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Démologie. Essai sur la science du peuple ou des peuples

Il est beaucoup parlé de l’écologie, science de l’environnement, écologie qui se rencontre dans toutes les interprétations possibles et imaginables dont un certain nombre culpabilise l’homme dans sa consommation et le progrès technique qu’il a instauré. Cet homme est considéré en tant qu’individu, « homo consumerus », chargé de tous les maux par bien des écologistes. Mais qu’en est-il de la notion de peuple ? L’usage du mot peuple a beaucoup varié au cours des siècles et semble à nouveau d’actualité depuis quelques années, il n’est pas un jour où ne se rencontre le mot peuple à plusieurs reprises dans les médias. La notion de peuple, la science du peuple ou des peuples, « demologos » pourrait-on dire, mériterait plus que des citations médiatiques.

Essai de définition et approches

Le peuple peut se définir en tant que classes dites populaires, la masse par opposition aux élites. Il est souvent parlé actuellement de l’abandon des masses populaires par les élites accusées d’égocentrisme, entendons par élites ces classes supérieures et moyennes plus, qui détiennent les clés d’un pays, ont le pouvoir de l’argent, de l’État, des médias. Les courants populistes s’efforcent de restaurer la prééminence du peuple ou du moins de faire en sorte que les élites tiennent comptent de ses volontés.

Un peuple peut aussi se caractériser dans sa globalité comme un ensemble d’individus sur un même territoire, ayant une histoire et un passé en commun, un certain nombre de composants qui peuvent le définir, une même origine, un même mode vie, une même culture ; il peut avoir conservé ou perdu depuis peu une même religion.

La langue est véhicule d’une culture, d’un mode de pensée et traduit l’expression d’un peuple. Notons qu’une langue qui connaît passé, présent et futur, entraîne un raisonnement différent de celle qui parle d’actions en cours ou d’actions terminées.

Montesquieu, au siècle des Lumières, donnait dans L’esprit des lois deux critères pour définir un peuple : les conditions de géographie physique et climatique, et l’évolution historico-culturelle de ce peuple.

De même que la macro-économie et les lois qui la régissent ne sont pas la résultante d’un agrégat de micro-économies, de même un peuple – ou une foule – et son comportement ne sont pas la résultante d’une addition d’individus et de caractères. Les bandes dessinées d’Astérix ont bien illustré ces stéréotypes de peuple, que ce soient au sujet des Anglais, des Espagnols ou des Teutons. Il sera question du flegme britannique, de la fierté des Ibères ou de la rigidité prussienne sans oublier l’aspect gouailleur et « indiscipliné » des Gaulois.

Il est évidemment question d’inconscient collectif, manifeste dans nombre d’exemples. On pourrait parler de cette peur du grand méchant loup qui, depuis des temps immémoriaux, hante l’imaginaire des enfants. Plus actuel, l’incendie de Notre-Dame a profondément choqué les esprits français dans leur tradition historique, culturelle ou religieuse. Près de vingt ans auparavant, l’attentat terroriste contre les Twin Towers new-yorkaises avait galvanisé et rassemblé le peuple américain autour de ses valeurs.

La notion de peuple est souvent assimilée à l’idée de nation ou d’État-nation. Il peut être question du peuple en armes à travers l’Histoire, depuis les guerriers francs approuvant l’élection de Clovis sur son pavois par le fracas de leurs armes, jusqu’à la bataille de Valmy, symbole de la victoire du peuple révolutionnaire, de la nation sur l’autocratie étrangère. Mais cela ne peut être exclusif, il existe des peuples sans nation – ce fut surtout le cas dans l’Antiquité – et des États-nations regroupant plusieurs peuples ou minorités de peuple. Que l’on se souvienne de la Société des Nations à l’issue de la Première Guerre mondiale, et de ses tentatives de découpes de pays tels que la Yougoslavie, la Roumanie, la Bulgarie, voire l’Italie avec ses enclaves de minorités d’autres peuples. Autant dire que l’arrachage de cheveux était au rendez-vous… et que la Seconde Guerre mondiale y a trouvé là son ferment.

Un peuple évolue forcément depuis ses origines, au cours d’un processus interne et naturel. Mais une diversification poussée trop loin, une trop grande intégration de données exogènes – on aurait presque envie d’écrire « ingestion »… – peut aussi le conduire à l’effritement, à la désintégration et en définitive à la mort. Autant un peuple peut être dynamique, ce qui ne l’empêchera pas de se retrouver éventuellement victime de conditions ou de peuples extérieurs, autant il peut aussi se faire l’auteur de ses propres renonciations et, dans un processus assez contre-intuitif par rapport à la vie naturelle, passer de l’action dynamique à l’état passif de la larve, vouloir quitter de lui-même le champ de l’Histoire.

Prenons maintenant l’exemple des peuples indo-européens en expansion, puis du peuple romain qui créa un empire dont la chute mérite une analyse.

Dynamisme et expansion de peuples : les Indo-Européens

Les peuples indo-européens présentent une même origine et se sont diversifiés au cours des millénaires, les populations autochtones se fondant avec les nouveaux arrivants. Mais tous ces peuples ont conservé consciemment ou inconsciemment des valeurs communes. Le peuple d’origine semble être la culture des kourganes, culture dite de Yamnaya dans les steppes pontiques au débouché du Dniepr et du Don, entre Mer noire et Caspienne. C’était un peuple de pasteurs et de guerriers, nomades. Ces dernières années, les analyses génétiques des séquences chromosomiques ont beaucoup fait progresser la connaissance des différents peuples indo-européens.

Tous les peuples européens à quelques exceptions ont la même origine et une évolution de peuples voisins qui se font la guerre ou bien vivent en paix suivant les moments de l’Histoire. La linguistique comme la mythologie manifestent cette communauté initiale. Le mot « eau » par exemple, en jonglant avec les gutturales, les dentales, les sourdes et les muettes (pouvant disparaître), se retrouvent dans toutes les langues indo-européennes, anciennes (húdôr en grec, aqua en latin, watar en hittite) et modernes (acqua italien, agua espagnol, water anglais, wasser allemand, voda slave). Les vagues indo-européennes ont peuplé l’Europe au cours des siècles. Chronologiquement, les Grecs arrivent les premiers, puis les Celtes, les Romains et peuples italiotes, les Germains et Vikings, les Slaves.

L’expansion celtique notamment illustre bien le dynamisme de ces peuples indo-européens à l’origine. À l’époque du bronze final (début premier millénaire), arrivent en Europe de nouveaux éléments, des guerriers, des cavaliers. L’archéologie rend compte d’une multiplication des objets en bronze, plus particulièrement des armes. Les harnachements de chevaux apparaissent également. C’est l’époque si caractéristique des champs d’urnes avec pratique de l’incinération. Les proto-Celtes et les Celtes colonisent l’Europe en plusieurs vagues. Ils s’établissent en Europe centrale (culture de Halstatt), puis en Suisse (culture de La Tène). À l’époque du bronze final, les cavaliers avaient déjà gagné la vallée du Rhône où l’on retrouve alors les habitats de hauteur fortifiés.

Quelques céramiques vraisemblablement cultuelles montrent des dessins s’apparentant peut-être à des idéogrammes : cavaliers stylisés, char processionnel à quatre roues, vu de haut, illustrations probables et stylisées du soleil, de l’eau, etc. Les nouveaux venus se fondent, tout en la dominant, avec la population locale, provenant elle-même en très grande partie du vieux fond néolithique, lui-même étant sans doute, ou au moins en partie, d’origine anatolienne.

Outre l’Europe centrale et orientale, les Celtes se retrouvent en Gaule jusqu’au-delà du Rhin, en Espagne (les Celtibères) ; ils occupent les îles britanniques, l’Italie du nord ; en Asie mineure, une région leur doit son nom, la Galatie. Comme bien des peuples, ils effectuent des raids éphémères. Brennus notamment conquiert Rome vers -387 (occasion de son fameux « Malheur aux vaincus ! », « Vae victis »). Les mercenaires galates, dirigés semble-t-il par un autre Brennos, ont pillé le sanctuaire sacré de Delphes lors de la Grande Expédition (-280/-279), avant de s’installer définitivement en Galatie, appelés par un roi hellénistique. Ces mercenaires celtes, dont la réputation n’était plus à faire, se déplaçaient avec chevaux, chariots, femmes et enfants, l’ensemble étant parfois évalué de cinq à dix milles personnes.

La linguistique et la toponymie maintiennent la tradition de ces peuples celtiques. À titre d’exemple, les noms de peuples « Gaulois », « Galois », « Gallegos », Bretons revenus des îles britanniques au Ve siècle lors des invasions saxonnes) sont tous apparentés étymologiquement. La ville italienne de Milan et tous les Meilhan, Meillant ou Châteaumeillant de Gaule le sont également : du latin mediolanum, issu du gaulois mediolanon signifiant probablement « centre sacré ».

La chute d’un peuple : la fin de l’Empire romain

Si un peuple peut évoluer de manière dynamique et constructive, il peut aussi se désintégrer de l’intérieur, ou mourir sous l’emprise de forces externes.

Le peuple romain (populus romanus), de la cité même de Rome, et les peuples italiotes semblent homogènes à l’origine. La conquête de la Grèce et l’apport qualitatif des précepteurs grecs à la jeunesse dorée romaine fait que l’on passe d’une civilisation romaine à la civilisation gréco-romaine. En revanche, l’apport des invasions barbares, quantitativement important mais qualitativement de faible niveau culturel, a entraîné la chute de l’Empire romain. La culture ou le nombre sont des facteurs de domination dans les échanges et mouvements entre les peuples, mais le nombre semble souvent l’emporter. Face à un apport exogène trop massif, l’intégration risque d’échouer. C’est un processus de désintégration qui débutera alors.

Il est possible de parler de culture dominante (les précepteurs grecs) et de culture dominée (les Romains face aux Germains numériquement plus nombreux). L’Empire romain n’était plus vraiment homogène. Si les différents peuples qui le composaient avaient l’impression d’appartenir à un même ensemble et s’il restait encore unité de civilisation, les particularismes locaux étaient néanmoins très prononcés. Avec l’édit de Caracalla en 212, accordant la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire, l’une des motivations des élites locales disparut. Pouvait-on encore être fier d’avoir la citoyenneté romaine ? La société romaine se désintégra de l’intérieur, en même temps que sous l’entrée progressive ou à coups de boutoir des peuples germaniques, mongols et nomades du désert, en migration vers les richesses de l’Empire.

Les raids barbares de la seconde moitié du IIIe siècle en Gaule ont été sanglants, en atteste la multiplication des trésors monétaires. Les villas et les grands domaines où travaillaient des centaines d’esclaves sont pillés, leurs habitants tués. Face aux raids des Barbares et aux différentes armées qui veulent imposer leur prétendant à l’Empire, les villes se sont réfugiées derrière des remparts construits à la hâte. Les valeurs romaines disparaissent. Les décurions municipaux fuient leurs charges écrasantes et se réfugient à la campagne. L’imposition sur les têtes devient trop élevée, car portant sur une assiette numériquement plus réduite. Les petits paysans s’en trouvent ruinés et se regroupent en bandes de pillards, les bagaudes. La société romaine se militarise dans l’ensemble de l’Empire.

Aux IVe et Ve siècles, les lois romaines qui rigidifient cette société en pleine désagrégation (le fils d’un boulanger sera boulanger, le fils d’un soldat sera soldat) montrent, par leurs répétitions, qu’elles ne sont pas appliquées. Les Romains se sont détournés de l’armée ; des Barbares dits romanisés sont désormais chargés de défendre l’Empire contre d’autres Barbares. À la cour impériale, les « maîtres » d’infanterie, de la cavalerie et des milices sont quasiment tous d’origine barbare. À la suite de mariages avec des familles barbares, il en va de même des empereurs ou de leurs proches, même s’ils se réclament encore de la dynastie constantinienne. Au Ve siècle, le christianisme aidant, les Barbares sont de plus en plus acceptés et intégrés dans l’Empire. Ainsi les Burgondes vaincus sont-ils transférés en Savoie (Sapaudia) en 443, censés défendre l’Empire en tant que fédérés. Le royaume de Bourgogne lui se déplacera.

La fin de l’Empire romain entraînera un recul de civilisation pour au moins cinq siècles. À la superbe villa romaine et ses riches mosaïques succèderont les huttes de pisé et de bois.

Le droit véhicule également les valeurs d’un peuple, de ses coutumes, de sa tradition. Le droit écrit latin diffère du droit coutumier germanique. La loi Gombette du roi burgonde Gondebaud ou la loi salique des Francs saliens reprenaient les coutumes de ces deux peuples. Appliquées dans un premier temps aux seuls Germains, elles prévaudront ensuite, avec la domination de ces peuples, dans tout procès impliquant Germain ou Romain, avant de s’imposer pour des siècles, par exemple dans les épreuves du feu ou de l’eau, devenues épreuves de Dieu. La loi salique perdurera encore à l’époque de la royauté et servira de référence comme « loi des mâles » pour l’héritage dynastique.

En transposant de tels phénomènes à l’époque actuelle, l’on pourrait se demander si la charia, exemple type d’une force externe, s’appliquera – dans son intégralité ou partiellement – aux musulmans contemporains d’Occident, voire aux non-musulmans, que ce soit dans leur mode de vie ou dans leur droit. On peut également s’interroger sur des tendances internes, comme la GPA (gestation pour autrui) ou la PMA (procréation médicalement assistée), qui pourraient s’imposer au détriment du droit traditionnel de la famille.

Outre les conflits entre différents peuples, les oppositions existent aussi au sein d’un même peuple. Les confrontations, larvées ou violentes, entre les élites et le peuple remontent également fort loin dans l’Antiquité, en atteste l’exemple byzantin.

L’opposition, à Byzance, des élites aux masses populaires

L’opposition entre élite impériale et masses populaires se rencontre déjà à la fin de l’Empire romain. La ville de Ravenne, entourée de marais, a succédé en tant que capitale impériale à la ville de Rome, indéfendable. Dans le palais, l’empereur et sa famille sont l’objet d’un protocole s’apparentant au rituel dévolu à un dieu, avec notamment la génuflexion de rigueur devant l’empereur (proskynèse). Mais le pouvoir de cette cour impériale reste finalement très administratif, et pèse bien peu au-delà de Ravenne. La cour est complètement déconnectée des divers peuples de l’Empire ou du moins de ce qu’il en reste.

Dans l’empire byzantin en Orient, l’empereur, dans la prolongation du Bas-Empire romain, ne parvient plus à faire respecter l’autorité face aux couches populaires. L’un des empereurs, ayant pris parti pour le conducteur de char du parti populaire des Bleus dans les jeux du cirque se verra contesté par le parti populaire des Verts. La révolution de palais qui s’ensuivra, se termine par la lapidation à mort de l’empereur, d’abord promené dans les rues de la capitale, attaché à un chameau, le nez dans l’arrière-train de celui-ci…

Les querelles religieuses battent également leur plein à Constantinople. Dans les églises, entre autres à Sainte-Sophie, les iconoclastes, destructeurs des icônes (des images), s’opposent à ceux qui les adorent et les protègent.

Toujours en tentant une transposition contemporaine, le déboulonnage des statues ou le refus de l’image de Dieu chez les musulmans l’emporteront-ils ?

La présence de peuples ou de populations différentes sur un même territoire n’est pas sans poser problème. Ce fut le cas de l’Espagne post-wisigothique, après le VIsiècle.

Rapports de domination entre peuples et cultures dans l’Espagne médiévale

L’époque wisigothique est assez mal connue en Espagne. Les invasions germaniques des Vandales puis des Wisigoths ont vraisemblablement fortement ébranlé les structures du Bas-Empire ibéro-romain.

La conquête musulmane, berbéro-arabe, se fit sans trop de difficulté, semble-t-il avec l’acceptation silencieuse des Ibéro-Romains face à une domination wisigothique rigoureuse. Il s’ensuivit durant le haut Moyen Âge espagnol la présence sur un même territoire de peuples et de populations de cultures différentes, avec acculturation de la population d’origine. Parmi les conquérants, pouvaient se distinguer les Arabes et les Berbères islamisés, ce qui se traduira parfois, lors de l’occupation et des raids dans le sud-ouest de la France et dans la vallée du Rhône, par la distinction des « Maures » berbères et des « Saracènes » arabes. Les Arabes eux-mêmes se distinguaient entre Arabes du sud, Yémenites et Arabes du nord. Une partie de la population s’était convertie à l’islam afin d’échapper à l’impôt et à la condition de « mécréants ». Une partie de l’élite pré-musulmane s’était également convertie à l’islam en s’intégrant à la clientèle de l’élite conquérante, devenue la nouvelle élite des « Muladies » (de l’arabe « muwallad » signifiant « métis »). Durant tout le haut Moyen Âge, ces élites très diverses possèdent villes et campagnes, et passent leur temps à guerroyer pour leur possession sous l’égide d’un émir souvent faible. Les chrétiens dit mozarabes sont mal connus, ils restent sous l’obédience de leur évêque. À cette mosaïque de peuples et de populations avec leurs élites s’ajoute la communauté juive, importante semble-t-il dans l’administration du ou des royaumes musulmans, communauté rayonnant par sa culture dans l’ensemble du monde musulman.

Après le temps de la Septimanie carolingienne qui allait bien au-delà des Pyrénées (rappelons-nous du fameux épisode de Roland à Roncevaux), les petites principautés chrétiennes se sont établies dans les Pyrénées et pré-Pyrénées, royaume de Galice (futur Portugal), Léon-Castille, Navarre-Aragon, les comtés catalans. Le dynamisme de ce peuple chrétien face à un monde musulman de plus en plus délétère fut à l’origine de la Reconquête (« Reconquista ») et du repeuplement (« repoblación »). Les tours de guet, les chapelles romanes parsèment les Pyrénées et les pré-Pyrénées espagnols. Alliances entre petits royaumes chrétiens, alliances avec les émirs musulmans, conflits et séparations sont le lot de cette période de Reconquista dont l’attestation la plus simple est la légende de ce personnage que fut El Cid. Mais le no man’s land, ce territoire entre royaumes chrétiens et « taïfas » musulmans, descend toujours plus au sud. Les chrétiens ont besoin de toujours plus de terres, leur démographie étant importante. Il est avancé aussi que ces chrétiens disposent d’outils agricoles de fer, et leurs guerriers sont bardés de fer. Les paysans musulmans n’ont que du matériel de bois, et l’armement des guerriers musulmans est beaucoup plus léger.

La foi chrétienne mobilise les âmes. Un arbre en fleurs supportant une croix chrétienne orne le revers des monnaies aragonaises médiévales. Une légende veut que dans la capitale de l’Aragon, un « arbre sacré » avait dépéri, alors que les combats alentour contre les Arabes s’avéraient défavorables. Mais un rejeton poussa et se mit à fleurir dans l’interstice des pierres du rempart. Les combats reprirent en faveur les chrétiens et la dynamique de la Reconquista fut relancée.

Revers d’une monnaie médiévale d’Aragon avec les rameaux de l’arbre refleurissant et surmonté de la croix 

Les chrétiens lancèrent la conquête de la ville de Saragosse à partir d’une petite colline où se trouvait un château musulman. Cette colline se nomme depuis Juslibol, de « Dios li volt » signifiant « Dieu le veut ». La toponymie peut passer à travers le temps, elle peut aussi passer à travers les peuples. « Caesar Augusta » devint dans la bouche des Arabes « Saragusta » pour devenir de nos jours « Zaragoza » (Saragosse, capitale de l’Aragon).

Dans la dynamique de la Reconquête, les croisés venus d’outre-Pyrénées apportèrent une forte contribution ainsi que les premiers ordres militaires. Quant aux musulmans, souvent divisés, ils demeuraient sur la défensive, reculaient, les élites abandonnant le peuple paysan aux mains des chrétiens. Selon les cas, le peuple se soumettait, partait ou était localement expulsé. Cette reconquête, qui connut toutefois des hauts et des bas, se termina par la prise de Grenade alors que trois grands royaumes émergeaient : Portugal, Castille, Aragon. De nombreux musulmans regagnèrent le royaume du Maroc. Le dernier épisode fut l’expulsion des derniers Morisques et des juifs, un siècle plus tard, devant la crainte de révoltes d’éléments non chrétiens et au nom d’une foi chrétienne rigoureuse. L’expulsion des Morisques concerna majoritairement les manouvriers de la plaine de Valence.

Il convient d’aborder maintenant le phénomène de naissance d’un peuple, bien que sujet complexe, auquel il est difficile d’apporter des réponses précises. Quelques approches peuvent néanmoins être esquissées.

De la naissance des peuples

L’anthropologie est la science de l’homme, au sens davantage de l’individu que du groupe, qu’il soit familial ou autre. Pourtant, que ce soient les grands singes, les premiers primates ou hominidés, nos ancêtres sapiens et sapiens sapiens vivaient en groupe, en clan, ce que démontrent les fouilles préhistoriques concernant les derniers cas d’espèces. Étant donné la rareté des vestiges humains, ce sont les individus que l’on analyse, en s’efforçant de rattacher tel individu à telle branche de l’espèce humaine.

Lorsque le groupe devient plus important, on parlera alors de tribu, d’ethnie. L’ethnologie étudiera les tribus africaines ou de primitifs de régions australes ou insulaires ayant vécu longtemps en vase clos avec leurs spécificités, leurs modes de vie, leurs cultures si l’on peut dire. Sur le plan artistique, il sera parlé d’art primitif ou d’art premier.

Lorsque les hommes forment un groupe beaucoup plus important numériquement, avec des spécificités plus nombreuses ou plus marquées, l’on passe progressivement à la notion de culture archéologique, voire de peuple, et il serait possible de parler de « démologie ». Sur le plan des cultures archéologiques, qu’elles soient préhistoriques (Gravettien, Magdalénien, Danubien) ou protohistoriques (culture des champs d’urnes, culture de Lusace, culture yamnaya…), il est bien sûr plus difficile d’analyser, comme pour les ethnies, les données de société. Seuls les vestiges matériels permettent d’avancer des interprétations sur les rites funéraires, mais très peu concernent les rites de mariage. Interpréter une société comme matriarcale ne peut donc l’être qu’avec une extrême prudence. La linguistique n’est pas d’un grand secours non plus en raison de l’absence d’écriture et de témoignages linguistiques. Les reconstitutions de la langue indo-européenne d’origine peuvent simplement nous permettre d’avancer des hypothèses sur le mode de vie du peuple originel indo-européen.

En Amérique du Sud, la mythologie des peuples précolombiens, quechuas, aymaras et amazoniens pour tout ou partie, a perduré quasiment jusqu’à nos jours et autorise donc de remonter dans le temps. Elle permet d’expliquer bien des représentations figuratives ou gravées sur céramique, en particulier le mythe du jaguar par exemple (cf. le film Le jaguar).

La formation d’un peuple n’est pas simple. Il a pu se former de lui-même avec ses spécificités propres évoluant au cours de l’histoire, comme il a pu se former d’une manière plus artificielle à travers un État-nation, un régime politique telle une monarchie centralisatrice, le tout s’imbriquant pour donner des caractéristiques certaines à ce peuple.

Le cas du peuple français est complexe et peut donner lieu à toutes les thèses et disputes historiques qu’il y a eu et qu’il y aura encore.

La sédentarisation d’un peuple marque une étape importante dans sa formation. À l’origine, les peuples sont nomades, puis beaucoup s’installent souvent définitivement dans un lieu. Certains toutefois maintiennent un mode de vie semi-nomade alors que d’autres non, c’est l’opposition entre pasteurs et agriculteurs en Afrique noire.

Peuple et environnement

  • Démologie et animaux : l’éthologie

L’homme et les peuples ont toujours eu un rapport étroit avec l’animal ou les animaux. Les animaux sont adorés parfois au sens propre du terme comme dans l’ancienne Egypte. Ils peuvent être haïs, les paysans iraniens jettent  des pierres au chien vagabond, animal préféré du mithraïsme et donc «  incompatible » avec l’islamisme.

L’éthologie permet de comparer le comportement de l’homme et de l’animal en tant qu’individu mais aussi en tant que groupe. Il est possible d’analyser une société humaine comme une fourmilière ou une ruche.

  • Démologie et écologie

Les peuples sont intervenus sur leur environnement afin d ‘améliorer leur vie, domestiquant en partie cet environnement, développant à cet effet le progrès technique, plus particulièrement dans les périodes récentes. Cet environnement a influé de son côté sur les caractères propres d’un peuple, que ce soit un environnement de montagne, de plaine ou bien de zones marécageuses, accentuant parfois, la rigoureuse organisation d’un peuple pour survivre.

Dans l’antiquité, si l’on prend l’exemple de la Mésopotamie, le pays de l’entre les deux fleuves, Tigre et Euphrate, occupé par les Sumériens, cette intervention aux IIIème et IIème millénaire est particulièrement marquante. Il en est de même pour la civilisation de l’Egypte avec le Nil et la civilisation de l’Indus (Mohenjo Daro) contemporaines.

Il semblerait que l’agriculture soit née dans le croissant fertile, allant d’Israël au plateau iranien en passant par l’Irak du nord, toutefois l’Anatolie(Asie Mineure pour simplifier) semble avoir  eu aussi un phénomène d’urbanisation, puis d’apparition de l’agriculture très précoce (rappelons le départ des agriculteurs anatoliens en direction de l’Europe dès le VIème millénaire).Dans le pays entre les deux fleuves meso-potamos l’existence des sumériens apparait un peu plus tardive du fait pendant longtemps de l’instabilité du golfe persique entre terre et eau. C‘est cette mouvance  de zones marécageuses qui a exigé du peuple qui l’occupe une organisation fortement structurée et un travail considérable pour dompter cette nature par définition instable. Rappelons que le texte biblique  de l’arche de Noé  et du déluge provient de la légende de Gilgamesh dont le texte le plus ancien remonte au début du IIème millénaire,la légende étant vraisemblablement plus ancienne. Les fouilles archéologiques en pays de Sumer montrent d’importantes couches alluvionnaires entre des couches archéologiques. L’origine du peuple sumérien reste semble-t-il mal connue, origine locale ou bien arrivée d’un peuple venu d’ailleurs, la génétique pour l’instant n’apporte pas de réponse. Quoiqu’il en soit ce peuple de Sumer avait sa langue propre connue par les tablettes cunéiformes, très tôt une forte organisation structurelle bâtie autour des temples afin de construire et maintenir tout le réseau d’irrigation et de drainage exigé par ce milieu entre terre et eau. La hiérarchie des prêtres autour des temples gérait terres et  récoltes distribuées semble-t-il a l’ensemble de la population. Les villes sumériennes dans de longs conflits se succédaient pour la domination du pays, le dieu  de l’une succédait au dieu de l’autre ville, le prince ou le roi de l’une, représentant du dieu local, au prince ou roi de l’autre. Le commerce avec les pays voisins était prospère, le pays de Sumer manquant de bien des matières premières. Les raids et infiltrations des sémites du désert d’Arabie, les raids des Gouti venus des monts Zagros iraniens vinrent à bout du peuple sumérien. Les tribus sémitiques, en effet, au-delà des raids, s’infiltrèrent  en Mésopotamie, dans la plaine ,puis dans les cités et l’emportèrent politiquement et numériquement, l’évolution des noms de personnes en témoigne. Le triomphe des dynasties sémitiques, akkadienne  en premier lieu,puis après la brève restauration néosumerienne ,les dynasties de Babylone et Assour plus au nord, entraîna la prééminence de la langue akkadienne et ses dérivées, de nouveaux dieux victorieux, d’une culture et d’un art différents. Mais la vie quotidienne dans ce milieu géographique entre terre et eau ne changea guère, pérennité du cadre de vie qui influe sur les peuples.

Entre terre et eau,l’estuaire du Tigre et de l’Euphrate,le Chatt-el-Arab

Le code d’Hammurabi  mêlant vraisemblablement droit traditionnel sumérien et coutumes sémitiques des amorites,montre une société qui peut paraitre dure à un esprit contemporain résumée par la loi du Talion, « si le fils du propriétaire d’une maison est tué par l’écroulement du toit, le fils de l’architecte sera tué ». Le droit en cette période montre  qu’il existe des normes, des règles mais aussi en relation avec l’environnement.L ordalie,l’épreuve  et le jugement de la plongée dans l’eau du fleuve,Tigre ou Euphrate ,en particulier pour la femme adultère perdure de l’époque sumérienne à la période hellenistique (III eme siècle avant JC).

Dans cette symbiose du milieu naturel et des peuples, l’écologie contemporaine souvent crie au scandale, les peuples détruisant une nature idyllique et courant à leur perte.

Si  localement, l’on ne peut nier que la pollution en certains points soit due à l’activité humaine, nuisances du trafic routier, épandage des nitrates dans les champs, autrefois en particulier en Allemagne chauffage au charbon qui a laissé en Allemagne de l’est des traces indélébiles sur les façades, vouloir généraliser et culpabiliser l’homme et les peuples peut paraître excessif.

Il semble que nous soyons dans une phase de réchauffement climatique et vouloir l’attribuer à l’inconscience des peuples n’est pas acceptable. La période géologique quaternaire, un million d’années, a connu une succession de glaciations et de périodes interglaciaires, Gunz, Mindel, Riss, Würm qui ont laissé des traces géologiques dans nos paysages, moraines, creusement et surcreusement de nos vallées .La fonte des glaces depuis le début du quaternaire n’a pas grand-chose à voir avec l’activité des hommes .Les tribus magdaléniennes ,il est difficile alors de parler de peuple, il y a 11000 ans qui chassaient à la périphérie du glacier couvrant la moitié nord de la France sont- elles coupables du retrait de la dernière grande phase glaciaire. Le retrait de la dernière phase de Würm entraîna la disparition du territoire que l’on appelle Doggerland, entre Angleterre, Danemark, Pays Bas et Nord de la France. La transgression flandrienne a provoqué la remontée des eaux de plus de dix-sept mètres dans les estuaires du nord de la France, les fameuses rias. Avec les allées retours glaciations et périodes plus chaudes, les paysages ont bien changé entre l’époque des hommes acheuléens, il y a 200 000 ans pour ne pas aller plus loin, vivant au bord de la Somme sur les  hautes terrasses et les hommes  il y a moins de 10 000 ans ne pouvant plus aller en Angleterre à pied comme cela s’est fait quelques temps auparavant, entre la fonte des glaces et la remontée de la Mer du Nord et Manche. Il existe des sites préhistoriques sous la Manche.

Le peuple et ses représentations politiques et autres

Il s’agit alors globalement de la volonté de destin d’un peuple à travers ses choix politiques mais aussi de l’opposition ou de la symbiose du peuple proprement dit au sens de masse populaire et de ses élites.

Les représentations politiques d’un peuple lorsqu’il appartient à un État-nation peuvent être diverses, les plus classiques sont la monarchie avec un roi régnant et la démocratie, gouvernement du peuple qui  élit ses représentants .Mais la réalité est souvent plus diverse. Côté monarchie, la monarchie peut-être absolue de droit divin cela implique pour le peuple une seule religion, la catholique, ce qui entraîna les guerres de religion dans toute l’Europe, ou bien une monarchie constitutionnelle où le peuple possède des représentants. Cette monarchie peut-être double, l’empereur d’Autriche-Hongrie disposait de la double couronne, les peuples autrichien et hongrois ne se côtoyant guère. Cet empire austro-hongrois comportait également de nombreuses minorités dont le nationalisme exacerbé par le manque de représentativité entraîna la première guerre mondiale et la disparition de cet empire si hétérogène .La SDN, Société des Nations Unies souhaitaient que les peuples puissent disposer d’eux-mêmes. L’éclatement de l’empire austro-hongrois entraîna la création de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie(les slaves du sud), ces deux entités éclatant elles-mêmes par la suite.

Côté démocratie, la diversité est aussi de mise entre une démocratie censitaire où seule une partie du peuple qui paie le « cens » (une élite dans un certain sens) participe au gouvernement, des élections avec des corps intermédiaires (les notables) qui eux-mêmes éliront les gouvernants et enfin les élections directes des gouvernants par le peuple.

Que ce soit le cas d’une monarchie ou d’une république, l’opposition peut apparaître alors entre le peuple proprement dit et les élites, que ce soit aristocratie,les bien-nés ou bien caste arrivée au pouvoir et qui souhaite ce maintenir comme la nomenklatura soviétique. Il est question alors d’oligarchie avec tout l’éventail que l’on peut rencontrer entre aristocratie et nomenklatura soviétique, incluant dans le panel certaines élites françaises. Des mouvements populistes peuvent apparaître qui souhaitent donner le pouvoir au peuple et par le peuple. Dans l’antiquité la représentation la plus classique s incarnait dans la tyrannie sans aucun aspect alors péjoratif, le tyran rarement était à l’ origine d’une dynastie.

S’inspirant du contrat social de Jean-Jacques Rousseau, la déclaration des droits de l’homme et la Constitution de 1793 déclare que la souveraineté réside dans le peuple.

Au-delà du peuple considéré  dans le cadre d’État-nation, il existe en dessous les provinces et régions avec leurs caractéristiques, au-dessus les entités supra-nationales au contour pas toujours très bien définis. Évoquons seulement l’Union européenne qui mériterait une longue dissertation entre sa représentativité politique et la possibilité d’expression des peuples souvent de même origine ou État-nations qui la composent. Mais au-delà du domaine politique, des mouvements supra-nationaux ont voulu regrouper des États ou des minorités appartenant à un même peuple ou à des peuples de même origine tels le pangermanisme, le panslavisme ou le panturquisme, aujourd’hui d’actualité.

Dans le cadre  de l’influence susceptible d’intervenir dans l’évolution d’un peuple, il est nécessaire de se poser la question du rôle des médias, des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). A l’époque de l’empire romain, l’empereur développait sa propagande à travers les légendes des monnaies, plus particulièrement à la période cruciale du bas empire romain avec les invasions des barbares et la militarisation de l’empire, il était « restaurateur de l’État, vainqueur de différents peuples barbares. Les médias actuels, plus particulièrement les GAFA sont d’une autre dimension, l’influence porte souvent sur les individus en tant qu’ agent économique et consommateur, formant des groupes d’individus mondialistes qui n’ont plus grand-chose à voir avec les membres d’ un même peuple. Les éveilleurs souvent franc-tireurs individuels ou des médias alternatifs peuvent-ils s’opposer à cette influence ? Assiste-t-on à la destruction des peuples ?

Cet essai aussi imparfait soit-il, pourrait –il éveiller la conscience sur la notion de peuple, montrer que les peuples aussi différents soient-ils les uns des autres, peuvent naître, évoluer, s’agréger, fusionner, éclater en se diversifiant, mais aussi se désagréger et mourir.

Aussi, lorsqu’il y a risques de désintégration des peuples par une menace extérieure, la « mondialisation » ou une forte immigration qui ne peut plus être intégrée, ou bien risques de désintégration de l’intérieur ,que ce soit par des minorités agissantes, des mouvements communautaristes, renoncement à ces valeurs intrinsèques, alors qu’il est souvent question de génocide, destruction d’un groupe, aujourd’hui d’écocide, ne devrait-on pas pouvoir parler de démocide ?

L’article 3 de la Constitution de 1958 qui nous régit, proclame : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants… Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice… »

Roger Crussol

NB Beaucoup d’analyses de cette notion de peuple font références à des exemples pris dans un passé lointain, dans l’antiquité, il pourrait être également choisi des référents dans un passé plus récent. L’époque contemporaine doit être toutefois analysée avec prudence, il est souvent évoqué le manque de recul historique, il est possible d’y ajouter le rôle grandissant de la mondialisation et des médias.

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2 réponses à “Démologie. Essai sur la science du peuple ou des peuples”

  1. Marc RICAUD dit :

    Les Celtes

    Laissant là les Hellènes
    laissant l’Hyperboréenne
    les Celtes traversent bois et plaines
    des contrées européennes

    Guidés par de vieux sages
    un peu poètes, un peu mages
    le bleu du ciel, les nuages
    baignent leurs yeux, leurs visages

    S’aventurant bien plus loin
    que leurs cousins les Germains
    ils continuent leur chemin
    jusqu’à la lointaine Eirin

    Accompagnant les chariots
    qui portent vieillards et ballots
    les femmes et les marmots
    ont leur part du fardeau

    Ils partent sans raison
    en quête d’autres horizons
    la nature, les frondaisons
    sont leur unique maison

    Comme le soleil levant
    les Celtes, en l’imitant
    cheminent vers le couchant
    leur rêve, c’est l’Occident

    Issus du fond des âges
    assoiffés de paysages
    seul l’océan, les plages
    mettront fin à leur voyage……

    à Vannes le 19 mars 2020

  2. patphil dit :

    si j’ai bien compris il y a ce que l’ont doit penser juste et ce qui est nocif
    ce que l’on peut faire, manger, boire, s’amuser et le reste doit être interdit , reste à savoir si l’on doit être exécuté à la kalachnikov ou envoyer au goulag en cas de non respect de la bienséance; ce monde me fatigue

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