Les élections départementales et régionales devraient finalement avoir lieu en juin 2021 – à moins qu’une nouvelle dégradation épidémique permette au gouvernement, dont le parti LREM n’est pas le mieux placé pour ce scrutin, de les déplacer à 2022, de préférence après les présidentielles pour bénéficier de l’état de grâce. Le RN dégaine le premier, en présentant ses candidats sur le second canton de St Nazaire – des Chantiers au village de Besné, celui du socialiste Philippe Grosvalet, président du conseil général de Loire-Atlantique.
Pour le RN ce canton qui englobe l’est de Saint-Nazaire et les communes de Besné, Donges, Montoir-de-Bretagne, Saint-Malo de Guersac et Trignac est aussi celui où il réalise les meilleurs scores du département – il englobe toute la banlieue ouvrière de Saint-Nazaire et ses derniers quartiers qui résistent à la gentrification.
Le record semblait avoir été atteint en 2015 lors de la précédente départementale, avec la qualification au second tour dans ce canton de Lydia Poirier et, surtout, Jean-Claude Blanchard, figure emblématique du déport du vote ouvrier vers le FN (le candidat ayant lui-même été ouvrier naval). Score final impressionnant : 32 %. Depuis, le parti frontiste est toujours resté localement à de hauts niveaux. C’est particulièrement le cas à Donges et Montoir, avec jusqu’à 39 % au second tour de l’élection présidentielle de 2017.
À Saint-Nazaire même, où le FN jouissait initialement de trois élus, la situation a quelque peu changé depuis, après l’exclusion de Jean-Claude Blanchard du mouvement – pour son soutien à un groupe régional dissident du FN – et, surtout, le score modeste (7,1 %) de Gauthier Bouchet à l’élection municipale et son élimination. De fait, il n’y a plus d’élu RN depuis près d’un an au conseil municipal.
Remis en selle, Gauthier Bouchet, également délégué départemental adjoint du RN, aspire à faire le meilleur résultat face à son probable adversaire socialiste, Philippe Grosvalet. En conférence de presse de présentation de leur candidature, ce mardi, tandis que sa cotitulaire, Nicole Pétrel, adhérente FN depuis 2012, a avancé son « ras-le-bol face au manque de services publics dans les campagnes : médecins, agences postales, transports… », l’ancien élu nazairien a davantage mis en avant les thèmes plus classiques du vote pour Marine Le Pen.
Si le Département n’a aucune prérogative en termes de contrôle de l’immigration, il n’en reste pas moins que, selon Gauthier Bouchet, il joue actuellement un rôle dans le soutien aux politiques migratoires nationales. L’ex-élu met en particulier à l’index l’aide exceptionnelle de 250 000 euros accordée par le conseil départemental à l’ONG pro-migrants SOS Méditerranée : « une véritable honte » qu’il compare avec une aide précédente de la Mairie de Saint-Nazaire, à hauteur de 60 000 euros, au sujet de laquelle il rappelle qu’il « a déposé un recours devant le tribunal administratif, en décembre ».
Le discours musclé sur l’argent public dilapidé et le soutien aux migrants – auquel s’ajoute une dénonciation de l’aide aux mineurs non accompagnés : « trois milliards par an, soit trois milliards de trop », avance Gauthier Bouchet – suffira-t-il à mobiliser les électeurs ?
Rien n’est moins sûr, tant au vu de l’abstention lors du scrutin municipal que du peu d’intérêt, pour l’instant, concernant les futures élections départementales et régionales, prévues le même jour. Le binôme RN doit en tout en cas ambitionner d’être au moins deuxième à l’issue du premier tour s’il veut espérer être au second, une triangulaire étant peu probable.
Louis Moulin
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