Un Tchétchène, un « Rennais » d’origine turque, deux Albanais, de la drogue et le quartier « sensible » de Kermoysan pour décor : c’est une affaire aux airs de synthèse qui a été jugée par le tribunal de Quimper il y a quelques jours.
Héroïne, cocaïne et immigrés : cocktail classique à Quimper
Le tribunal de Quimper est désormais rompu aux affaires mêlant trafic de drogue et immigration. La semaine dernière, quatre individus étaient jugés le 18 mai pour usage et trafic de cannabis, d’héroïne et de cocaïne. Le quatuor, des hommes âgés de 32 à 43 ans, avait été placé en détention provisoire suite à son arrestation au début de ce mois d’avril 2021. Tandis qu’un procès en comparution immédiate devait avoir lieu le 9 avril, les prévenus avaient alors demandé et obtenu le renvoi de celui-ci. Quant au trafic, il avait débuté au mois de juillet 2020 et s’effectuait entre Rennes, Quimper, et le Pays bigouden.
À l’audience, des interprètes russes et albanais étaient présents et pour cause : sur les quatre hommes, on recensait deux Albanais, un Tchétchène et un « Allemand » d’origine turque dit « Le Rennais », avec déjà de lourdes condamnations pour trafic de stupéfiants à son actif.
Pour ce qui est des liens entre eux, ils apparaissent flous et parfois niés par certains prévenus. Tout juste reconnaissent-ils avoir brièvement consommé de la drogue ensemble dans un squat ou dans un hôtel dans le cadre d’une procédure d’asile. Nous voilà loin de l’image du réfugié politique persécuté dans son pays.
Plusieurs kilos de drogue revendus à Quimper Kermoysan
À l’origine de cette affaire, c’est l’ouverture d’une enquête après le braquage d’un bar-tabac à Plomeur, près de Pont-l’Abbé, en novembre 2020, qui a mis les gendarmes de la brigade de recherche Quimper sur la piste de la petite équipe par l’intermédiaire d’un Tchétchène interpellé.
Quant à l’organigramme du trafic, c’est le « Rennais » qui était considéré par les enquêteurs comme un fournisseur, bien que celui-ci ait nié. Par ailleurs, les écoutes téléphoniques ont révélé l’existence d’un trafic de stupéfiants dans le sulfureux quartier de Kermoysan. Lors des perquisitions, les gendarmes saisiront de l’héroïne, de la cocaïne, et plus de 4 300 € en liquide chez l’un des prévenus. Ce dernier reconnaîtra par la suite lors de l’audience avoir écoulé « 2 kg de cocaïne et 2 kg d’héroïne pour un bénéfice de 30 000 euros » depuis le mois de juillet 2020.
L’un des Albanais condamnés en situation irrégulière
En définitive, les peines prononcées seront bien moins lourdes que les réquisitions du procureur, lequel avait requis trois ans de prison ferme à l’encontre des deux Albanais et 18 mois de prison ferme pour le Tchétchène et le « Rennais ». Ainsi, un certain Adrian Babaj, âgé de 32 ans et vivant à Quimper, toujours dans le quartier de Kermoysan, depuis 2012 avec sa femme et ses quatre enfants (nés en France) a écopé d’une peine de deux ans de prison ferme. Autre information qui pose réellement question sur l’efficacité du contrôle de l’immigration clandestine par les autorités françaises : cet Albanais se trouve être en situation irrégulière sur le territoire après plusieurs refus de régularisation de la part de l’administration…
L’autre Albanais, âgé de 33 ans et « cousin » du premier, s’en sort pour sa part avec 10 mois de prison avec sursis. Sa présence en France, il la justifie en expliquant n’être venu faire que du « tourisme » dans le pays. Quant au « Rennais » d’origine turque, il a été condamné à six mois de prison ferme avec maintien en détention, tout comme son comparse tchétchène, présenté comme un consommateur d’héroïne et de cocaïne et dont l’adresse n’est autre que la prison de Brest. Si trois des quatre condamnés ont interdiction de séjour sur l’ensemble du territoire de la Bretagne administrative, cette interdiction ne s’applique que pour le Finistère en ce qui concerne le « Rennais ».
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