger a rejoint sa famille, son île, et il a un fils.
un islamiste violent et particulièrement à surveiller, laissé en liberté pour assassiner quelqu’un, voilà le vrai problème !