Une nouvelle série de bandes dessinées s’insère dans le contexte de l’abandon du paganisme. Les vikings vont-ils délaisser leurs anciennes croyances pour embrasser le christianisme…
Le viking Sten rentre au Royaume de Jylland, péninsule formant la partie continentale du Danemark. Ce chef viking a la particularité d’observer son ennemi pour déceler sa faiblesse, plutôt que d’attaquer frontalement. Son dernier pillage est particulièrement fructueux. Son drakkar est rempli de reliques et de pièces d’or, mais la majeure partie du butin reste cachée dans une grotte, gardée par un guerrier. Sten apprend que son père, le roi Magnulv, est mourant. Pour assurer la paix de son royaume, celui-ci s’est converti au christianisme avec d’autres rois de Jylland. Désormais, les vikings ne doivent plus piller, mais commercer avec les autres villes. Rodor, son fils aîné, s’apprête également à être baptisé. Mais Sten n’est pas prêt à renier les dieux vikings de ses ancêtres. Il fait mine d’accepter les dernières volontés de son père et prête allégeance à son frère Rodor, qui devient ainsi le nouveau roi. Fin stratège et manipulateur, il attend patiemment son heure…
Le scénariste belge Bruno de Roover évoque ainsi l’abandon du paganisme au profit du christianisme. En effet, jusqu’au XIème siècle, les Danois participent aux expéditions vikings, pillant notamment des villes côtières en Grande-Bretagne. Mais dès 725, l’archevêque d’Utrecht se rend au Danemark, tentant en vain de convertir le roi. Puis, au X ème siècle, le roi Harald Ier impose le christianisme dans son royaume et se fait baptiser avec sa famille. Il réalise ainsi l’unité du Danemark vers 980, sur un territoire s’étendant du Jutland à la Scanie. Le scénariste insère son récit dans l’Histoire du Danemark. Il imagine que Sten, guerrier violent, calculateur et manipulateur, va tout faire pour maintenir la religion nordique, y compris assassiner sournoisement son propre frère, le nouveau roi. Ce scénario très original, qui ne manque pas de rebondissements, offre également une réflexion sur la manipulation.
La maîtrise graphique du dessinateur polonais Przemyslaw Klosin est impressionnante. Son dessin réaliste, vif et dynamique reflète la violence de l’époque. Sa colorisation est particulièrement soignée.
Kristol Séhec
Jylland, t. 1 Magnulv le Bon, 44 pages, 14 euros, Anspach Editions.
Illustrations : DR
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