A chaque élection locale ou régionale, on constate l’échec à toucher les masses des listes autonomistes/régionalistes, en Bretagne. Cela devrait être le cas de nouveau lors des élections régionales de dimanche en Bretagne, où l’abstention devrait être le grand vainqueur, reléguant les listes autonomistes/régionalistes clairement affirmées, à 5% à peine.
Plutôt que de s’interroger sur les raisons qui font que cela ne fonctionne pas – car l’idée bretonne elle, est au coeur d’une partie importante de la population encore consciente identitairement – certains responsables politiques préfèrent continuer à se bercer d’illusion. Voici pourtant quelques vérités nécessaires à rappeler pour que peut être demain les choses changent.
Minoritaire, l’extrême gauche a fait depuis longtemps une OPA sur la question bretonne
C’est une réalité. L’extrême gauche bretonne, malgré des idées de fond minoritaires, mène la danse sur la question bretonne en Bretagne. Et le fait plutôt bien.
L’idée d’un sondage sur la réunification de la Bretagne (Dibab) bien avant « à la bretonne » ? C’était celle d’anciens militants d’Emgann et de l’extrême gauche bretonne. Que l’on retrouve pour certains élus aujourd’hui et actifs, dans des conseils municipaux, en Loire-Atlantique notamment.
La dernière manifestation pour la langue bretonne à l’arrivée de la Redadeg ? Une initiative de Gaël Roblin, conseiller municipal à Guingamp, très actif à la fois dans le domaine de la langue bretonne, mais également dans le syndicalisme…ou dans le combat traditionnel de l’extrême gauche (migrants, antiracisme…)
Aux départementales qui se profilent, on retrouve par ailleurs des candidats « Douar ha Frankiz », qui disent militer pour l’indépendance de la Bretagne….et pour l’accueil inconditionnel des migrants (à croire que cela tourne à l’obsession)…qu’il faudrait par exemple reloger dans les locaux de l’ancienne centrale nucléaire de Brennilis…
Sans avoir attendu Nil Caouissin et son (faux) statut de résident, le collectif d’extrême gauche Dispac’h lançait déjà des campagnes médiatisées sur l’invasion de maisons secondaires sur le littoral breton et sur la difficulté pour la jeunesse bretonne, à se loger. Là encore, aux côtés de propositions auxquelles adhèrent n’importe quels Bretons soucieux de préserver leurs terres de la spéculation immobilière, toutes les cases de l’extrême gauche étaient cochées : anti-racisme obsessionnel, luttes LGBTQ+, participation à toutes les manifestations de l’extrême gauche française classique…
C’est d’ailleurs la gauche régionaliste, via l’UDB, alliée à EELV, qui pourrait de nouveau avoir des élus à la Région Bretagne. Au même titre qu’elle a des élus municipaux, y compris dans des métropoles comme Rennes ou Nantes. Non pas parce qu’elle a convaincu l’opinion sur l’idée d’autonomie ou d’indépendance, mais avant tout parce qu’elle s’est alliée avec des forces de gauche clairement affichées comme telles, et ayant un électorat certain en Bretagne.
Globalement, ces élus servent surtout de « caution régionaliste ». Mais que Gaël Briand (UDB) soit ou pas sur la liste de Claire Desmares-poirrier aux régionales à venir ne changera pas le score de cette liste qui dépend avant tout de la mobilisation des électeurs métropolitains, désolé pour lui.
Quoi qu’il en soit par ailleurs, le « régionalisme mou » est dans les faits, déjà appliqué par un autre homme de gauche, Loig Chesnais Girard, poulain de Le Drian, dont le bilan pour les langues de Bretagne, ou en matière de régionalisation, est difficilement contestable. Ce que la gauche régionaliste bretonne propose, y compris sur les lubies sociétales (Ecriture inclusive, obsession LGBTQ+, migrants, subventions massives aux associations…) le Parti Socialiste l’a déjà fait finalement. C’est dire si ça ne va pas bien loin.
Face à la caution régionaliste de la gauche, une droite qui a peur de son ombre
Face à cette gauche, aujourd’hui électoralement, il se trouve deux partis, dont l’un en perdition, qui existent, qui pèsent encore politiquement en Bretagne. Les Républicains, qui sont en voie d’effondrement prononcée, comme partout en France, du fait d’un ADN qui contient la lâcheté politique et l’incapacité à s’affirmer de droite et à se battre frontalement et idéologiquement avec la gauche.
De l’autre, le Rassemblement national, qui pourrait gagner des régions en France, et arriver en tête au Premier tour en Bretagne, fait politique nouveau.
D’un côté, un parti qui survit en Bretagne grâce à un réseau tissé, de longue date, dans les moyennes villes bretonnes (le même réseau, en moins important, qu’a tissé la gauche avec les pieuvres métropoles depuis des années, République des copains oblige).
De l’autre, un parti politique qui doit sa percée à l’arrivée progressive, en Bretagne, de tous les maux dont elle était préservée jusqu’ici et que les idéologues dangereux, et les aveugles peureux, ont laissé pénétrer. Traditionnellement réticents au vote RN (ou FN) notamment en raison d’une incompréhension historique entre la famille Le Pen et une partie des électeurs (et un jacobinisme des plus ringards), voici aujourd’hui que des centaines de milliers de Bretons s’apprêtent à voter pour le RN, parce que le climat sociétal et social change profondément en Bretagne, n’en déplaise aux aveugles de gauche. C’est un fait. Les observateurs peuvent taper du pied, pleurer, ou rager, c’est comme ça, parce que tous portent au fond d’eux la responsabilité de n’avoir pas voulu écouter la colère sourde d’un peuple. Et demain, si ils continuent de faire l’autruche, ce sera 30% et plus encore par la suite. On ne favorise pas ouvertement la mort d’un peuple sans en payer les conséquences.
Au final, dans tous les cas, malgré l’ascension de l’un, le déclin de l’autre, voici deux partis perdants, au soir du deuxième tour, faute d’alliance (alors qu’une partie de leurs électorats se rapproche énormément) . Et ce constat, récurrent, que la minorité qui vote aux élections en Bretagne est une minorité majoritairement à gauche et majoritairement régionaliste aussi.
Une question se pose alors : Quelle place pour une droite nationaliste bretonne dans cette sphère politique en Bretagne ? A quand l’émergence d’une personnalité politique bretonne qui débarque tel un trublion dans la vie politique (et non pas, sans lui faire offense, d’un Joannic Martin du Parti Breton qui mène campagne sur des thématiques sans la moindre démarcation vis à vis d’Isabelle Le Callennec pour certains sujets, de la gauche régionaliste pour d’autres, comme si la mollesse politique, ou la trouille, était dans l’ADN d’un Parti Breton qui ne pèse rien électoralement..) ?
Il y a de la place pour une nouvelle offre politique en Bretagne
Si l’on prend en compte les attentes de la population bretonne (pour qui ni la réunification de la Bretagne, ni l’enseignement des langues de Bretagne ne sont une priorité absolue par rapport à d’autres sujets, ce qui ne signifie pas de devoir céder là dessus) , on se rend rapidement compte que face à la gauche et à ses cautions régionalistes, l’émergence d’une nouvelle offre politique sincèrement autonomiste, et fermement identitaire et sociale, aurait toute sa place dans notre région. Encore faut-il avoir le courage politique d’aller jusqu’au bout de la démarche. Et faire des propositions qui sortent réellement de l’ordinaire. Car le problème actuel de la revendication bretonne, c’est qu’elle n’est finalement que l’expression régionale de la substance républicaine française appliquée au peuple breton. Voici quelques propositions :
- Revendiquer et oeuvrer à la sortie de la V ème République, et abroger toutes les lois restreignant la liberté d’expression et d’opinion, pour permettre notamment la création d’un statut de citoyen Breton par le droit du sang, permettant de mettre en place ensuite la priorité à l’emploi, à l’embauche, à la propriété, au logement social, pour les Bretons, sur leur terre.
- Fusionner conseil régional et conseils départementaux, pour faire une Assemblée unique de Bretagne, ayant les compétences en matière d’Education, de santé, de sécurité, de transports, d’agriculture, d’environnement, de sport, de police régionale…Supprimer les communautés d’agglomération, et redonner des pouvoirs aux maires et aux conseils de cantons. Oeuvrer à la déconstruction progressive des métropoles vampires
- Mener une politique de transport au service des Bretons, et non pas au service des métropoles ou d’un rapprochement permanent avec Paris. Augmenter les lignes aériennes et maritimes vers d’autres pays d’Europe. Remettre en service le réseau ferroviaire dans toute la Bretagne, redonner vie aux anciennes gares, du Nord au Sud et d’Est en Ouest de la Bretagne.
- Création d’une police régionale en remplacement des polices municipales actuelles.
- Mettre en place une réelle politique contraignante de lutte contre l’alcoolisme et la consommation de stupéfiants. Interdiction de séjour en Bretagne et perte du statut de citoyen breton pour les tous les dealers, petits ou gros. Conditionnement de subventions pour des festivals ou des évènements culturels garantis sans drogue et sans alcool.
- Généraliser l’enseignement du Breton et du Gallo à tous les établissements dont les territoires sont historiquement concernés par ces langues.
- Soumettre chaque implantation d’éoliennes à un apport énergétique local (et donc à une baisse tarifaire) et avant cela, à un référendum local d’implantion, entre les populations concernées. Réfléchir avec les spécialistes aux alternatives pour permettre l’autonomie énergétique de la Bretagne, à des coûts raisonnables pour le consommateur.
- Généraliser l’agriculture biologique ou raisonnée. Conditionner les aides à ces installations ou à ces reconversions. Refaire de la politique agricole une politique qui soit axée sur le fait de nourrir avant tout la Bretagne et les Bretons, pas le monde entier.
- Faire de la Bretagne la première région d’Europe ayant le label « 0% migrants ». Interdire à l’Etat français de répartir les migrants en Bretagne. Aucune mise à disposition de locaux. Aucune subvention à des associations qui entendent collaborer à ce processus d’implantation et de transformation progressive du climat en Bretagne.
- Etablir un moratoire sur les subventions aux associations dans la région. Les conditionner à la notion d’intérêt public régional, et à la présentation effective de l’utilisation des fonds publics.
- Mettre en place des incitations à la natalité pour les citoyens bretons (fortes aides à l’accession à la propriété et à l’installation, création d’un statut spécial de mère ou de père au foyer, allocations familiales exclusives pour les citoyens bretons…).
Des idées novatrices, révolutionnaires, pour la Bretagne, il en existe sans doute des centaines, des milliers. Encore faut-il avoir le courage de les porter, de les proposer, puis de les appliquer. Encore faut-il dès demain que les acteurs qui feront la Bretagne songent à sortir des sentiers battus. A sortir la Bretagne et le combat breton d’un 20ème siècle qui n’a pas permis à notre région de prendre la place qu’elle doit occuper en Europe, à évacuer les tares propres à ce siècle et qui collent encore à la peau du mouvement breton, tout en se préservant des écueils proposées par la gauche et l’extrême gauche, qui oeuvrent, y compris inconsciemment pour certains, à la disparition d’un peuple, d’une âme, d’une identité, vague destructrice que l’on retrouve d’ailleurs actuellement partout en Europe de l’Ouest.
Il y a du pain sur la planche. Il en va néanmoins de l’avenir de la Bretagne. Tout cela demande du courage politique. Et d’ouvrir les yeux. Pour le reste, en avant !
Yann Vallerie
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Une réponse à “Régionales 2021 en Bretagne. Pourquoi les listes autonomistes/régionalistes ne pèsent pas sur la société bretonne ?”
bien résumé : » une droite qui a peur de son ombre »