On en attendait pas moins d’Anthony Hopkins. Avec The Father, de Florian Zeller (qui ne s’était pas distingué jusqu’ici par des films passionnants), on découvre un petit chef d’oeuvre du cinéma.
L’histoire de ce film est un drame qui raconte la trajectoire intérieure d’un homme de 81 ans, Anthony, manifestement malade d’Alzheimer, dont la réalité se brise peu à peu sous nos yeux. Mais c’est aussi l’histoire d’Anne, sa fille, qui tente de l’accompagner dans un labyrinthe de questions sans réponses.
Le film est parfois déroutant, parce qu’il semble avoir été tourné avec les yeux justement d’un malade d’Alzheimer. Le spectateur perd de temps à autre le fil de l’histoire, et tente de reconstituer ce puzzle, dramatique, qui n’est autre que le cerveau, en perdition, d’un homme malade, vieillissant, sur le déclin. Ce film donne cette sensation étrange que pour autres, tout est absolument logique et cohérent alors que ça ne l’est pas du tout pour nous, malades.
Anthony Hopkins incarne d’ailleurs à merveille ce nous. On est dans du cinéma, dans de l’interprétation haut de gamme, dans ce qui constitue quasiment un huis clos durant 1h40. Olivia Colman, révélée grâce notamment à l’excellente série Broadchurch, dans le rôle d’une fille qui se bat pour son père, malgré les difficultés propres à cette évolution dégénérative y compris destructive pour sa vie quotidienne, sa vie de couple, excelle également.
Le film témoigne de la difficulté, pour ceux qui disposent encore de longues années devant eux et de toutes leurs facultés mentales et intellectuelles, à gérer ceux qui, parmi les personnes les plus importantes de notre vie (ici un père) , quittent petit à petit ce monde, malades.
Il témoigne aussi de la difficulté, pour un homme, de se voir vieillir, malade, sur le déclin. De perdre petit à petit ses facultés, de se sentir mourir finalement. La scène finale est d’ailleurs particulièrement poignante, émouvante, dramatique, lorsque, pour la première fois du film, le père semble se rendre compte de sa perdition et de ses conséquences, et qu’il affronte alors ses propres peurs, ses propres démons, et qu’il en appelle …soudainement…à sa propre mère. Terrible.
The Father est un grand film, un chef d’oeuvre du cinéma. Parce qu’avec un sujet finalement banal (une maladie dégénérative), les réalisateurs parviennent à prendre aux tripes le spectateur. A lui faire comprendre ce qu’il peut réellement se passer dans la tête, à la fois d’un homme atteint de ce type de maladie, mais aussi d’une famille qui ne peut qu’affronter les conséquences, particulièrement lourdes.
Sans l’interprétation magistrale d’un Hopkins, c’est certain, cela n’aurait sans doute pas la même saveur. Lui même acteur majeur du cinéma américain, mais vieillissant, il n’a pas dû être facile pour lui d’incarner un rôle dont, finalement, il est peut être très proche dans une réalité à venir dans les prochaines années.
Si la note de 10 sur 10 ne se met pas, car la perfection n’existe pas, y compris en cinéma, on attribuera facilement celle de 9 ou de 9,5 à The Father, incontestablement l’un des grands films de ces dernières années.
A voir évidemment en version original sous titrée.
YV
Crédit photo : DR
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Une réponse à “Cinéma. The Father : Un chef d’oeuvre !”
Anthony Hopkins est un acteur anglais, né au pays de Galles.
Il est nommé commandeur de l’ordre de l’Empire britannique (1987) puis anobli (1993) par la reine Élisabeth II pour ses services rendus aux arts, acquérant sept ans plus tard la nationalité américaine.
Mais c’est un acteur au jeu typiquement anglais; shakespearien et non un produit de l’Actors Studio