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Vos données de santé centralisées sur une plateforme gouvernementale. Comment s’opposer à la création de Mon Espace Santé ?

Ne laissez pas n’importe qui avoir accès à vos données de santé.

A partir du 1er janvier 2022, votre dossier médical complet sera disponible en ligne, avec le lancement de « MON ESPACE SANTE ». Dans le cadre de la numérisation du système de santé français, grand projet du ministère (avec des budgets que les professionnels de santé auraient préféré voir attribués ailleurs), l’ensemble de vos données de santé sera désormais enregistré en ligne sur votre compte personnel crypté, auquel n’auront accès que vous et vos praticiens. Les responsables de ce projet, Dominique Pon et Laura Létourneau, revendiquent une reprise en main de leur santé par les patients. « Mon Espace santé » prendra le relais du Dossier Médical Partagé, jusque-là créé sur volontariat par le patient (plus possible depuis le 1er juillet 2021). Les nouveaux comptes seront automatiquement créés pour tous les Français qui ne pourront le refuser que dans un délai de 6 semaines après la notification par mail et/ou courrier de l’ouverture de leur compte.

Dominique Pon, ingénieur informaticien, est le directeur de la clinique Pasteur à Toulouse, spécialisée en cardiologie et cancérologie. Il est un militant de longue date de la numérisation des données de santé, pour permettre de faciliter les études scientifiques sur des données larges, pour obtenir des leviers efficaces dans les politiques de santé menées, et pour être plus réactif dans les cas d’épidémie. Il regrettait d’ailleurs amèrement que ce grand projet n’ait pas vu le jour avant la pandémie COVID. Il estime également que cela permettra de clarifier la monétisation des données de santé qui sont un enjeu énorme pour les assureurs, laboratoires et chercheurs, et dont le traitement est très variable en fonction des établissements médicaux.

Laura Létourneau est l’auteur du livre Ubérisons l’Etat sous-titré « avant que d’autres ne le fassent ». Elle défend une plateformisation des services de l’Etat pour optimiser son efficacité et anticiper l’offensive probable des GAFAM dans des domaines régaliens ou traditionnellement du ressort de l’Etat. Elle considère que ces espaces de santé en sont une réalisation concrète, pour que le patient soit directement acteur de sa santé et de ses données.

Mais cette reprise en main de la santé par les patients semble être assez théorique voire incantatoire : En quoi, avoir ses données de santé centralisées en ligne sur un site de l’Etat, plutôt que dans un dossier papier chez soi (incluant le carnet de santé), est un plus pour le patient ?

Les avantages objectifs :

  • Toutes les données sont accessibles en ligne, évitant les pertes de documents (incendies, vols, déménagements…) voire l’absence de dossier soigneusement constitué pour une majorité de Français.
  • Les praticiens ont accès à toutes les données dont ils peuvent avoir besoin (antécédents, consultations, traitements…) permettant un meilleur diagnostic sans risque d’omission, volontaire ou non, de certains éléments. C’est d’autant plus vrai en cas d’urgence.
  • Eviter de renouveler les examens ou prescriptions, notamment quand on change de praticien, d’hôpital ou autres.
  • À la limite de l’inconvénient et de l’avantage : les déclarations d’acceptation ou de refus de don d’organe*, ou les velléités d’euthanasie en fonction de l’état de santé suite à un accident pourraient être accessibles à un médecin urgentiste avant même que la famille ne soit au courant de l’accident…

Inconvénients : Ils sont essentiellement des risques. En effet, la numérisation des données de santé est un outil a priori positif quand il est bien utilisé. Mais l’actualité politique et médicale peuvent permettre d’en douter. Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’annonce par l’assurance maladie de la mise en place effective au 1er janvier 2022 ait eu lieu le 12 juillet 2021. Curieux timing.

  • Il existe un risque non négligeable (et même très certain) de fuites de ces données vers des hackers, ou des entreprises du bigdata qui les vendraient.
  • Les assurances, voire l’État, pourraient utiliser ces données pour limiter nos droits, ou indexer nos cotisations. Cela peut servir à imposer des thérapies non-souhaitées par le patient (vaccination, don du sang, chimiothérapies…) dont la relation avec son praticien perd de plus en plus de son secret.
  • Étatisation de la médecine et de la prescription par la disparition du secret entre le patient et son médecin : La centralisation des données révèle le contenu des ordonnances, les choix thérapeutiques…
  • Centralisation des données par la réunion des données de santé à une identité numérique, et pourquoi pas, à l’avenir, fiscale, énergétique (linky), économique.

Ces risques peuvent sembler improbables mais l’existence d’un tel système de centralisation des données de santé les rendent largement possibles, d’autant plus dans le contexte politico-médical actuel. Il n’y a qu’à se tourner vers l’actualité ou l’avenir proche et notamment :

– les propositions de la commission du sénat sur la réponse numérique à la pandémie ;

– le programme clairement détaillé du « Great Reset » ;

– les mesures prises par le gouvernement dans le cadre du pass sanitaire ;

– des fuites massives répétées de tous les fichiers numériques privés comme publics ;

– la facilité technique à relier des plateformes numériques (fiscales, identité, télécommunications, consommation, santé…) une fois qu’elles existent.

Alors pour vous prémunir de tous ces risques réels et plus que probables, il est fortement conseillé de s’opposer à la création de « Mon Espace Santé » pour vous et vos enfants et d’informer vos proches.

Jean-Pierre LAMORGUE

*En France, depuis 2018, on est considéré automatiquement comme donneur d’organe si on n’a pas exprimé son refus officiellement, et si la famille n’intervient pas pour affirmer sous serment qu’on était hostile au don d’organe.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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4 réponses à “Vos données de santé centralisées sur une plateforme gouvernementale. Comment s’opposer à la création de Mon Espace Santé ?”

  1. Lacroix dit :

    Voir à ce propos un de mes derniers articles dans Bd Voltaire : « Vous avez aimé le pass sanitaire, vous allez adorer mon espace santé »
    Bien cordialement
    Dr J-M Lacroix

  2. alienor dit :

    donc si on regarde capital bénéfices/risques, pour moi, c’est tout vieux, c’est NON

  3. Loupiotte dit :

    bonjour,
    moi non plus je ne suis pas emballée…Comment s’opposer concrètement à la création de « Mon Espace Santé » ? est ce que quelqu’un connait la marche à suivre ? merci . Loupiotte

    • Jean dit :

      Oui il faut suivre la procédure indiquée lors de votre notification de création de compte par l’administration. Vous aurez maximum 6 semaines pour refuser.

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