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De retour en Bretagne, Boris Ziegler nous raconte son périple

06/10/2014 – 10H00 Guingamp (Breizh-info.com) – Nous sommes restés plusieurs semaines sans nouvelles de Boris Ziegler, qui s’était lancé le défi fou de parcourir 3000 km du sud au nord des Etats-Unis. Un pari pas totalement réussi au final, ce qui n’empêche pas la prestation brillante effectuée par Boris qui, de retour en Bretagne, nous raconte son périple ainsi que les raisons de son silence récent.
Breizh-info.com : Boris, tu es rentré le 6 septembre, nous t’avons perdu en route. Que s’est il passé ? Comment s’est achevé ton périple ?
Boris Ziegler : Le 2 aout, alors que j’avais parcouru environ 3000 kilomètres sur le PCT, j’ai dû me résigner à quitter le trail. En effet ma hanche n’avait pas cessé d’être douloureuse depuis presque une semaine et cette fois ci je ne pouvais tout simplement plus avancer. Je suis retourné chez ma cousine à San Francisco pour me reposer et réfléchir à la suite des événements. Quatre jours plus tard la situation n’avait pas évolué, j’étais toujours en peine et une séance chez un ostéopathe n’y avait rien changé. Depuis le début de cette aventure, j’avais en tête un plan B en cas de blessure de ce genre : parcourir la côte du Pacifique à vélo sur le Highway 101 puis 1. J’ai alors fait quelques tests sur un vélo afin de voir quelles étaient mes sensations face à ma douleur à la hanche et étonnement je me sentais plutôt bien. C’était alors décidé, j’allais abandonner ma marche sur le Pacific Crest Trail et rejoindre le nord avec mon vélo d’où je prendrai le départ de ma nouvelle aventure.
Le 10 Août j’ai donc pris le train près de San Francisco direction Seattle, j’emportais avec moi mon matériel de camping et surtout un vélo que j’avais acheté deux jours plus tôt. Après un trajet de plus de 12 heures, j’ai passé une nuit à Tacoma et le lendemain matin j’ai mis mes premiers coups de pédales pour rejoindre le highway 101. J’avais alors devant moi plus de 2000 kilomètres à parcourir pour retourner à mon point de départ, d’où je rentrerai en France.
Mon périple a duré un peu plus de 20 jours, tout au long duquel j’ai plus ou moins longé la côte au travers des Etats du Washington, de l’Oregon et du nord de la Californie. J’ai bien avancé puisque j’avais un rythme d’environ 100 kilomètres par jour, ce qui toutefois me laissait le temps de profiter de ma journée. J’ai vu de magnifiques paysages et j’ai rencontré beaucoup de personnes incroyablement gentilles et accueillantes. Cette partie en vélo s’est révélée surprenante, moins intense émotionnellement et physiquement, mais plus régulière dans le plaisir que j’en ai retiré. En effet je ne me suis jamais ennuyé comme cela m’est parfois arrivé à pied et surtout la sensation d’aller vite m’a fait un bien fou. Avant je luttais pour parcourir 40 kilomètres et là je m’amusais pour en faire 100.
Le 30 août j’étais de retour chez ma cousine un brin nostalgique car ici sonnait la fin de mon périple américain, mais également fier de ce que je venais d’accomplir et heureux de bientôt rentrer chez moi…
Breizh-info.com : Tu sembles déçu, alors que tu as quand même réussi une prouesse sportive et humaine ..quid ?
Boris Ziegler : Je suis parti de France avec l’objectif d’achever le PCT, je devais alors marcher 4250 kilomètres, j’en ai fait 3000.
Certes on peut se dire que c’est déjà énorme,  je le conçois, mais l’objectif n’est pas atteint. Je ne le vis pas comme un échec, je sais que mon corps a parfois du mal à suivre, ma blessure ne m’a donc pas plus surpris que cela, et je pense avoir su rebondir d’une belle manière. Mais dans le fond j’ai tout de même le sentiment que je laisse derrière moi quelque chose d’inachevé.
J’ai vraiment pris un coup au moral lorsque j’ai vu les photos de personnes que j’avais côtoyées sur le trail à leur arrivée à la frontière du Canada. J’ai rêvé de ce moment pendant des mois, j’aurai voulu pourvoir crier, jubiler et pleurer à cette frontière… mais cet instant j’ai l’impression qu’il m’a été volé.
Breizh-info.com : Quels sont les grands moments que tu retiendras de ce périple américain ? Les mauvais souvenirs également ?
Boris Ziegler : De ces 5 mois d’aventure j’ai un souvenir qui sera à jamais gravé dans ma mémoire. Souvenir tellement fort que le reste en est parfois un peu flouté, il s’agit des 15 jours que j’ai passé dans les montagnes de la Sierra Nevada. Je m’étais beaucoup préparé pour cette marche, mais sans trop non plus faire de recherche sur toutes les zones que j’allais traverser, je voulais garder un peu de mystère. Si bien que ce passage dans les montagnes fut une révélation. Tout d’abord je ne m’attendais pas à côtoyer des sommets de cette manière, je veux dire que j’ai expérimenté la haute montagne et que innocemment ce fut une surprise. A plusieurs reprises j’ai passé la barre des 4000 mètres d’altitude, j’ai marché de longues distances les pieds dans la neige et admiré des lacs gelés. Chaque jour me réservait son lot de beauté, à chaque col que j’ai franchi je n’ai pas pu m’empêcher de faire « Wahou » lorsque j’arrivais en haut et que je découvrais la prochaine partie. Ces souvenirs sont d’autant plus forts que c’était éprouvant, j’ai dû repousser mes limites notamment le jour ou j’ai passé deux cols d’affilée, le plus haut et le plus effrayant. J’étais vidé, juste au niveau nourriture, je suis même tombé en rade le dernier jour, sur le moment c’était un supplice, mais aujourd’hui c’est un souvenir impérissable.
A l’opposé mon plus mauvais souvenir c’est cette longue descente aux enfers que j’ai vécu. Le nord de la Californie était encore plus chaud et aride que le sud, je commençais à être à bout à cause du soleil. A ce moment là mon sac me faisait un mal de chien car j’avais trop maigri. J’ai dû me rendre à la ville de Redding pour acheter un nouveau sac et j’en ai profité également pour changer mes chaussures. A la reprise de la marche, certes mon problème de sac était réglé, mais mes chaussures ont commencé à me faire mal. J’ai d’abord eu une terrible cloque, puis des douleurs au pied droit dues à une mauvaise couture. Cette douleur est remontée à la cheville. J’ai boité plusieurs jours. Ensuite à mon passage dans Castella j’ai eu un énième problème avec mes colis, j’ai dû repartir sans mon purificateur d’eau. Et le lendemain je commençais à avoir mal à la hanche. C’était le début de la fin. Pendant environ 15 jours j’ai eu le sentiment que rien ne fonctionnait correctement et que le trail me rejetait.
Breizh-info.com : Revenir dans la jungle urbaine et le monde moderne, ça fait quoi ?
Boris Ziegler :  Tout d’abord le retour a la « vie urbaine » signifie retour près d’Amandine et de mes proches, et ça j’en avais besoin. Maintenant j’ai emménagé sur Paris et le contraste avec les mois précédent est radical. Mais pour être honnête je ne me suis jamais senti complètement coupé du monde ou isolé, ma deuxième partie de voyage, à vélo, j’étais même dans le trafic au quotidien.
Donc je n’ai pas senti de réelles difficultés à retrouver la ville. J’ai simplement du mal avec tout ce bruit qui ne cesse jamais et je regarde d’un air amusé ces gens qui roulent et marchent à toute vitesse dans les rues de Paris.
Breizh-info.com : Qu’est ce qu’il t’a manqué selon toi pour terminer ? Envisages-tu de retenter quelque chose ?
Boris Ziegler :  Je pense que ma plus grosse erreur c’est mon manque de nourriture dès le début de ma marche. Je ne m’étais pas suffisamment renseigné sur ce que je devais manger au vue de l’effort fourni, d’autant plus que je ne pensais pas que la marche puisse être aussi éprouvante. Je devais probablement brûler environ 4000 calories par jour et j’en mangeais à peine 2000. Du coup j’ai perdu pas loin de 8 kilos dès le premier mois. Et cette perte, principalement de muscle, je n’ai jamais réussi à la regagner. Je pense que mes articulations et mes tendons ont pâti de ce manque de force et qu’ils se sont usés peu à peu. La suite on la connait, une terrible tendinite à la hanche au km 3000.
Bien sûr il y a d’autres longs trails dans le monde, deux autres aux USA et un en Nouvelle Zélande, un jour j’aimerais retenter l’expérience et surtout arriver à en achever un complètement. Et croyez moi si cela arrive je ne referai pas deux fois la même erreur.
Breizh-info.com :  Un point financier. As tu atteint les objectifs fixés ? Quid maintenant pour ton association ?
Boris Ziegler : Mon objectif initial était de récolter un euro par kilomètre parcouru, à savoir 4250 euro. Seulement au final j’en ai fait 5000, 3000 km a pied et 2000 km a vélo. Et bien le hasard fait bien les choses puisque nous avons dépassé la barre des 5 000 euros récoltés. A ce jour il y a plusieurs pistes possibles, tout d’abord l’achat d’une balançoire pour fauteuil roulant dans le cadre de l’aménagement extérieur de la MAS de Paimpol, également l’organisation d’une sortie, ou sinon un projet auquel j’ai songé serait l’achat de matériel informatique pour que les résidents du centre puissent appeler leurs proches via Skype et les voir sur un écran.
Mais tout ceci je vais devoir en discuter avec la direction du centre et les membres de l’ADAPEI 22. Affaire à suivre. Je pense que la remise de chèques se fera sûrement lors de mon prochain retour en Bretagne, aux alentours de noël. Je vous tiendrai au courant d’ici là.
 Photo : DR
[cc]
Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine. 
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