Dix-neuf ans assistante parlementaire de Pierre Méhaignerie, le pape du centrisme breton et roi de Vitré, voilà le principal titre de gloire d’Isabelle Le Callennec. « Paris » l’a désignée comme tête de liste de la droite aux prochaines élections régionales en Bretagne. Elle aura besoin de ramer vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, si elle veut devenir présidente de la région.
Dans les partis centralisés, c’est Paris qui désigne les têtes de liste pour les élections régionales. Chez LR, c’est donc la commission nationale d’investiture (CNI) qui a choisi Isabelle Le Callennec pour conduire la liste de droite (mercredi 17 février). On ne peut pas dire que cette dernière appartienne à la catégorie des poids lourds de la politique bretonne. Une modeste carte de visite : maire de Vitré, présidente de Vitré communauté et présidente du groupe de la droite et du centre au conseil départemental d’Ille-et-Vilaine. Certes, elle fit un petit séjour au Palais-Bourbon (2012 – 2017) en tant que dauphine de Pierre Méhaignerie (39 ans de mandat), mais tout se gâte lors du renouvellement en 2017 ; elle se fait battre par Christine Cloarec (LREM), professeur de danse . Elle annonce tout de suite qu’elle ira « s’inscrire à Pôle emploi et vider ses bureaux. Je vais faire un bilan de compétence et une reconversion professionnelle, car je vais bien sûr continuer à travailler » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, lundi 19 juin 2017). Sa « reconversion professionnelle » s’effectue dans la politique puisqu’elle devient maire de Vitré en 2020… La défaite d’un député sortant est souvent à mettre en compte d’une absence d’ancrage : dans une circonscription rurale, un lien insuffisant avec les électeurs se paie cher. Devenir vice-présidente des Républicains (2016- 2017) non seulement n’apporte rien politiquement, mais encore constitue une perte de temps puisqu’on perd de vue ses électeurs.
Bla-bla politicien
Aux prochaines élections régionales, elle remplacera donc Marc Le Fur (LR), député de Loudéac, qui dirigeait la liste de droite en 2015. Rappelons que ce dernier termina deuxième (29,16%), derrière Jean-Yves Le Drian (53,34%) et devant le Front national (17,50%). La liste LR –UDI – MoDem hérita de 18 sièges. Petit lot de consolation pour Le Fur, en 2021, il conduira la « section » Côtes-d’Armor. Handicap de départ pour la liste de droite : elle sera conduite par quelqu’un qui ne peut pas revendiquer ni notoriété, ni popularité, ni relais dans le corps social à l’échelon régional. Seules des idées fortes capables de faire bouger les électeurs bretons pourraient contrebalancer ces faiblesses. Même ceux de droite ont besoin de « trucs » percutants pour aller aux urnes. Pour l’instant, le discours de Mme Le Callennec semble bien fade. Un exemple : « Je souhaite redonner de l’ambition à cette région. Aujourd’hui, on n’est pas au niveau où on devrait être en termes de PIB, de taux de chômage. Je veux être la candidate du pragmatisme, du bon sens, de la simplification. Il faut libérer les énergies et protéger les populations. » (Le Télégramme, Bretagne, samedi 20 mars 2021). On devine l’enthousiasme (?) et la perplexité de l’électeur en lisant ce bla-bla politicien. Mais la « candidate du pragmatisme » est parfois capable de s’aventurer sur le terrain du concret. De préférence du côté des idées à la mode : « Si je suis élue présidente de Région, il y aura autant d’hommes que de femmes aux responsabilités comme vice-présidents. C’est un engagement. » (Le Télégramme, Bretagne, jeudi 18 mars 2021). Si Mme Le Callennec croit qu’elle va passionner les foules avec ce genre de proposition, elle se trompe lourdement. L’électeur de base se fiche de savoir qui sont les vice-présidents du conseil régional ; il ignore même leur existence. La locomotive de la droite devra trouver autre chose si elle veut s’installer à l’hôtel de Courcy.
Tout le monde sait qu’il y a un coup à faire avec l’emploi, l’apprentissage, les transports, la ruralité… Sans oublier l’écologie avec l’isolation thermique des maisons et des immeubles, immense chantier auquel les artisans du bâtiment sont sensibles. Voilà des sujets qui « parlent » à l’électeur, car ils correspondent à ses attentes. Bien entendu, en prime, Mme Le Callennec à le droit de les faire rêver… Mais il ne faut peut-être pas trop en demander au maire de Vitré !
Bernard Morvan
Crédit photo : Isabelle Le Callenec/Wikimedia (cc)
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Une réponse à “Isabelle Le Callenec ne remplacera pas Anne de Bretagne…”
quid de la réunification de la Bretagne et de la convention sur les langues régionales bretonnes : breton et gallo ?
Est elle pour une certaine autonomie régionale et le rétablissement du Parlement de Bretagne en fusionnant les départements et la région dans des actions politiques coordonnées avec les communes ?
Quelle culture bretonne a t elle ?
Yannick MAHE gentilhomme breton.