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Emmanuel Macron s’est fait élire de manière mathématique : il a triangulé l’opinion la plus rentable électoralement, avec l’emballage marketing le plus vendeur, au bon moment. Mais cette science objectivement maîtrisée des batailles, n’est pas la science des guerres : il est bel et bien beau d’arriver au pouvoir, mais encore faut-il savoir qu’en faire. Or, comme Hollande en son temps, Emmanuel Macron n’a guère d’idées et encore moins de vision. Son mentor avait tout de même quelques lois sociétales à faire passer, pour donner l’illusion qu’il accomplissait un tant soi peu quelque chose. Mais il est bien difficile pour Emmanuel Macron d’utiliser le même levier : parce que d’une part, les revendications progressistes sont allées trop loin pour que l’opinion suivre, d’une part, et que l’électorat bourgeois qui lui est stratégique, a une aile droite consistante hostile à ces sujets.
L’exécutif tente donc de communiquer à défaut de gouverner. À défaut d’être brillant, c’est indéniablement productif. Et la jeunesse n’est pas la seule cible. Certes, elle est une cible privilégiée : comme aux Etats-Unis, le pouvoir sent que cette catégorie sociale abrutie par une éduction médiocre, son manque de culture, l’abreuvage permanent de la sous-culture des réseaux sociaux, des flux de Netflix et Youtube, est manipulable à merci. Le capital excite ces enfants déracinés devenu éternels adolescents, pour des cause absurdes et malhonnêtes, type #BlackLivesMatters, pour consommer toujours plus. L’embrigadement permet de soigner les manques pathologies de communauté et de liens, chez ces Narcisses que sont nos contemporains, comme l’avait démontré Christopher Lasch. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a par exemple lancé une émission titrée «#SansFiltre. Le principe : répondre en direct sur Twitch, une plate-forme internet qui diffuse de la vidéo en temps-réel, aux question de stars des adolescents. Parmi eux, des influenceurs spécialisés dans les produits cosmétiques, des amuseurs de galerie comme MacFly et Carlito (voir page 3), des joueurs de jeux-vidéos, etc. Le populisme 2.0 en somme.
Mais attention : la stratégie de la communication grossière est multiciblée. Les jeunes sont sur internet ? Les plus âges sont reqstés sur les télévisions ? Alors autant y aller. Les membres du gouvernement les moins respectueux d’eux-même vont régulièrement sur les plateaux des pires émissions de divertissement. Parmi elles, Touche pas mon poste et Balance ton poste, les émissions du trublion Cyril Hanouna, connu pour ses outrances abjectes. Le gouvernement argue que c’est faire preuve dfe respect envers son peuple que d’aller parler aux endroits où il se trouve. Mais est-ce tellement respectueux des pauvres et des classes moyennes, que d’aller dans des émissions médiocres qui rabaissent la fonction présidentielle, et par là la fierté nationale, et donc in-fine la fierté des petites gens ? La posture « jupitérienne » voulue par Emmanuel Macron, c’est à dire économie de parole et mesure, est abandonnée. Preuve qu’il ne s’agissait pas d’une ligne de conduite liée à une conviction et une vision du monde et de la fonction, mais uniquement un bon mot qui a gagné quelques pourcents de voix, ou quelques semaines de répit communicationnel.
Comparaison n’est aps nécessairement raison, mais objectivement la communication de ce gouvernement s’apparente de plus en plus à de la propagande. Récemment, des slogans d’ordre politique ont été affichés sur les panneaux d’autotoutes. Vinci autoroute est évidemment organisme privé, mais son importance stratégique d’intérêt national fait que le ministère des transports a un certain droit de regard dans ses affaires. Afficher des messages de prévention au sujet du Covid sur ses panneaux, pourquoi pas. Mais de là à afficher les slogans de l’Élysée ? Il y a comme un parfum d’URSS.
C’est là que le bât blesse, et qu’un malaise commence à poindre. Le fait que la communication présidentielle, éminemment politique, soit diffusée en tapinois, mais de manière omniprésente, par des personnes morales ou physiques privées. La frontière entre communication et propagande tend à se restreindre.
Benoît Busonier