Le mercredi 24 novembre 2021, une commission d’enquête sur la concentration des médias en France, dont le Sénat a décidé la création à la demande du groupe socialiste, écologiste et républicain, a désigné son rapporteur en la personne du socialiste David Assouline. La préoccupation de ce dernier est-elle vraiment cette concentration ou l’apparition du groupe de médias de Vincent Bolloré, qui a rompu le quasi monopole idéologique de la gauche dans les médias ? On peut se poser la question.
Les objectifs de cette commission
Celui-ci a indiqué : « La commission d’enquête va s’attacher, à travers les auditions des dirigeants et des actionnaires des principaux médias, mais également des journalistes, des experts, des pouvoirs publics et des régulateurs, à estimer la réalité de la concentration des médias dans notre pays et à mesurer à quel point elle est susceptible d’entraver la liberté d’expression et la démocratie et de porter atteinte aux principes constitutionnels de liberté, d’indépendance et de pluralisme des médias ».
Le Président Laurent Lafon a pour sa part souligné « la nécessité de disposer d’un constat lucide et actualisé dans l’optique de la révision d’une loi du 30 septembre 1986 qui parait aujourd’hui largement obsolète compte tenu des évolutions technologiques, juridiques et internationales ».
Pour suivre les travaux de cette commission : http://www.senat.fr/commission/enquete/2021_concentration_des_medias_en_france.html
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Quels sont les groupes de médias concernés ?
Le 10 janvier dernier, dans l’émission » L’instant M » de Sonia Devillers de France inter, David Assouline a déclaré : » Quand le Sénat convoque les milliardaires français, ils ne peuvent pas refuser, c’est un devoir. Vincent Bolloré sera auditionné le 19 janvier, Bernard Arnault et Arnaud Lagardère le 20 janvier. Xavier Niel, le 21, Patrick Drahi, le 2 février. Martin Bouygues le 9 février. Et Delphine Ernotte et Sibyle Veil seront auditionnées le 24 janvier parce que le service public de l’audiovisuel est impacté par cette concentration. «
Ce faisant, ne dévoile t-il pas d’une part une de ses obsessions en parlant de » milliardaires » et non de dirigeants ou des entrepreneurs des médias.
D’autre part, s’il convoque les patronnes de TDF ou Radio France, apparemment ce n’est pas pour s’inquiéter de leur position dominante et très orientée de leurs médias mais sur » l’impact » de la concurrence des groupes privés sur le prétendu » service public « .
Dans Regards.fr du 26 novembre 2021, il expliquait d’ailleurs :
» Il y a une nécessité d’affirmer un service public beaucoup plus fort et beaucoup plus puissant. C’est ce que je demande chaque année dans les débats sur le projet de loi de finance de l’audiovisuel. »
« Il faut faire progresser la redevance à l’audiovisuel public. »
« On croit souvent que les budgets de l’audiovisuel public seraient parmi les plus élevés d’Europe alors qu’on est plutôt en bas, loin derrière l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. »
Dans la présentation de l’ émission de Sonia Devillers, France inter présentait ainsi les groupes de médias concernés : » Une future fusion TF1-M6, sachant que M6 détient RTL, cela donnerait un mastodonte de la radio et de la télé privée (20 chaînes et 3 stations à eux deux) comme jamais la France n’en avait connu. Des canaux seront revendus, droit de la concurrence oblige.
De son côté, Vincent Bolloré qui contrôle Vivendi, étend son empire médiatique au-delà de Canal+, C8 et CNews, avec Prisma (17 magazines) et l’OPA lancée contre Lagardère dont il est déjà le premier actionnaire : cela fait Europe 1, Paris Match et le JDD en plus.
Bernard Arnault, qui possède Les Echos, Le Parisien et Radio Classique enrage, il en voudrait plus.
Xavier Niel détient la moitié du « Monde » et de Mediawan, l’un des premiers groupes de production audiovisuelle en Europe et continue d’avaler des titres de presse : Paris Turf, « France Antilles », peut-être « Nice Matin ».
Quant aux Dassault, vont-ils longtemps garder le « Figaro » ? On dit que Bolloré et Arnault se le disputeraient déjà… Voilà, la concentration des médias en France s’accélère de manière spectaculaire. «
L’audition de Vincent Bolloré
Ce 19 janvier, Vincent Bolloré a été auditionné par cette commission.
David Assouline évoque la concentration des médias et proclame : « Vous êtes devenu un acteur important de cette concentration. ». Pour le prouver, Il énumère les médias du groupe Bolloré. Cela va de CStar à Europe 1 en passant par CNews, Hachette ou Universal. avant d’interroger V. Bolloré sur ce qui préoccupe vraiment D. Assouline :« Pourquoi constituer cet empire médiatique ? ».
Les réponses de V. Bolloré sur la concurrence internationale de groupes puissants comme les GAFAM, Netflix et autres ne retiennent pas son attention.
Par contre, quand V. Bolloré va expliquer : « « Les groupes de médias et de culture sont les plus rentables du monde après le luxe. Ce ne sont pas des raisons politiques ou idéologiques que je m’y suis intéressé mais pour des raisons économiques… Sur l’information, nous sommes minuscules. ».
David Assouline va alors dévoiler ce qui le motive : « Personne ne jetterait la pierre à une réussite économique. Mais nous sommes dans le domaine où se façonne l’opinion et le domaine de l’information est fondamental pour que les citoyens soient informés de ce qui se passe et se fassent des opinions. La liberté et l’indépendance sont fondamentales. La télévision est très prescriptrice d’opinion. »
Il va même préciser ce qui le préoccupe :
- une « ligne idéologiquement très marquée » sur CNews,
- « des idéologies mises au banc de la République depuis la Libération »
- avant « on ne tenait pas de propos racistes et homophobes sur les antennes »
Interrogé sur le soutien que CNews manifeste pour l’ancien éditorialiste désormais candidat Éreic Zemmour, Vincent Bolloré répond : « Vous prenez des petits bouts de choses et vous les mettez ensemble pour essayer de faire une histoire. Il y a tellement de courant de pensées dans nos livres, dans nos émissions. »
Devant de telles accusations, V. Bolloré rappelle que sa famille compte aussi bien des résistants que des oncles qui ont débarqué en Normandie. Comme il s’affirme démocrate-chrétien, David Assouline réplique : « Est-ce que le racisme et le négationnisme sont des valeurs démocrates-chrétiennes ? ».
La nature de cette audition où M. Assouline s’est plus montré procureur des choix politiques de Vincent Bolloré que de la concentration économique des médias n’a t-elle pas démontré ce qui motive le sénateur dans cette démarche?
Jean Theme
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2 réponses à “Vincent Bolloré, vraie cible de la commission sénatoriale sur la concentration des médias ?”
A quand l’audition de Radio France et de France Télévision ?
quant aux autres milliardaires ils ont le droit puisqu’ils sont à plat ventre devant le gouvernement et la bienpensance du politiquement correct (en ignorant la diversité d’opinion)