Le Taoiseach (Premier ministre) d’Irlande Micheal Martin a repoussé les appels lancés aux États-Unis en faveur d’un référendum sur l’unité irlandaise, soulignant au contraire l’importance de la réconciliation. S’exprimant à Washington avant sa rencontre avec le président américain Joe Biden mercredi, M. Martin a souligné avant tout la nécessité de parvenir à la réconciliation en Irlande du Nord.
Le leader du Fianna Fail a déclaré que les discussions qui ont eu lieu autour de l’unité irlandaise immédiatement après le Brexit étaient « une erreur », rapporte The Irish Times. M. Martin a déclaré : « Je pense que cela divise et renvoie les gens dans les tranchées trop tôt. Mon point de vue est de vouloir développer un dialogue partagé, quelles que soient les préférences constitutionnelles de chacun. »
Ses commentaires interviennent quelques jours à peine après l’intensification aux États-Unis, à l’approche de la Saint-Patrick, d’une campagne publicitaire et politique menée par Friends of Ireland Sinn Fein, qui appelle à un scrutin frontalier. Des publicités dans des journaux — dont le Washington Post, le New York Times, Irish Voice et Irish Echo — affirmaient que ne pas organiser de référendum sur l’unité irlandaise laisserait « une Irlande divisée à la merci du gouvernement britannique ».
M. Martin a déclaré que l’objectif de l’initiative « Shared Ireland » était d’établir un « consensus » et une « unité », ajoutant que le gouvernement irlandais souhaitait travailler avec l’assemblée de Stormont (Irlande du nord) et le gouvernement britannique « pour faire face aux problèmes auxquels nous sommes confrontés ensemble sur l’île. »
Il a déclaré qu’il avait été très marqué par les idées de Seamus Mallon, ancien leader du SDLP aujourd’hui décédé qui parlait de vivre aux côtés de voisins de tradition unioniste dont la famille était là depuis 400 ans, et qui déclarait « il est grand temps que nous apprenions à partager cette terre ».
« Je pense que nous avons encore un peu de chemin à parcourir avant d’y parvenir », a ajouté M. Martin.
Ce dernier a déclaré que les récentes mesures prises par le gouvernement britannique pour reporter l’action sur le protocole d’Irlande du Nord, provoquant une action en justice de l’UE, ont exacerbé « l’incertitude et l’instabilité ; deux choses dont l’Irlande du Nord peut très bien se passer. Une action unilatérale visant à désapprouver ou à ne pas mettre en œuvre certains aspects du protocole ne fait rien d’autre que de corroder la confiance, seule base sur laquelle des solutions durables à long terme peuvent être trouvées. »
L’Union européenne a engagé une action en justice contre le Royaume-Uni pour contester sa décision unilatérale de modifier les termes du protocole. Le gouvernement britannique a unilatéralement prolongé jusqu’en octobre certaines périodes de grâce de la réglementation allégée sur les marchandises arrivant en Irlande du Nord en provenance de Grande-Bretagne, qui devaient prendre fin ce mois-ci. Cette décision intervient alors que le parti unioniste d’Ulster (DUP) a également déposé un recours judiciaire contre le protocole.
M. Martin a appelé le Royaume-Uni, l’Irlande et l’UE à travailler de manière constructive avec l’administration américaine, affirmant que tous avaient des valeurs et des perspectives communes. Tout en notant que la Grande-Bretagne a le droit de signer un accord commercial avec les États-Unis, « il est évident que nous voulons que le Royaume-Uni travaille avec l’Union européenne pour sauvegarder et étayer l’accord de retrait et l’accord commercial de Brexit qui a été conclu avec l’Union européenne — notamment en ce qui concerne son application à l’île d’Irlande et à l’Irlande du Nord », a-t-il déclaré.
La Maison-Blanche a réitéré le soutien du président Biden à l’accord du Vendredi Saint, à la lumière des récentes tensions entre Londres et Bruxelles au sujet du protocole. Interrogée sur la nouvelle selon laquelle l’UE avait lancé une action en justice contre le Royaume-Uni au sujet du Brexit, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a déclaré :
» Nous continuons à encourager l’Union européenne et le gouvernement britannique à donner la priorité à des solutions pragmatiques pour sauvegarder et faire progresser la paix durement gagnée en Irlande du Nord. Le président Biden a soutenu sans équivoque l’accord du Vendredi Saint. Cet accord a été le socle de la paix, de la stabilité et de la prospérité pour tous les habitants d’Irlande du Nord. Nous nous félicitons également de la coopération entre nos homologues britanniques et irlandais sur le protocole nord-irlandais. »
Le Premier ministre d’Irlande tiendra une réunion virtuelle avec son homologue américain à Washington DC ce mercredi. Cette réunion permettra à M. Martin de remercier le président Biden pour le soutien continu des États-Unis à l’accord du Vendredi saint. Les discussions devraient également porter sur la lutte contre le Covid-19 et la relance, ainsi que sur les défis mondiaux communs, notamment le changement climatique. Le Premier ministre rencontrera également la vice-présidente Kamala Harris ainsi que la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.
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