Le 24 février dernier, le président russe Vladimir Poutine annonçait que la Russie entrait en guerre contre l’Ukraine. Rapidement, les premières troupes russes pénétraient en territoire ukrainien. Les combats ont depuis entrainé d’importants mouvements de population. Au 9 mars, plus de 2 millions de réfugiés avaient fui l’Ukraine. Parmi ceux déjà arrivés en France, une partie importante n’est pas de nationalité ukrainienne.
La population étrangère en Ukraine
L’Ukraine comptait en 2020 selon l’OIM 293 000 résidents étrangers permanents. Le pays accueille également un grand nombre d’étudiants étrangers, 76 500 en 2020. La faible coût de la vie, le bon niveau de l’enseignement supérieur et la proximité du marché du travail européen contribuent à rendre l’Ukraine attractive. Un quart des étudiants étrangers en Ukraine est originaire d’Afrique (Nigéria, Maroc et Egypte). Plus globalement, les nationalités les plus représentées parmi les étudiants étrangers présents en Ukraine sont les Indiens, les Marocains et les Turkmènes.
Depuis le début du conflit, plusieurs pays ont organisé le rapatriement d’Ukraine de certains de leurs ressortissants. Mais d’autres étrangers vivant en Ukraine suivent un autre itinéraire. Selon les dernières informations disponibles, un nombre conséquent d’extra-Européens arrivant en France fait partie du flot de réfugiés venu d’Ukraine.
Un non Ukrainien sur trois parmi les réfugiés en France
Le quotidien le Figaro révélait dans son édition du 9 mars que parmi les 5 000 premiers migrants venant d’Ukraine arrivés en France à cette date, « 30 % sont des migrants d’autres nationalités, dont beaucoup d’Algériens », suivis par les Ivoiriens, les Marocains et les Indiens.
L’exode en cours a également des répercussions sur la situation à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne. De nombreux migrants, dont le nombre reste selon l’OIM difficile à évaluer, étaient avant le début du conflit toujours présents en Biélorussie depuis l’offensive migratoire lancée en 2021 par ce pays contre les pays frontaliers.
L’ouverture en grand des frontières entraine des effets d’aubaine. Selon une source du ministère de l’intérieur citée par le Figaro, « « la plupart des personnes qui étaient refoulées à l’époque ( à la frontière avec la Biélorussie NDLR) ont pu passer depuis et la guerre a rebattu les cartes ». Les migrants originaires d’Afrique, d’Asie et de Proche-Orient qui arrivent à pied après plusieurs jours de marche à la frontière polonaise se compteraient d’ores et déjà par milliers. Beaucoup se feraient passer pour des étudiants pour entrer dans l’Union européenne.
Une initiative pour favoriser l’accueil des étudiants africains en France
Le Conseil présidentiel pour l’Afrique créé par Emmanuel Macron effectuerait actuellement selon le journal L’Opinion avec l’association CAAP Education un recensement des étudiants africains encore présents en Ukraine afin de « préparer leur accueil » en France. Les autorités françaises et les directions d’université seraient ensuite sollicitées pour accueillir les étudiants africains dans notre pays.
La commission européenne a annoncé le 2 mars une simplification des formalités de contrôle à la frontière ukrainienne commune avec l’Union européenne. La marge de manœuvre est étroite dans le contexte actuel, entre l’urgence de mettre rapidement à l’abri des combats la population civile et la nécessité de ne pas créer un appel d’air à une immigration clandestine jusqu’à maintenant fermement repoussée à l’est de l’Europe.
Paul Tormenen
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