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L’explosion démographique du tiers-monde est le fait historique majeur de la seconde moitié du XXe siècle, quoiqu’il ne soit inscrit dans aucun livre d’histoire, faute d’un événement capable de le matérialiser, au moins symboliquement. Cette explosion a donné trois enfants : une Afrique à la démographie gigantesque, pouvant submerger les continents et subcontinents voisins ; une Chine à la démographie stagnante mais à la masse critique colossale, orientée vers la techno-dictature et en phase d’ascendance géostratégique via les puissances militaire et financière ; et l’Inde, à mi-chemin entre les deux. Ces populations ont désormais des désirs de consommation occidentaux, avec les besoins que cela implique. Deux problèmes : la nourriture et l’énergie.
L’énergie est désormais le principal problème. L’économie mondiale capitalisée base sa stabilité sur la croissance, elle-même dopée par la production de masse, elle-même nécessitant l’obsolescence programmée comme moteur. Dans cette logique de course en avant, l’énergie est absolument cruciale. L’électricité est l’énergie la plus intéressante sur un plan physique, parce que son taux d’efficacité est particulièrement élevé, parce qu’on maîtrise sa conduite, et parce qu’elle est stockable au moyen de batteries. Son flux est adaptable pour faire fonctionner du matériel électronique, des machines-outils d’usine, des véhicules, etc. Et puisque tout se dématérialise, il faut une quantité d’électricité phénoménale pour le monde entier : chaque mail stocké consomme de l’électricité pour rester dans son serveur, par exemple.
Alors comment en produit-on suffisamment ? Pour l’instant, l’électricité est produite en majorité dans le monde par des centrales thermiques, à gaz ou à charbon, violemment polluantes. Par exemple, lors de la dernière journée sans voiture à Paris, la pollution n’a pas baissé d’un gramme, à cause du vent venant d’Allemagne. Alors comment en produit-on suffisamment sans polluer irrémédiablement notre planète déjà en mauvais état ? Il y a plusieurs options. La première, consiste à faire une transition vers des énergies dites « renouvelables », c’est-à-dire utilisant des forces naturelles inépuisables : le vent, l’eau de montagne, le soleil, etc. Une solution théoriquement intéressante, mais la réalité calme les ardeurs : il faut une quantité d’énergie et de matières rares gigantesque et une pollution effrayante pour produire des panneaux solaires qu’on ne sait pas recycler, et qui ont un rendement médiocre ; les éoliennes terrestres et marines sont laides, et leurs 1 500 tonnes de béton armé qui vibrent au gré du vent massacrent les écosystèmes, pour un rendement ridicule ; et les sites à barrage sont rares. Pas d’avenir réel ici pour l’instant.
Puisqu’en France on n’a pas de pétrole mais des idées, le choix du nucléaire s’est fait naturellement. C’est une méthode qui nécessite d’excellents ingénieurs, mais qui assure une production d’énergie phénoménale, sans rejet de CO2, et extrêmement peu chère. Certes, il y a des inconvénients, comme la dangerosité de la matière première : mais un pays développé est capable de gérer de manière sécurisée ces difficultés, comme le prouve l’exemple de Fukushima, développé sur cette page. D’autre part, la maîtrise de cette énergie et les découvertes qui sont faites au cours du développement de nouveaux réacteurs, permettent d’accompagner l’utilisation militaire de l’atome, pour permettre la dissuasion nucléaire, mais aussi pour donner une autonomie énergétique à nos sous-marins et porte-avions, qui sont les deux plus grands atouts stratégiques d’un pays dans le paradigme militaire contemporain.
Dès lors, les pays qui ont cet atout dans leur manche ont une longueur d’avance dans la bataille qu’est la mondialisation. Saborder cet atout serait un suicide stratégique inexplicable si on a une hauteur de vue stratégique à plus d’un ou deux quinquennats. Or, c’est peu ou prou ce que propose une partie de la gauche « écologiste », pour des raisons essentiellement idéologiques dans la mesure où l’énergie atomique est liée dans leur esprit à la bombe, c’est-à-dire la manifestation d’une volonté de puissance, chose dogmatiquement mauvaise dans leur esprit.
Tant que la France fait le choix du nucléaire et choie ses ingénieurs, elle se donne la capacité d’être autonome en énergie, et de rendre dépendants à son électricité d’autres pays. Choisir d’abandonner le nucléaire est un suicide. Les pulsions morbides des progressistes issues de la haine de soi sont déjà à l’œuvre. Ils peuvent disparaître si ça leur chante, mais il va falloir qu’ils acceptent une chose : nous sommes vivants et désireux de le rester. Bon gré mal gré. •
Benoît Busonier
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