Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le sexe des mots, par Jean François Revel

Le combat pour la défense du français et contre l’imbécile féminisation des mots ne date pas d’hier. Jean François Revel a disparu en avril 2006 ; philosophe, homme de presse, écrivain, académicien, il avait compris, l’un des premiers, l’agression de notre culture et la volonté de détruire notre langue par tous les moyens. Précurseur et visionnaire, il pressentait le désastre qui approchait et qui n’a cessé de se propager depuis. Après avoir lu ce qui suit, comme moi, vous ne supporterez plus ces prétendus journalistes radio du matin qui ouvrent leur journal par un « BONJOUR À TOUTES ZE A TOUS » !

Marc Le Stahler

***

Le sexe des anges…

 

Byzance tomba aux mains des Turcs tout en discutant du sexe des anges.

Le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que nous discuterons du sexe des mots.

La querelle actuelle découle de ce fait très simple qu’il n’existe pas en français de genre neutre comme en possèdent le grec, le latin et l’allemand. D’où ce résultat que, chez nous, quantité de noms, de fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont grammaticalement féminins ou masculins. Leur genre n’a rien à voir avec le sexe de la personne qu’ils concernent, laquelle peut être un homme.

Homme, d’ailleurs, s’emploie tantôt en valeur neutre, quand il signifie l’espèce humaine, tantôt en valeur masculine quand il désigne le mâle. Confondre les deux relève d’une incompétence qui condamne à l’embrouillamini sur la féminisation du vocabulaire. Un humain de sexe masculin peut fort bien être une recrue, une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille.

De sexe féminin, il lui arrive d’être un mannequin, un tyran ou un génie. Le respect de la personne humaine est-il réservé aux femmes, et celui des droits de l’homme aux hommes ?

Absurde !

Ces féminins et masculins sont purement grammaticaux, nullement sexuels.

Certains mots sont précédés d’articles féminins ou masculins sans que ces genres impliquent que les qualités, charges ou talents correspondants appartiennent à un sexe plutôt qu’à l’autre. On dit: « Madame de Sévigné est un grand écrivain » et « Rémy de Goumont est une plume brillante ». On dit le garde des Sceaux, même quand c’est une femme, et la sentinelle, qui est presque toujours un homme.

Tous ces termes sont, je le répète, sémantiquement neutres. Accoler à un substantif un article d’un genre opposé au sien ne le fait pas changer de sexe. Ce n’est qu’une banale faute d’accord.

Certains substantifs se féminisent tout naturellement: une pianiste, avocate, chanteuse, directrice, actrice, papesse, doctoresse. Mais une dame ministresse, proviseuse, médecine, gardienne des Sceaux, officière ou commandeuse de la Légion d’Honneur contrevient soit à la clarté, soit à l’esthétique, sans que remarquer cet inconvénient puisse être imputé à l’antiféminisme. Un ambassadeur est un ambassadeur, même quand c’est une femme. Il est aussi une excellence, même quand c’est un homme. L’usage est le maître suprême.

Une langue bouge de par le mariage de la logique et du tâtonnement, qu’accompagne en sourdine une mélodie originale. Le tout est fruit de la lenteur des siècles, non de l’opportunisme des politiques. L’État n’a aucune légitimité pour décider du vocabulaire et de la grammaire. Il tombe en outre dans l’abus de pouvoir quand il utilise l’école publique pour imposer ses oukases langagiers à toute une jeunesse.

J’ai entendu objecter : « Vaugelas, au XVIIe siècle, n’a-t-il pas édicté des normes dans ses remarques sur la langue française ? ». Certes. Mais Vaugelas n’était pas ministre. Ce n’était qu’un auteur, dont chacun était libre de suivre ou non les avis. Il n’avait pas les moyens d’imposer ses lubies aux enfants. Il n’était pas Richelieu, lequel n’a jamais tranché personnellement de questions de langues.

Si notre gouvernement veut servir le français, il ferait mieux de veiller d’abord à ce qu’on l’enseigne en classe, ensuite à ce que l’audiovisuel public, placé sous sa coupe, n’accumule pas à longueur de soirées les faux sens, solécismes, impropriétés, barbarismes et cuirs qui, pénétrant dans le crâne des gosses, achèvent de rendre impossible la tâche des enseignants.

La société française a progressé vers l’égalité des sexes dans tous les métiers, sauf le métier politique. Les coupables de cette honte croient s’amnistier (ils en ont l’habitude) en torturant la grammaire.

Ils ont trouvé le sésame démagogique de cette opération magique : faire avancer le féminin faute d’avoir fait avancer les femmes.

Jean François Revel

Crédit photo : Jean-François Revel, par Raphael GAILLARDE | Gamma-Rapho via Getty Images -Flickr(cc)
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Une réponse à “Le sexe des mots, par Jean François Revel”

  1. Cagliostro dit :

    Excellent article.
    Je bondis toujours lorsque j’entends Sciappa parler de féminicide ou d’un ambassadeur devenue ambassadrice, l’écrivaine et j’en passe…

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Insolite, Local, Sociétal, Société, ST-NAZAIRE

Saint-Nazaire : un homme veut venir prendre une douche chez vous… et plus si affinité !

Découvrir l'article

BREST, Insolite, Local

Pâtisseries en forme de sexe : la Quéquetterie s’installe à Brest !

Découvrir l'article

Santé, Sciences

Les cerveaux des hommes et des femmes sont bien différents. La preuve par l’IRM

Découvrir l'article

Culture, Culture & Patrimoine, Education, Sciences, Sociétal, Société

Université : quand le CRBC (Centre de Recherche Bretonne et Celtique) vous parle en charabia

Découvrir l'article

Sociétal

Effondrement de l’écriture manuscrite, écriture inclusive…que révèlent les derniers chiffres d’une enquête sur le sujet ?

Découvrir l'article

Justice, Sociétal

Grenoble. Coup d’arrêt pour l’écriture inclusive à l’université

Découvrir l'article

Sociétal

L’écriture inclusive contribuerait à une société plus égalitaire ? La démonstration par les langues africaines 

Découvrir l'article

Culture, Culture & Patrimoine

Genre et féminisme dingue, découvrez le sexe supérieur, le nouveau sketch de Franjo

Découvrir l'article

Sociétal

L’appel de Bernard Carayon (LR) à ses collègues pour supprimer l’écriture inclusive

Découvrir l'article

Culture & Patrimoine, Local, LORIENT, Sociétal, Société

Ploemeur. Quand un conseil municipal breton votre CONTRE l’écriture inclusive !

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky