Depuis quelques jours et jusqu’au 19 septembre prochain, les visiteurs du Musée départemental breton peuvent découvrir une vaste exposition consacrée à Alphonse Mucha, artiste tchèque maître de l’Art nouveau. Avec à la clé des œuvres inédites témoins de son intérêt pour la Bretagne…
Alphonse Mucha au Musée départemental breton
C’est une première en Bretagne : le Musée départemental breton de Quimper expose depuis le 18 juin dernier l’œuvre d’Alphonse Mucha (1860-1939), présenté comme l’un des plus illustres créateurs européens de l’Art nouveau.
Au total, ce sont une centaine d’œuvres et de documents prêtés par la « Mucha Trust Collection » que les visiteurs du musée peuvent découvrir au deuxième étage du bâtiment jusqu’au 19 septembre prochain. Organisée en coopération avec la Fondation Mucha de Prague, la rétrospective propose notamment des peintures, dessins, et affiches, mais aussi des photographies, des costumes, des sculptures sculptures et des objets d’art décoratif.
Né à Ivančice, une ville du sud de la Moravie faisant parti à l’époque de l’Empire d’Autriche se trouvant désormais sur le territoire de la République tchèque, Alphonse Mucha travaillera à Vienne et à Munich puis finira par gagner Paris afin d’y poursuivre sa formation artistique. Celui qui deviendra par ailleurs un ami de Paul Gauguin, finira également par se faire une place d’affichiste réputé en France mais aussi aux États-Unis et au Japon avec un style particulièrement reconnaissable.
La Bretagne vu par l’artiste tchèque
De plus, puisque l’âme bretonne ne laisse personne indifférent, il n’y avait pas de raison qu’Alphonse Mucha y fasse exception. Le Musée départemental breton de Quimper propose ainsi au public de découvrir des dessins de l’artiste restés inédits jusqu’à présent et évoquant sa rencontre avec la région.
Alphonse Mucha voyait dans l’art populaire, et en particulier dans les costumes traditionnels et les motifs décoratifs, une forme importante d’expression de l’identité culturelle et idéologique. C’est probablement ce sentiment qui explique l’affinité que ressentait l’artiste pour la Bretagne. En outre, l’intérêt croissant qu’il portait à l’ancienne culture tchèque et à son lien avec l’héritage celtique semble l’avoir incité à explorer l’art traditionnel breton.
Mucha s’est rendu régulièrement en Bretagne, où il a passé des vacances, profitant d’une vie paisible au bord de la mer, parlant philosophie avec ses amis et envisageant de nouveaux projets. Parmi ces séjours, ceux de 1902-1903 semblent l’avoir particulièrement inspiré. Grâce aux recherches menées conjointement par la Fondation Mucha et le Musée départemental breton, il apparaît qu’un grand nombre de photographies et de croquis des collections du Mucha Trust, jusqu’ici non identifiés, sont en réalité des études de paysages et de costumes de la région bretonne, dont beaucoup ont un lien avec des œuvres réalisées par l’artiste durant cette période. Les documents présentés dans l’exposition confirment l’intérêt de ce génie de l’ornementation pour les traditions populaires décoratives de la région telles qu’elles s’épanouissaient en particulier dans les costumes traditionnels et la broderie.
L’histoire d’Alphonse Mucha et des biscuits LU de Nantes…
Bretagne toujours, Alphonse Mucha eut parmi ses principaux commanditaires, après Sarah Bernhardt, l’industriel nantais Louis Lefèvre-Utile (1858-1940), directeur de la biscuiterie établie dans la capitale historique de la Bretagne. Entre 1896 et 1903, il dessina pour LU quatre affiches, treize emballages de boîtes et le décor d’une bonbonnière. En 1903, l’actrice posa devant son ami tchèque pour un panonceau-calendrier.
La biscuiterie Lefèvre-Utile puisa parfois dans la thématique bretonne l’inspiration de ses campagnes publicitaires et du conditionnement de ses produits. Elle s’adressa à des spécialistes du genre tels qu’Alexis Vollon (1865-1945), Alfred Guillou (1844-1926) ou Hippolyte Berteaux (1843-1928).
Il est attesté que Mucha rencontra personnellement Louis Lefèvre-Utile dès 1896 ou 1897. Cependant, malgré l’importance et la régularité de ses contributions à la promotion de la biscuiterie, il n’était aucunement tenu de se rendre à Nantes auprès de son commanditaire: en vertu du contrat d’exclusivité que l’artiste avait consenti à l’éditeur Ferdinand Champenois, toutes ses commandes de compositions destinées à l’impression étaient adressées à ce dernier. Lefèvre-Utile indiquait donc à Champenois ses desiderata et recevait de lui les esquisses des projets.
Informations pratiques :
Musée départemental breton
1, rue du Roi Gradlon
29000 Quimper
Tél. : 02 98 95 21 60
Crédit photo : Musée départemental breton Quimper (photo d’illustration)
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