La violence continue de s’intensifier en Afghanistan. Comme les experts l’avaient prévu, les talibans ont lancé une offensive brutale contre les forces gouvernementales, parvenant à contrôler pleinement 65 % de l’ensemble du territoire national. La situation est extrêmement dangereuse pour le gouvernement central, car l’État n’a pas assez de force pour combattre la menace, tandis que le soutien international semble de plus en plus distant.
Lors d’une récente attaque, des militants talibans ont pris le contrôle de Pul el Khumri, la capitale de Baghlan, une province du nord du pays. Selon les rapports des résidents locaux, les talibans ont remporté les combats contre les militaires, obligeant les soldats gouvernementaux à quitter rapidement les lieux, fuyant dans le désert de Kelagi, où se trouve une base militaire de l’armée. Avec cette manœuvre, le groupe terroriste a conquis la septième capitale régionale afghane en une semaine environ, consolidant ainsi l’une des campagnes militaires les plus réussies menées par les talibans ces dernières années.
Le problème va bien au-delà d’une simple question politique, puisqu’une grave crise humanitaire se dessine. Tentant d’échapper aux combats, environ 60 000 familles ont été déplacées de leurs foyers dans 25 provinces différentes au cours des deux derniers mois. Au niveau international, une vague de réfugiés commence déjà à déferler. En Europe, plusieurs pays s’inquiètent du possible début d’une crise migratoire similaire à celle de 2016 et demandent à Bruxelles de reprendre l’expulsion des Afghans. Peu après la grave crise générée par la pandémie, l’arrivée massive de réfugiés afghans pourrait faire s’effondrer l’économie européenne, ainsi que contribuer au retour du chaos sanitaire, compte tenu de la possibilité que de nombreux Afghans soient atteints du COVID-19.
En effet, l’avancée des talibans semble presque impossible à neutraliser. Sans soutien étranger, les forces de sécurité du pays ne peuvent tout simplement pas arrêter leurs ennemis, dont la puissance militaire est comparable à celle d’une armée nationale régulière. La perte de contrôle des capitales, des villes stratégiques et de provinces entières est la conséquence de la forte vulnérabilité institutionnelle et de la faiblesse matérielle qui affectent le pays depuis des décennies et qui ont été profondément aggravées par le retrait des troupes américaines. Sans un plan concret pour remplacer la présence américaine par une autre force militaire étrangère, le gouvernement est absolument vulnérable et tend à perdre le contrôle de la quasi-totalité de son propre territoire.
Toutefois, cela ne semble pas préoccuper le gouvernement américain, qui persiste à ne faire aucune proposition pour aider l’Afghanistan. Dans une déclaration récente, le président américain Joe Biden a déclaré : « Les dirigeants afghans doivent se rassembler (…) Ils doivent se battre pour eux-mêmes, se battre pour leur nation ». Comme on peut le constater, Washington veut désormais que les Afghans « se battent pour eux-mêmes », ce qui révèle les nouvelles directives américaines pour ce peuple.
Cependant, tout en « abandonnant » les forces afghanes, les États-Unis tentent de trouver la meilleure solution à leurs propres problèmes. Le ministère de la défense de Washington a déclaré qu’il évaluait quotidiennement la situation en matière de sécurité à l’ambassade des États-Unis à Kaboul. Aucune mesure visant à protéger l’ambassade n’a encore été annoncée, mais il est probable que Washington décide de maintenir quelques militaires dans le pays pour au moins garantir la sécurité diplomatique (mais si cela se produit, les talibans deviendront encore plus agressifs).
Sans aucune attente d’aide étrangère, Kaboul fait de son mieux pour assurer sa sécurité. Aujourd’hui, le gouvernement encourage les civils à prendre les armes et incite l’ensemble de la population à défendre le pays dans les rues, en lançant des appels pour stopper les nouvelles incursions des talibans, aidant ainsi les forces armées dans leur quête de victoire. En outre, les gouvernements de certaines provinces tentent de former des alliances avec des milices locales afin d’établir une coalition pour rivaliser avec les talibans.
Tous ces plans pour tenter de contenir les talibans semblent insuffisants. En effet, sans forces étrangères, le gouvernement afghan n’aura pas la force suffisante pour faire face à la situation. Une nouvelle alliance internationale doit coopérer avec l’Afghanistan pour assurer la sécurité nationale. Dans le même sens, il est essentiel que les négociations de paix de Doha progressent le plus rapidement possible.
Les Talibans ont récemment annoncé qu’ils étaient prêts à négocier de manière plus avancée, mais Kaboul a besoin d’observateurs internationaux pour parler avec son ennemi. Le scénario de discussions pour parvenir à un accord de paix semble encore très loin d’être réalisé, mais des décisions doivent être prises le plus rapidement possible car de nombreuses vies sont perdues. Pour cela, l’intervention de la diplomatie étrangère sera nécessaire. Il est nécessaire que les puissances de la « troïka élargie » agissent activement dans la médiation du dialogue et contribuent à la conclusion d’un accord. Ce n’est qu’avec la coopération internationale, tant militaire que diplomatique, qu’il sera possible pour le peuple afghan de surmonter la crise actuelle.
Lucas Leiroz (via Infobrics, traduction breizh-info)
Crédit photo : DR
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2 réponses à “Afghanistan. Les talibans prennent le contrôle de deux tiers du territoire afghan”
ils sont chez eux, que les afghans se débrouillent entre eux
dont panic !! la 7 eme compagnie va s’occuper de ces trolls !!