Fouché de Nantes (1759-1820)

Le ministre de la Police de Napoléon a laissé sa trace dans l’histoire de France. Fils d’un capitaine négrier du Pellerin (péri en mer en 1771), oratorien épris des Lumières, défroqué, engagé dans la révolution la plus radicale, il est un des acteurs majeurs de la Terreur. Conventionnel envoyé dans les départements pour « électriser » (le terme est d’époque) les citoyens contre l’ennemi intérieur – girondins, royalistes – supposés conspirer avec l’étranger, Fouché commence par déchristianiser la Nièvre. Ainsi les cimetières perdent-ils leur symbolique chrétienne remplacée par cette seule inscription à leur entrée : « La mort est un silence éternel ».

Mais c’est à Lyon, soulevée contre le pouvoir jacobin, que Fouché donne sa pleine mesure. Il ordonne des exécutions de masse, au canon, à bout portant, qui coûtent la vie à plus de 2 000 Lyonnais. Fouché s’en vante : « Lyon n’existe plus ! » et il fait raser des quartiers entiers. Après la chute de Robespierre, le 9 thermidor, Fouché assure sa survie en détournant l’attention sur Jean-Baptiste Carrier qui, lui, a noyé et fusillé à Nantes. L’orage passé, Fouché entre au service de Barras, agent de renseignement, diplomate improvisé… Il est récompensé par Bonaparte qui en fait son ministre de la Police, une fonction qu’il gardera, avec des hauts et des bas, jusqu’en 1810. On a tout dit de la police de Fouché, de son recrutement parmi la faune des délinquants retournés dont le fameux Vidocq, de ses méthodes expéditives, de ses coups fourrés…

De mèche avec Talleyrand, Fouché organise le retour des Bourbons qui ne rechignent pas à l’employer, lui, le régicide. Après les Cent Jours, c’est l’exil à Trieste. Un Joseph Fouché qui a préservé l’essentiel de son immense fortune, vite et mal acquise, un homme que seule la pleurésie empêche de recevoir les derniers sacrements. De ce parcours hors du commun, Emmanuel de Waresquiel vient de tirer une excellente et copieuse biographie, qui n’empêche pas toutefois de retourner à celles de Stefan Zweig et de Jean Tulard.

Jean Heurtin

Emmanuel de Waresquiel, Fouché, Tallandier, Fayard, 29,90 euros.

N.B. Petite énigme pour les curieux avertis de l’histoire nantaise sous la Terreur : que penser de l’elliptique note 8 de la page 195 ? Certains auteurs seraient-ils si sulfureux qu’il vaut mieux ne pas les citer ? Surtout lorsqu’on les a dirigés…

 Photo : DR
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