29/10/2014 – 07H00 Paris (Breizh-info.com) – 16 Octobre : le Premier ministre adresse une lettre de 7 feuillets à Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche. Après deux feuillets et demi de lieux communs sur les valeurs qui unissent socialistes et radicaux, Manuels Valls arrive enfin à l’essentiel. La promesse de supprimer les départements, pourtant formulée par le Premier ministre et le chef de l’Etat, est enfin abandonnée. Un engagement chiffré est même mis noir sur blanc : « au moins la moitié des actuels conseils départementaux » sera « pérennisée ».
Cela tombe bien, les élus radicaux de gauche sont donc eux aussi « pérennisés ».
Traduction : plus d’une cinquantaine de conseils départementaux seront maintenus en zone rurale. Un point crucial de désaccord entre le PRG et l’exécutif est donc levé, même si Baylet réclame « plus de précision » sur l’engagement du Premier ministre d’octroyer des « compétences significatives » aux futurs départements.
La vérité est qu’actuellement, à cause des 33 députés socialistes « frondeurs », le gouvernement ne dispose plus de la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Le renfort des 17 députés radicaux de gauche est donc devenu indispensable ; on a pu le vérifier lors du vote des recettes du projet de loi de finances 2015 au Palais-Bourbon. Pas de radicaux de gauche, pas de majorité. D’où l’obligation de fournir une honnête rétribution à ces alliés devenus précieux.
A l’Assemblée nationale, le groupe « Radical, républicain, démocrate et progressiste » constitue donc, désormais, un groupe charnière avec lequel le gouvernement doit compter. D’où ce cadeau concernant les conseils départementaux situés en zone rurale – là où les élus radicaux sont bien implantés (sauf en Bretagne).
Confirmation de ce virage à 180 degrés est donnée par Manuel Valls dans un entretien accordé au premier numéro de L’Obs (nouvelle appellation du Nouvel Observateur) : « La réforme la plus important, c’est celle des régions. Parce qu’elle va changer profondément la réalité du pays avec douze régions plus fortes, à taille européenne, ayant désormais toutes les compétences sur le volet économique. Cette réforme jugée « impossible » sera votée avant la fin de l’année. Nous avons crée les grandes métropoles, réformé les intercommunalités pour leur donner davantage de moyens d’action. Mais il y a aussi dans certains territoires ruraux, périurbains, un sentiment profond d’abandon au grand besoin de proximité. Il n’est donc pas absurde que, dans les départements ruraux, on conserve les conseils départementaux. Le pragmatisme n’est en rien contradictoire avec la réforme ».
On le voit, le Premier ministre ne s’est pas contenté d’annoncer qu »il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s’attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par un surmoi marxiste et par le souvenir des Trente glorieuses' ». Mais la gauche que porte Manuel Valls « garde un idéal : l’émancipation de chacun. Elle est pragmatique, réformiste et républicaine ». Donc plus « socialiste » ferait remarquer Jean-Claude Michéa.
Si les conseillers départementaux socialistes bretons des départements ruraux que sont les Côtes d’Armor et le Morbihan avaient la reconnaissance du ventre, ils quitteraient en bloc le parti de la rue de Solferino pour rejoindre le PRG, formation à laquelle ils devront peut-être leur survie après 2021 !
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